Éloigne-toi de moi- Sam Hyde [+18]

Au manoir...

Énervé est un faible mot pour décrire l'état d'esprit dans lequel je suis en arrivant au manoir. En plus de me désobéir en quittant la propriété sans moi, il avait réussi à se faire mordre par un foutu dégénéré. Et non content de ne pas s'excuser pour son attitude, il ose être en colère et partir vers l'étage sans dire un mot. Poussé par la colère, je le suis mécaniquement en silence. S'il veut jouer à ce jeu-là, il va perdre. Je me cale dans l'embrasure de la porte, statique. Je le fixe pendant qu'il se nettoie et panse ses plaies. La vision de ses petits trous m’écœurent au plus au point, mais j'essaye de ne pas le laisser paraître. Je reste muet comme une tombe, le scrutant, bouillonnant de rage et de dégoût. Et il fallait qu'il ouvre la bouche pour autre chose que s'excuser de son comportement. Non, il devait me pousser hors de mes gonds avec sa comparaison. Je le voyais dans ses yeux, il cherchait juste à toucher là où ça faisait mal, et y parvenait superbement, mais je ne lui ferai pas le plaisir de le montrer. Moi, perdre ? Oh que non, ça serait sa reddition ou rien.

Je restais donc impassible, planté au milieu de l'encadrement de la porte, l'emprisonnant par la même dans la salle de bain. Et je ne bougeais pas non plus d'un pouce lorsqu'il m'ordonna de sortir du passage. Comme si j'allais accéder à sa "requête" alors que lui avait été incapable de m'obéir pour une fois, pour sa propre sécurité. Non, il fallait que monsieur me contredise, n'en fasse qu'à sa tête, mette sa vie en danger. Il me fait payer à moi pour sa propre connerie alors que c'était à moi d'être en colère. D'être fou de rage, même. Il aurait dû être à mes pieds, me suppliant de le pardonner de sa bêtise, qu'il avait compris pourquoi je lui avais interdit de sortir seul et qu'il ne le ferait plus. Au lieu de ça, j'avais le droit à une énième rébellion de pacotille.

Cependant, ses mots allaient bien rapidement dépasser ce que j'étais prêt à accepter. Non que j'étais déjà ravi de son attitude jusque là. Il ne voulait pas de ma compagnie ? Ne plus avoir affaire à moi ? Du tout ? C'était la phrase de trop, celle qu'il n'aurait jamais dû dire car ce n'était plus la colère qui m'animait, c'était un vecteur bien plus puissant, la déception et la peine. Je me forçais à ne rien montrer néanmoins et m'approchais lentement de lui, laissant une barrière d'air plus que mince entre nous. Hors de question de le toucher après ce qu'il venait de dire anyway. Je fixais un instant mon regard dans le sien pour capter son attention et sortit d'une voix qui se voulait calme et posée: "Si c'est ce que tu veux, je vais te laisser. Pour aujourd'hui... Voire plus." Je fis mine de faire demi-tour et me ravisa au dernier moment et ajouta: "Tu devrais en profiter pour prendre une douche, tu empestes le dégénéré... Et si j'avais voulu te bouffer, comme tu dis, tu ne t'en serais pas aussi bien tiré qu'avec l'autre."

Sur ce, je partis aussi vite que je le pus m'enfermer dans mon bureau, autant pour le fuir que par peur de retourner le voir. Je ne comprenais cependant pas pourquoi j'avais rajouté ça, j'avais pourtant si bien réussi à ne pas montrer qu'il avait tapé dans le mille avec sa remarque... Raaah, il m'énervait...

Au manoir...

Je me retrouvais comme un imbécile dans mon bureau, avec pour seule compagnie, ma tristesse. Cependant, bien vite, la colère reprit le dessus sur le reste. J'étais aveuglée par la rage. Cette dernière se décuplait au tapage que Siobhan faisait à l'autre bout du manoir. De quel droit se permettait-il ? De tout casser dans ma maison, de me traiter comme ça, moi, Sam Hyde ? Je ne pouvais l'accepter. Il ne valait mieux pas que nous nous croisions effectivement où je risquais de m'emporter et de dire -ou pire, de faire- quelque chose dont je n'avais pas l'intention.

Je m'arrêtais de faire les cent pas, positionnais ma veste sur le dossier de mon fauteuil Louis XV et m'assis sur ce dernier. Je remontais avec attention les manches de ma chemise pour canaliser ma colère. Sans grand succès. J'ouvris le dossier sur mon bureau, une affaire compliquée qui me prenait la tête en ce moment. Si j'adorais punir et infliger des sentences, la partie paperasse de mon travail me courrait sur le haricot. Cependant, je n'arrivais pas à me concentrer, les mots alignaient devant moi n'avait ni queue ni tête. Mes pensées dérivèrent -trop- vite vers ma principale source de préoccupation depuis quelques temps maintenant -fait qui m'agaçait au plus haut point, en passant- : Siobhan. Ses mots passaient en boucle dans mon esprit. Me comparer à un dégénéré ? Vraiment ? Certes, nous avions eu des débuts difficiles mais je m'étais comporté comme un prince avec lui depuis son retour...

J'étais tellement absorbé par mes pensées que j'en vins presque à sursauter quand la porte s'ouvrit. Cela me déplut, je n'avais pas l'habitude de me laisser distraire ainsi, c'est une faiblesse que j'avais rapidement apprise à annihiler de ma façon de vivre. Je n'avais cependant pas besoin de lever les yeux pour savoir qui c'était. Il n'y avait qu'une personne dans ce manoir qui oserait me défier en rentrant dans mon antre sans mon approbation; le majordome savait à quoi s'en tenir. De toute façon, les effluves de savon couvraient avec difficulté celui de son sang souillé. Que faisait-il là ? Me narguer encore ? N'en avait-il pas eu assez ? Je lui avais pourtant donné l'espace qu'il avait demandé avec tant de véhémence.  

Je ne réagis pas à ses propos. Bien sûr que j'avais raison mais un animal de compagnie ? Vraiment ? C'est comme ça qu'il pensait que je le considérais ? J'essayais toujours de comprendre pourquoi quand une vague de chaleur m'envahit. Je me mis alors à en fixer la source : la main de Siobhan sur la mienne. Non, c'était trop facile, je ne pouvais pas passer l'éponge comme ça. Une simple caresse et des excuses qui... s'étaient trop rapidement transformées en accusation. Je pensais halluciner. Il revenait vers moi, tout mielleux après m'avoir traité comme le pire des monstres, sous couvert de se faire pardonner et, finalement, il en profitait pour me faire des reproches.

Cela en était trop pour moi. Il avait le don pour me faire sortir de mes gonds et cette fois ne dérogeait pas aux précédentes. La seconde d'après, son corps était bloqué entre le mien et la bibliothèque mural. Je n'avais pas pris de gant, aveuglé par la haine. "Comment oses-tu ? Je te concède qu'aux débuts, je méritais tes insultes mais maintenant ? Depuis ton retour, je fais plus pour toi que je n'en ai jamais fait pour personne, même pour moi-même. Et quand je te demande de m'attendre à la maison, pour ta propre sécurité qui plus est, pendant que je travaille - parce que oui, je travaille ! - tu n'en fais encore qu'à ta tête !"

Je m'éloignais de lui, réinstaurant une distance de sécurité entre nous, autant pour lui que pour ma santé mentale. "Merde ! - m'exclamais-je en tapant dans le premier truc qui me passait sous les mains, une lampe vraisemblablement. Je t'ai donné le choix, tu as choisi d'être ici et tu me considères toujours comme un monstre ! T'ai-je pourtant une seule fois touché sans que tu n'en aies eu envie depuis ton retour ? " questionnais-je péniblement dans un murmure, la tête baissée, dos à lui.

Au manoir...

Contre la bibliothèque, son corps éveillait en moi une chaleur que je ne voulais pas ressentir pour le moment car elle menaçait de faire retomber ma colère. Et ça ne pouvait pas se passer comme cela. Il était aller trop loin à mon goût. Heureusement, son odeur, qui me déstabilisait tant auparavant, me permettait alors de reprendre mes esprits. J'ignorais sa première question, la réponse étant évidente à mes yeux. Je restais impassible à son soupir, attendant la suite. “A ton avis, pourquoi j’ai atterris sur cette île?” "Je ne sais guère, par stupidité, certainement" répondis-je du tac au tac, dédaigneux. Il ne pouvait même pas attendre quelques heures ? Ce n'est pas comme s'il manquait de choses à voir et à faire dans le manoir. Ma colère ne faisait que croître et décidait donc de m'éloigner pour la canalisait sur... Une lampe.Fuck... Au moins, ce n'était pas Siobhan qui avait pris... même si ça me tentait beaucoup, vu qu'il ne semblait pas avoir intégré la leçon donné par sa rencontre avec le dégénéré.

J'écoutais sa tirade sans pouvoir m'empêcher de faire des mimiques de dégoût. De dos, anyway, il ne pouvait pas voir ce que ses mots faisaient sur moi. Je gardais fermement cette position lorsque je l'entendis, devinais-je, glisser au sol. Sa vue risquerait de m'attendrir, au contraire de ses paroles. "c'est trop demandé?" "Oui c'est trop demandé ! Surtout quand j'ai tout laissé tomber plusieurs jours pour te retrouver et te faire sortir de ce bar à tapins... Mais tu semblais t'y plaire plus qu'ici alors tu devrais peut-être y retourner, puisque tu te sens si captif !" ne pus-je m'empêcher de rétorquer vindicativement.

"Je t'ai proposé de partir chacun de notre côté, même de tout te payer pour que tu sois bien, tu aurais pu faire ce que tu veux. Maintenant, tu es sous mon toit alors tu suis mes règles! You have a reason to think i'm a monster now." sortis-je dans ma langue natale sans m'en rendre compte, me laissant porter par ma rage. Mon corps tout entier était contrôlé par la colère que je ressentais. Envers Siobhan, envers ce foutu dégénéré, envers la terre entière. Mais surtout envers moi-même. Et cette haine semblait paralyser mes fonctions cérébrales. Il venait d'avouer vouloir passer plus de temps avec moi et je le poussais à s'éloigner. Peu m'importait sur le moment et ce n'était pas comme si je le méritais anyway.

OUI: Je m'étais promis de ne plus devenir celui que j'étais en ce moment-même. J'avais honte de mon comportement. Il fallait que je me ressaisisse. Je traversais le restant de a pièce et m'appuyais à la bibliothèque en face de celle où se situait Siobhan. Je me sentais à bout de souffle, épuisé... Vidé de me battre contre lui et son foutu désir de me glisser entre les doigts. Je finis par me laisser glisser à mon tour contre le meuble, faisant finalement face à Siobhan, quelques mètres nous séparant néanmoins. Je le fixais, las. "On ne peut pas continuer comme ça..."


NON: Mes tempes pulseraient de rage en cet instant si le sang coulait dans mes veines. Cette colère, c'était ma vieille ennemie, celle qui faisait de moi le monstre que j'avais décidé de ne plus être. Il fallait que je l'évacue avant de commettre l'irréparable. Si Siobhan pensait avoir vu le pire de moi dans nos débuts, il se trompait lourdement. J'étais un monstre. Je l'avais toujours été... Depuis que mes parents m'avaient abandonné chez mon oncle en tout cas.

Au manoir...

"Dans ce cas-là, pourquoi tu t'encombres du pauvre humain stupide que je suis… pourquoi te compliquer l'existence ?" La réponse me paraissait évidente et il me semblait l'avoir assez prouvé comme cela... par mes actions et mon comportement en tout cas; je n'étais pas réellement du genre à dire ce que je ressentais. Et ça n'allait pas changer tout de suite, je répondis alors de manière mi-sarcastique mi-dédaigneuse: "Juste pour avoir une poche de sang à porter de main, comme tu le dis si bien.

Je finis par me retrouver dans la même position que Siobhan mais de l'autre côté de la pièce. J'avais beau reflué ma colère pour le moment, rien n'était moins sûr que son retour inopinée, surtout quand il s'agissait d'une discussion avec Siobhan, ou de lui en général. Comme prévu... toujours la même litanie. Je l'écoutais déblatérer ses accusations, ses reproches. Il n'avait pas tout à fait tord au fond, mais je n'étais pas prêt de l'avouer. Qu'il n'arrivât pas à me suivre d'un autre côté... Pourquoi ne comprenait-il pas ? Pourquoi ne voyait-il pas ?

Je grimaçais alors qu'il énonçait ce qu'il avait subi pendant qu'il était sous ma responsabilité... Il avait raison, j'avais manqué de prudence, on ne m'y reprendrait plus... S'il arrivait quoique ce soit d'autre à Siobhan par ma faute, je ne pourrais jamais me le pardonner. Peut-être que je devrais... Non, hors de question. Il me reproche déjà de se sentir captif en ce moment. Zéro, ce traître... S'il n'était pas protégé par un roi de je en sais quel foutu pays... Quant à Oksana et Milo, je finirai par les coincer ! Le dégénéré n'a pas eu la même chance qu'eux... ajoutais-je avec un sourire carnassier en coin. Cela faisait un bien fou de fracasser un vampire. Il avait eu ce qu'il méritait.

"Personne ne rêve de cela... échappais-je, tentant de ne pas me laisser submerger par le passé. Se concentrer sur Siobhan pour ne pas repartir en vrille. J'étais admiratif du contrôle qu'il semblait tenter de garder au vu de ses mains qui tremblaient. C'était plus fort que moi, j'avais irrésistiblement envie d'aller vers lui, de le prendre dans mes bras et de ne plus jamais le lâcher. Cependant, je n'étais pas sûr que cela soit ce qu'il voulait alors je ne bougeais pas, me contentant d'essayer de calmer le jeu. " Qu'est ce que tu veux que je fasse…" Bonne question. J'essayais de trouver les bons mots sans trop me dévoiler, mais ce n'était pas si évident... Je le vis alors fixer sa morsure. Venant d'un dégénéré, cela devait être douloureux...

Sans m'en rendre compte, je m'étais transporté à côté de lui, son avant-bras dans la main. J'étais déjà en train de défaire son bandage quand je me repris et demandais pour la forme: "Me permets-tu ?" Comme si j'allais lui laisser le choix de toute manière, je n'allais pas le laisser souffrir. Je finis par défaire le pansement et grimaçais à la vue des morsures présentes sur le poignet de Siobhan. "Cela me rend malade qu'ils t'aient touché... Zéro, Milo et ses dégueulasses de clients, le dégénéré... dis-je avec véhémence, cherchant à capter son regard. J'aimerais que tu essayes de comprendre pourquoi je suis venu te chercher... En laissant de côté le fait que je sois un vampire. Enfin, après ce que je m'apprête à faire."ajoutais-je finalement en glissant mon regard vers son poignet que je tenais toujours fermement.

Je pris un moment pour me motiver, je savais que son sang, à l'état actuel, allait être infecte. Il ne le savait pas et ça pourrait peut-être confirmer ses idées sur pourquoi je le voulais ici... Mais je devais le faire et j'espère qu'il comprendrait de lui-même. "Désolé..." murmurais-je avant de planter le plus doucement possible mes crocs dans la chaire tendre de son poignet. J'avalais péniblement, le liquide pâteux semblant couler avec difficulté. Mes yeux finirent par remonter vers le visage de Siobhan; j'avais peur d'y lire ce qu'il s'évertuait à répéter depuis le début de notre joute verbale: j'étais un monstre.  

Au manoir...

La fameuse curiosité de Siobhan. Poser des questions qui n'ont aucun intérêt dans le contexte de la discussion. Mais soit, si cela pouvait être une preuve de bonne fois..."Rois, empereurs, peu importe le nom... Il y a au moins un dirigeant par pays ou état." Néanmoins, Siobhan sembla vite comprendre que ce n'était pas le sujet de la conversation et revint à nos moutons. "Dois-je rester cloîtré sous peine d'en croiser un autre?"Je soupirais. "Au moins pendant que je suis au palais ?" proposais-je, doutant qu'il acceptât. Je préférais peut-être quand il s'intéressait au système vampirique finalement...

Son regard attira mon attention sur sa blessure au poignet. Emporté par ma colère, j'avais complètement oublié sa raison et le fait qu'une morsure de dégénéré, souvent inconscient de ce qu'il faisait, pouvait être dangereuse pour l'humain. Puis il semblait souffrir, raison de plus de s'inquiéter. Sans réellement m'en rendre compte, j'étais à côté de lui, son avant-bras dans la main, me confiant sur mon ressenti par rapport aux derniers événements. "Il n'y a pas eu tant de monde…" "C'est toujours trop, t'es à moi. glissais-je avant de changer de sujet, m’épanchant un peu trop à mon goût. Il valait mieux revenir sur le carnage réalisé par le dégénéré.

Il avait raison de s'inquiéter. Ma salive avait beau être anesthésiante, il allait certainement douiller. Pour toute réponse, je m'excusais et m'attelais à la tâche. Il fallait que je purifie son sang, aussi difficile fût-il pour chacun d'entre nous. J'avais eu peur qu'il me prît pour un monstre, de me voir ainsi, en train de le mordre, toutes canines dehors, mais lorsque je levai les yeux vers son visage, je fus rassurer. Enfin, concernant ce qu'il pensait de moi. Je ne lisais ni dégoût ni haine. Cependant, il ne pouvait cacher sa douleur et l'avoua. Je me sentais coupable de lui faire du mal ainsi mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas prendre le risque. J'aspirais plus goulûment pour toute réponse, tentant d'accélérer le processus afin de terminer au plus tôt. Peu m'importait d'avaler cette mixture infecte, il fallait juste que la douleur quittât ses traits.

Je sus que j'atteignis mon but quand son véritable sang explosa dans ma bouche, puis dans mon corps entier... A l'odeur, j'avais su dès le début que son sang serait incroyable. Heureusement, le dégoût du précédent me permit de m'extraire de son avant-bras. Mécaniquement, j'en léchais les petits trous pour les refermer, tentant d'oublier le goût délicat qui se mélangeait à l'autre. Cependant, le premier dominait au vu de la quantité, me retournant l'estomac. Mon attention fut détourner lorsque Siobhan déposa un baiser sur ma joue. Je relevais prestement mon regard vers lui, surpris. Il n'était pas le seul à avoir dû mal à cerner l'autre. La sensation brûlante de ses lèvres sur ma peau me rendait fou, je voulais plus et je n'étais même pas certain qu'il se rendait compte de l'effet qu'il avait sur moi.

J'étais sur le point d'ouvrir la bouche, de dire quelque chose, n'importe quoi, quitte à me ridiculiser mais mon corps rejeta le sang corrompu de Siobhan. Je me relevais tant bien que mal et me dirigeais le plus rapidement possible vers la salle de bain la plus proche. A peine arrivé, je tombais à genoux devant les toilettes et recrachais tout le liquide visqueux qui m’empoisonnait. Il fallait dire que j'étais devenu méticuleux avec le temps concernant le peu de sang que j'ingérais, par rapport aux autres vampires. Mais Siobhan allait mieux alors peu m'importait d'en passer par là, je m'en remettrais, lui, peut-être qu'il n'aurait pas pu.  

Au manoir...

J'aurais dû me douter que Siobhan allait me suivre et, au moins, verrouiller la porte derrière moi. Je n'étais pas le seul à coller au talon, apparemment. Et, en quelque sorte, cela me rassurait alors que je finissais de me vider dans les toilettes. C'était la première fois que cela m'arrivait pour être franc et je détestais qu'il ne me vît dans cette position de faiblesse. Comment pouvait-il penser que j'étais en mesure de le protéger si j'en étais réduit à cet état par un tout petit peu de sang ? Sang corrompu et immonde, mais sang tout de même. Je finissais de me purger avant de m'adosser contre le pied en marbre. Il allait falloir que je me nourrisse véritablement pour reprendre des forces.

"Normalement, si." répondis-je laconiquement. Je ne savais trop pourquoi ni comment cela était possible, mais je ne pouvais pas y changer grand chose. Je l'observais depuis ma position, pas très sûr de mon état à cette heure-ci. Il était vraiment trop attendrissant quand il était nerveux, il m'atteignais bien trop facilement et c'était dangereux. "Ton véritable sang est une pure merveille, pour ce que j'en ai goûté à la fin de... Celui-ci dis-je en désignant négligemment la cuvette derrière moi de la main, ce n'est pas ton sang." finis-je avec une grimace d’écœurement.

Pourquoi me torturait-il ainsi ? Le baiser l'instant précédent et maintenant, le voilà qu'il se mordait la lèvre. Mon regard envieux se fixa sur sa bouche charnue. Il me rendait fou sans même le savoir. J'étais tellement obnubilé par mon désir de lui que je failli occulter la serviette que Siobhan me tendait. "Merci" murmurais-je, en m'en saisissant, honteux qu'il me vit ainsi. "Oui, ne t'inquiète pas, cela va déjà beaucoup mieux." essayant de le rassurer. J'avais besoin de sang pur mais je ne pouvais pas lui demander cela... Si ? Je ne voulais pas qu'il se sentît encore plus comme mon esclave mais... Il semblait vouloir m'aider.

"Est-ce que... Tu... J'aurais besoin de sang." bredouillais-je, mal à l'aise. Me rendant compte que mes mots pouvaient être mal interprétés, j'ajoutais rapidement: "Il y a des poches dans le réfrigérateur de mon bureau. Tu voudrais bien...?" Je n'osais même pas finir ma question, je me sentais déplorable. Mon regard se perdit sur la faïence, j'étais incapable de le regarder en face après avoir demandé une telle chose. Malgré ce qu'il pouvait penser, il valait bien plus que cela à mes yeux.

Au manoir...

Je me sentais bien mieux depuis que je m'étais vidé du sang toxique qu'il y avait dan les veines de Siobhan à cause de son agression. Néanmoins, je savais que j'avais besoin de me nourrir pour récupérer la pleine totalité de mes forces. Je ne pouvais pas lui demander le sien, entre le fait qu'il avait déjà perdu du sang aujourd'hui et le fait qu'il nous voyait, moi et les autres vampires, comme de sales buveurs de sang... Même si ce n'était pas l'envie qui me manquait. Au lieu de cela, je lui demandais d'aller me chercher une poche de sang dans le bureau, détournant le regard, mal à l'aise.

Je relevais la tête à sa question. Pourquoi semblait-il.. déçu ? "Tu as déjà perdu assez de sang aujourd'hui..." Cependant, le fait qu'il m'y autorisât me troublait au plus haut point, je ne pouvais le nier. Rien que d'y penser, mes crocs menaçaient de sortir. Je le fixais, incertain. Il n'avais vraiment pas conscience du pouvoir qu'il avait sur moi, j'en étais dorénavant sûr. Puis, dire une chose pareille à un vampire... Un vampire qui avait soif de sang qui plus est. Shit, j'étais à deux doigts de lui sauter dessus. Est-ce qu'il me testait ? N'importe quel autre de mes congénères se serait sûrement déjà jeté sur son cou vibrant de vie. Je ne bougeais pas car je ne comprenais pas pourquoi...

Jusqu'à ce que je vis le changement de son expression corporelle. J'étais misérable et il était rempli de désir. C'était de pire en pire. Il me torturait. Et lorsqu'il combla la distance entre nous, je savais que j'étais perdu. Je lui laissais à peine le temps de formuler sa requête avant de l'attirer contre moi, une main sur sa nuque, l'autre sur sa hanche. Mes lèvres se joignirent aux siennes avec ardeur, entamant un ballet qu'elles-seules connaissaient. Ma langue forcit le passage et chercha celle de Siobhan. Ma main continuait de presser sa nuque, de peur qu'il s'échappât, qu'il ne disparût. J'avais tellement envie de lui, ma queue bandée tirait le tissu de mon pantalon.

"Merde, Siobhan... soupirais-je. Pas comme ça..." plaçais-je entre deux baisers. Sans m'arrêter de titiller sa langue de la mienne, je rassemblais mes forces pour me remettre debout, le portant par la même occasion, mes mains s'étant déplacées sous ses cuisses pour faciliter le mouvement. En un clignement d’œil, je nous transportais dans ma chambre et nous allongea sur le lit. Je l'avais enfin retrouvé, je ne voulais plus m'écarter de lui, de sa peau, une seule seconde. D'avides, mes baisers se firent doux et tendres. Mes mains se mirent à explorer Siobhan lentement. Néanmoins, à l'intérieur, je bouillonnais de désir. Je voulais plus, toujours plus.

Mes lèvres s'écartèrent des siennes, mon corps du sien, uniquement le temps qu'il me fallut pour retirer son haut. Ma bouche se fit aventurière, explorant sa mâchoire, son cou, descendant sur son torse, mes dents titillant sa peau comme prémisse sur le chemin, prenant mon temps pour le redécouvrir. Je taquinais chacun de ses tétons, savourant son odeur revenue à la normale, goûtant chaque grain de sa peau. "T'es sûr ?" demandais-je en relevant les yeux vers lui, incertain. J'étais déjà prêt à enlever le reste du tissu qui me bloquait le passage et me frustrer mais je devais être certain, certain que c'était ce qu'il voulait car, après cette fois-là, plus rien ne serait pareil... Pour moi, en tout cas.

Au manoir...

Je ne pouvais tout simplement pas. Pas sur le sol de la salle de bain, je voulais plus que ça. Sans perdre de temps, je nous déplaçais sur le lit de ma chambre. J'aurais bien le temps de le prendre partout dans le manoir plus tard. J'avais tant envie de lui, mais je tenais à faire les choses biens, comme il fallait... Prendre mon temps pour le parcourir, le goûter, le savourer. Son t-shirt finit par s'envoler de mon propre chef, ma bouche promise ainsi à une belle aventure sur son corps. Je le titillais de mes lèvres, de ma langue, de mes dents...

Arrivé à sa ceinture, je m'arrêtais, incertain. Je préférais lui poser la question, être sûr que nous étions sur la même longueur d'onde. Sa réponse et son engouement à se déshabiller me rassurèrent. Je l'aidais à enlever son pantalon, aussi pressé que lui de le sentir contre moi. Je grognais alors qu'il se montrait entreprenant, venant à son tour jouer avec moi. Je lâchais un rire attendrie alors qu'il avouait son désir et m'intimait de me bouger les fesses. "Chef, oui chef" répondis-je en souriant. Bordel, je ferais n'importe quoi pour cet homme. J'appuyais mon bassin contre le sien pour lui prouver mon propre désir, mon envie de lui, de le faire totalement mien. Je frissonnais alors que sa langue laissait une traînée brûlante dans mon cou.

J'avais voulu prendre mon temps mais ce n'était pas l'intention de Siobhan apparemment. J'accédais à sa demande silencieuse et défis prestement, d'un geste habituel et précis, les boutons de ma chemise avant de l'envoyer valser au pied du lit. J'arrêtais de bouger, de respirer mécaniquement quand ses mains se posèrent sur moi, essayant de retenir mon désir. Je le fixais alors qu'il prenait les devants. Ses caresses me brûlaient divinement, me torturant un peu plus à chaque seconde qui passait, le rapprochant de plus en plus de mon bas-ventre. Un énième grognement s'échappa de mes lèvres tandis qu'il ouvrait mon pantalon, je faisais de mon mieux pour rester immobile alors que je mourrais d'envie de frotter ma queue contre sa main. Mais je le préférais le laisser faire ce qu'il voulait de moi sans intervenir.

C'était un gémissement qui m'avait échappé cette fois quand ses doigts s'ancrèrent dans mes fesses. "Merde, Siobhan..." jurais-je, le corps de mon amant semblant déterminé à onduler contre le mien. Ma retenue s'envola, il était parvenu à son but en frottant son érection contre la mienne. Son caleçon vola en morceau et ma main, avide, s'empara prestement du membre dressé de mon homme. Je commençais un lent va-et-vient, voulant le torturer délicieusement à mon tour. Ma bouche s'empara en même temps de la sienne, la pénétrant de ma langue, prémisse aux caresses que j'allais lui prodiguer peu de temps après.

En effet, je finis par quitter ses lèvres, que je mordis néanmoins au passage. Lâchant le membre chaleureux, je retournais d'un mouvement prompte Siobhan. Je traçais un sillon glacé entre ses omoplates, suivant sa colonne vertébrale pour atteindre son petit cul bombé à souhait. A mon tour de masser ses fesses. Du moins, jusqu'à ce que je ne les écartasse pour y glisser ma langue afin de le préparer à ma future invasion. Le jugeant assez mouillé, je collais de nouveau mon corps contre le sien, présentant mon doigt à sa bouche pour qu'il le l'enrobe. "Suce", ordonnais-je. J'en profitais pour frotter ma queue contre son cul tandis que j'embrassais, mordais doucement sa gorge, ma seconde main prenant place sur sa hanche.

Au manoir...

J'avais rétorqué de manière malicieuse à sa demande de m'occuper de lui et visiblement, cela lui avait plu. Je le préférais tellement ainsi, enjoué, excité sous moi. Il joignit bientôt le geste à la parole, mon être se chargeant de désir au fur et à mesure de ses caresses. Après quelques instants seulement, au comble de l'excitation, but atteint bien trop rapidement par Siobhan, je repris le contrôle de notre échange corporel. Libérant son membre, je me mis à l'astiquer, lentement, sans vergogne, prenant sa bouche avec férocité en même temps. Cela me suffisait pas. Je voulais plus, je voulais tout de lui. Et de savoir que lui aussi, cela me rendait dingue.

Une fois l'avoir mis sur le ventre, ma langue se fraya un passage jusqu'à son magnifique cul. J'avais si hâte de le prendre. Je le fis avec ma langue, impatient. Ensuite, j'ordonnais à Siobhan de lubrifier mon index avec sa bouche. Quelle idée... Il ne savait que trop jouer avec sa langue. Cela me donnait qu'une vision trop précise de sa bouche glissant le long de ma hampe, me durcissant plus qu'il m'en semblait possible. Une autre fois... Je m'en faisais la promesse, une prochaine fois, je prendrais sa bouche. Dans un élan d'honnêteté, je lui fis part de mes intentions et de ce qu'il me faisait ressentir. "Merde, Siobhan... La prochaine fois, ce n'est pas mon doigt que ta bouche humidifiera..." Je ne comptais effectivement pas m'arrêter. Je voulais le prendre dans chaque recoin du manoir (ou presque), dans chaque position imaginable...

Son cul vint effleurer mon érection, me ramenant à la réalité. Il allait me faire jouir avant même que je n'eût le temps de le faire mien.  "Fuck, Siobhan, oui..." jurais-je en le voyant se caresser, retirant alors mon doigt de sa bouche pour le glisser dans son antre, doucement, tant qu'il était encore mouillé. D'abord, peu profondément, puis de plus en plus. Après quelques jeux d'aller-retours à sentir son cul se contracter autour de mon doigt, j'étais au bord de la folie. Je devais le prendre. Je devais le prendre, le faire mien, sur le champ. Son odeur, que j'avais essayé d'occulter, m'appeler de plus en plus. J'avais besoin...  "Siobhan gémis-je, je te veux... De suite..." haletais-je, comme manquant d'air alors que je n'avais même pas besoin de respirer. Ma gorge me brûlait. Ma queue semblait pulser d'anticipation.

Mon propre caleçon s'envola en morceau, libérant mon membre dressé. A peine eus-je sorti mon doigt de son orifice, que ma queue s'y présentait à l'entrée. Je poussais légèrement mes hanches vers son cul. Je le pénétrais doucement, lui laissant le temps de s'habituer à ma présence. "Siobhan..." grognais-je, m'enfonçant toujours plus en lui. Il était si serré, c'était divin. Son odeur semblait prendre d'avantage de place dans l'air dorénavant. Mes crocs sortirent d'eux-mêmes, sans que je ne puisse rien y faire pour le contrôler. Une main se posa sur sa hanche pour le maintenir fermement en place, l'autre remonta le long de son dos, légère caresse qui se termina dans ses cheveux. Je tirais dessus, révélant l'artère vitale de Siobhan qui pulsait frénétiquement. J'étais hypnotisé par son sang, ce liquide qui chantait une mélodie douce à mon instinct de vampire. Mon torse recouvrit doucement le dos de Siobhan, mes muscles frémissant au contact de sa chaleur.

"T'es à moi Siobhan..." murmurais-je à son oreille, possessif. Autant que je suis à toi...pensais-je en mon for intérieur. Je positionnais mes crocs sur son cou. Ils percèrent sa chaire tendue avec facilité. Ma soif reprit le dessus et je me mis à aspirer doucement, mon palais explosant de nouveau au contact de ces arômes si particulières. En même temps, je commençais à faire des mouvements de va-et-vient avec mes hanches, m'appropriant toujours plus l'antre de Siobhan. Plus son sang m'emplissait, plus mes coups de butoirs s'accéléraient, ma main toujours fermement ancrée à sa hanche, faisant bientôt claquer son cul. Je grognais contre son cou, je me sentais si proche de la jouissance. Il était trop tôt... Mais ma raison s'émiettait petit à petit, laissant l'animal sortir peu à peu. J'essayais de me raccrocher à quelque chose, n'importe quoi. Je devais garder le contrôle pour ne pas vider Siobhan de son sang.

Je le pénétrais, encore et encore. Je voulais le faire jouir, je voulais qu'il comprenne enfin... J'avais enfin trouvé une raison de vivre.

Au manoir...


Enfin, je retrouvais sa chaleur. L'entendre gémir mon prénom m'avait porté au comble de l'excitation. Je devais le faire mien. C'était autant un désir qu'une nécessité. Et c'est ce que je fis sans plus attendre. Je le pris alors entièrement, ma queue serrée dans son antre, mes crocs ancrés à sa gorge. Le cocktail des deux était presque trop puissant, menaçant ma stabilité précaire. Je sentais l'animal en moi vouloir épancher sa soif, prendre Siobhan toujours plus vite et fort. Je me raccrochais à ses gémissements, à sa voix qui m'appelait, semblant n'en avoir jamais assez, aux battements excités de son cœur, à sa respiration rapide, au son des caresses de sa propre main le long de sa hampe.

Je grognais contre son cou pour unique réponse, trop occuper à contrôler ma morsure et mes coups de rein contre le cul de Siobhan. J'allais venir sous peu, je le sentais. Le combo était trop puissant, menaçant de m'emporter à tout moment. Mais c'était surtout parce que c'était lui sous mon corps, sa chaleur qui me léchait la peau, ses ondulations et son odeur qui enivraient mes sens. Et lorsqu'il cria mon prénom, son sperme envahissant l'air chargé de la pièce, je ne tins plus et me vidais en lui avec un râle de satisfaction. En même temps, mes crocs se rétractèrent et ma langue vint léger la plaie pour la refermer, avant d'embrasser son cou.

La tension dans mes avant-bras lâcha et mon corps recouvrit celui de Siobhan. Je m'aidais de ma main toujours positionnée sur sa hanche pour m'extraire de son fondement tandis que je lui murmurais: "T'es vraiment trop bon Siobhan..." Je déposais un baiser sur sa pommette tandis qu'il récupérait son souffle, caressant ensuite le contour accessible de son visage du bout du nez. J'étais complètement fou de cet homme, je trouvais presque cela insensé à quel point je me sentais bien à ce moment-là. Bon, je venais aussi de me sustenter plus que suffisamment avec le meilleur sang qu'il m'avait été donné de goûter en huit siècles.


"Je suis fatigué... Donne-moi un moment.. j'ai besoin de récupérer" l'entendis-je murmurer doucement. Je l'observais, me rendant compte que j'y étais peut-être allé trop fort. "Ne t'endors pas, mo... Siobhan." me repris-je in extremis, ce n'était pas mon genre de donner des surnoms niais. Ma voix était pourtant caressante pour ne pas le brusquer. "Tu dégoulines littéralement de sperme" ajoutais-je malicieusement. Je roulais sur le côté et l'attirais vers moi en tirant sur son bras. "Bon, 5 minutes alors." concédais-je en embrassant son front.

Mes doigts traçaient des arabesques dans son dos, sans vraiment que je ne m'en rendisse compte. J'étais tellement bien, cela me faisait presque peur. Je n'avais pas l'habitude de me sentir si... Heureux. C'était le mot. Et détendu également. J'aurais pu rester ainsi pour l'éternité. Pour le moment, j'essayais de profiter de la chaleur qui se dégageait du corps de mon amant. Après un certain temps, ma main remonta jusqu'à son visage, le caressant doucement. "Allons te laver, Siobhan" dis-je avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. J'étais le plus heureux des montres, ayant conscience que je ne méritais pas autant, mais pour l'instant, je comptais bien en profiter.

Au manoir...

L'after care... Ce n'était pas si mal même si je n'en avais pas l'habitude. C'était la pensée qui me traversait l'esprit, le contact de Siobhan me brûlant délicieusement la peau. Peut-être que, durant tous ces siècles, je m'étais trompé, trop abîmé par mon passé dans le sous-sol de mon oncle. Ou peut-être que je ressentais cela uniquement parce qu'il s'agissait de lui, de cet homme qui me faisait vibrer, sentir plus vivant que n'importe qui d'autres auparavant. J'étais dingue de lui, je pourrais faire n'importe quoi pour lui, sa sécurité, son bonheur... Si seulement il pouvait s'en rendre compte. Car j'avais beau avoir changé de méthode pour lui montrer ce qu'il me faisait ressentir - changé tout court aussi d'ailleurs - entre son arrivée et ce moment-même, je ne sentais toujours pas capable de lui dire dans les yeux. C'était peut-être parce que je détestais me sentir véritable, ou tout simplement parce que j'avais peur des conséquences.

Il était en train de s'endormir. Je le voyais, je l'entendais. Et en cas de doute, il venait de l'avouer. Néanmoins, je ne pouvais pas le laisser dormir dans ces conditions. "Désolé Siobhan, mais tu seras mieux après. Essaye de ne pas trop m'en vouloir." ajoutais-je, contrit, en lui faisant des arabesques dans le dos. Je profitais encore un instant de l'avoir dans les bras, mon regard couvant son visage, avant de lui proposer d'aller à la douche. Je l'embrassais doucement pour lui donner du courage. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y répondisse. Bon dieu, il fallait que je rompisse le contact, il me rendait fou. Prestement, je me mis debout, attendant au bord du lit, dans mon plus simple appareil. Le porter ? "My pleasure." répondis-je, ayant déjà hâte de retrouver sa peau contre la mienne.

Je le regardais patiemment se positionner au bord du lit. Une fois prêt, je plaçais son bras sur mes épaules. L'un des miens se retrouva sous ses genoux, l'autre dans son dos. "Essaye de serrer les fesses." plaisantais-je, maladroitement. J'essayais, on ne pouvait pas m'enlever ça. Sans effort, je l'emportais dans la salle de bain, le déposant quelques secondes plus tard sur un siège tandis que je faisais chauffer l'eau de la douche carrelée. Je n'étais pas prêt à entendre cela dans la bouche de Siobhan, dans n'importe quelle bouche non plus d'ailleurs. Je marquais un temps d'arrêt, faisant mine de vérifier l'eau qui, rapidement, devint chaude, voire brûlante.

Je revins vers Siobhan, je l'embarquais sous la cascade d'eau chaude, collant son corps contre le mien, le portant à moitié. "C'est toi qui est magnifique Siobhan, pas moi..." murmurais-je contre son oreille, avant d'embrasser son cou. Mon bras autour de ses hanches le maintenait fermement contre moi, son cul contre ma queue réveilla rapidement mon désir. "T'es trop sexy comme ça... Je te prendrais ici quand tu auras récupéré, Siobhan... avouais-je avec envie. Te prendre contre le mur, l'eau qui coule dans tes cheveux, sur ton dos..." Je bandais. Et il pouvait le sentir. Je devais me concentrer sur le but de notre présence sous la douche. "Tiens toi à moi." ordonnais-je doucement en baissant le débit d'eau.

Je m'écartais doucement de lui, à regret, pour attraper une éponge que j'enduisis de gel douche. Je commençais alors doucement à lui masser les épaules, le dos, les fesses. Je le retournais lentement puis entrepris de couvrir chaque centimètre carré du reste de son corps de mousse. Je déplaçais ses mains sur mes épaules pour qu'il pût prendre appui dessus lorsque je me baissai pour nettoyer ses jambes. Il était trop sexy, et je prenais un malin plaisir à le savonner ainsi de la tête aux pieds. Je finis néanmoins par me relever, attrapant sa queue dans ma main pour la nettoyer de long en large. Je le tenais fermement contre moi de ma main libre, de peur qu'il ne me glissât, littéralement comme figurativement, entre les doigts. En revanche, mes lèvres écrasèrent délicatement les siennes tandis que je repassais encore et encore sur sa queue, sur et entre ses fesses pour être certain de bien accomplir ma tâche. Honnêtement, je prenais surtout mon pied. J'en avais jamais assez de le toucher, de sentir sa peau sous mes mains. Ma langue cherchait à percer la barrière de ses lèvres pour trouver la sienne. Cependant, je savais qu'il était épuisé et qu'il serait bientôt temps de sortir.

Au manoir...

Hors de question qu'il ne dormît ainsi. Peu après, nous étions sous la douche. Son corps serré contre le mien éveillait de nouveau mon désir pour lui. Je partageais avec lui l'idée qui me traversait l'esprit de le voir ainsi dégoulinant d'eau. Je bandais contre son cul à l'imaginer ainsi offert à moi, une fois de plus. Je sentis son corps réagir dans mes bras, comprenant alors que son propre désir perçait à travers son brouillard de fatigue. Pourtant, je savais que son épuisement n'était pas feint, qu'il était certainement dû à sa perte de sang et peut-être même à la faim.

J'essayai de faire fi de mon envie de le prendre sur le champ contre le mur pour nettoyer chaque centimètre carrée de sa peau. Finalement j'en vins à caresser son membre, c'était plus fort que moi. Sa réaction ne se fit pas attendre. Malheureusement, je m'enorgueillissais de le sentir dur dans ma paume. Bordel, je n'arrivais plus à réfléchir avec clarté quand il s'agissait de Siobhan. Ce n'était pas sain, c'était même dangereux pour sa santé et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de le vouloir. Je l'embrassais avec ferveur, franchissant la barrière de ses lèvres avec ma langue. Un grognement m'échappa lorsqu'il se dégagea, même si je compris bien vite qu'il avait besoin de reprendre son souffle.

"Insatiable de toi." répondis-je à sa taquinerie en embrassant son cou. Je marquais néanmoins un temps d'arrêt à sa seconde plaisanterie, conscient que derrière celle-ci se cacher une part de vérité. Une énorme part de vérité, pour être précis. Je le fixai tandis qu'il se frottait contre moi. Shit, j'étais un abruti qui réfléchissait avec son pénis. Ou qui ne réfléchissait pas, et c'était justement cela le problème à ce moment-là. J'entendis sa demande de loin, ne retenant que ces mots: "Mais après, sérieusement, laisse-moi me reposer.” Mon sang ne fit qu'un tour, enfin... façon de parler. "On aura tout le temps pour que je te prenne contre le mur, darling. J'ai une meilleure idée." tentais-je de le convaincre.

Ou plutôt de me convaincre. Je n'étais pas sûr que cela fût réellement une bonne idée. Néanmoins, il était trop fatigué pour ce que j'avais en tête à la base. Tant pis, ce n'était que partie remise. "Je... Cela fait longtemps que je n'ai pas fait... Dis-moi si tu n'aimes pas." expliquais-je difficilement. Au moins, je le faisais de mon plein gré cette fois et Siobhan ne risquait pas de me frapper lui. Ou s'en plaindre à mon oncle pour que lui me tabassasse. Comme s'il avait besoin d'une raison de toute façon. Ce n'était pas le moment pour penser au passé. J'embrassais mon homme, l'appuyant au mur en même temps pour qu'il le soutînt. De nouveau à bout de souffle, je le laissais récupérer tandis que je me mettais à genoux devant lui.

Mon regard se fixa sur le visage de Siobhan tandis que je saisissais son membre dressé de ma main. Je recommençais mes mouvements de va-et-vient, autant désireux de lui faire plaisir qu'incertain de ce que j'étais en train de faire. J'étais totalement mal à l'aise, complètement effrayé de mal faire les choses. Cependant, j'étais déterminé. Timidement, je commençais à le titiller avec ma bouche et ma langue, l'embrassant, le léchant autour et le long de sa hampe, encore et encore, sans réellement passer à l'acte.

Finalement, je léchais doucement son gland avant de glisser ma bouche autour de son membre. C'était... bizarre. Néanmoins, je continuais, mes lèvres suivant le rythme de mes doigts autour de sa queue. Ma langue jouait, tournait également autour, la timidité laissant place à l'audace, à l'excitation. N'y tenant plus, je commençais à me caresser de ma seconde main, mon regard toujours fixé sur son visage, sur son corps mouillé.