more with you (sélélios)

Revenu du Palais, Hélios ne perdit pas de temps pour rejoindre la salle d'entrainement. Il n'aimait guère restait auprès des autres héritiers des royaumes, jouer le rôle du Prince de Russie et restait auprès d'Araël pour faire preuve de diplomatie en rencontrant chaque visiteur de l'île avec sourires et marques de politesse. Il était mauvais pour sourire pour rien - pour démarrer - ne sachant se faire apprécier des autres et moquant d'en être apprécié. Il restait là, impassible, à attendre que ces assemblés prennent fin avant de retourner sur l'île des Gardiens avec un immense plaisir. Il y avait eut cela - et sa conversation avec Echo qui le laissait avec un sentiment d'amertume qu'une seule personne pouvait lui ôter.
Il ne s'habituait pas encore à avoir ses sentiments mis à nu, à savoir que Séléné avait conscience de ce qu'il ressentait - non pas qu'il était amoureux transi, mais du moins qu'il naissait en lui un sentiment si pur et indolent qu'il ne savait comment le gérer autrement qu'en y succombant. Il voulait être avec elle plus souvent qu'il n'osait l'admettre, courant après les moments de liberté qui pouvaient leur être offerts. Il aimait parfois à simplement la regarder, à observer les mouvements fluides et la rapidité de la Gardienne - la trouvant impressionnant et sauvage, tout ce qu'il aimait chez une femme apparemment. Tout ce qu'il aimait chez elle, du moins.

Parce qu'il n'avait pas vu de femme depuis des siècles, ne faisant guère confiance à son coeur en la matière. Il avait été trompé une fois, risquant la mort. Il n'aurait jamais pensé prendre le risque une seconde fois. Mais Séléné était différente - elle était là depuis si longtemps qu'il ne se souvenait pas qui il était avant elle. Il ressentait qu'il avait changé sans pouvoir dire comment - et il le lui devait uniquement. Il entra alors - enfin - dans la salle d'entrainement, avisant les bruits de combats et les hurlements bestiaux qui s'échappaient du ring en milieu de salle. Elle se trouvait là, debout, la sueur perlant sur sa peau et le visage fermé par la concentration. Ou autre chose - il fallut un moment à Hélios pour réaliser qu'elle se battait seule contre les recrues, non parce qu'ils étaient vindicatifs mais parce qu'elle le leur ordonnait.
Voila un entrainement qu'il n'avait - n'aurait - jamais ordonné. Il ne resta pas plus longtemps immobile, alors qu'elle prenait les coups sans broncher, pour finalement s'élancer et rejoindre le ring d'un bond, sortant son épée pour le mettre sous la jugulaire de la recrue qui attaquait. « Repos, soldat. » Exigea-t-il avant que les recrues ne s'exécutent, l'observant sans comprendre. « Sortez d'ici, vous êtes de corvée de rangement ce soir - vous êtes attendus à l'armurerie. » Voila bien un lieu où il se trouvait toujours de quoi ranger.

Il se tourna ensuite vers Séléné, perplexe et inquiet, ressentant qu'il se passait ici quelque chose qui lui échappait. « Est-ce que ca va ? »

Ca a commencé la veille. Une douleur en bas du ventre, te laissant perplexe. Et puis une nausée, quelque chose d'étrange comme si tu venais d'avaler un sang pas frais ou venu d'un corps sans vie. Tu n'as pas cherchée, mettant cela sur le compte d'un mauvais coup et d'un vertige. Sauf que les vampires n'ont pas de vertige, ils ne connaissent pas cela, ils ne savent pas ce que c'est. Alors quand ça t'a repris, au point que tu sois obligée d'aller voir l'infirmière de la caserne, tu as été surprise toi même. L'infirmière te connaît bien, elle te soigne à chaque fois quand tu rentres de mission et que tes blessures mettent trop de temps à se refermer toutes seule. Elle te passe toujours un baume sur tes blessures pour qu'elles cicatrisent bien, surtout quand elles viennent des dégénérés comme cela est arrivé trop souvent ces derniers temps. A croire qu'ils pullulent sur l'île. Mais cette fois-ci elle n'a rien dit, elle a percée ta peau avec une aiguille spéciale, au creux de ton bras et elle est partie dix minutes, te laissant avec un magasine de mode. Toi, lire de la mode ? Mais tu étais bien obligée alors, tu as fini par te plonger sur les nouvelles tendances de l'été, jusqu'à ce que l’infirmière revienne, l'air embarrassé de ceux qui savent quelque chose mais qui ne sont pas certain de la façon de l'annoncer. Bon ?

Finalement elle t'a annoncée la nouvelle, te féliçitant au passage et te renvoyant dans tes appartements en te demandant d'être prudente et de prendre soin de ce petit intrus, dans ton ventre. Tu n'as pas répondue, sonnée et l'esprit en feu, par la nouvelle. Il ne peut venir que d'une seule personne, c'est évident. Cependant, ce n'était pas prévu. C'est trop rapide, trop soudain. Le père, qui n'est autre que le chef des armées en personne, ne doit pas savoir. Ca fait à peine un mois que vous sortez ensemble, apprenant à vous connaître et vous découvrir sous un nouveau jour, comment pourrais-tu lui annoncer ça? Tu te met à paniquer, enfermée dans tes appartements dans la caserne, tu tournes en rond. Hélios n'est pas là, il est sur Haïma avec l'empereur et ça t'arrange, tu ne voudrais pas le croiser de toute façon. Avec son doux regard et son sourire, il te ferait fondre comme neige au soleil et c'est la dernière chose dont tu as besoin. Alors juste, tu sors de ton logement et tu rejoins la salle d'entraînement. Plusieurs recrues s'exercent et tu te décides à travailler aussi, pour te changer les idées.

Sauf que celle-ci revient en boucle. Un bébé, toi, qui a toujours eu l'impression que la fibre maternelle était quelque chose d'absent chez toi. Toi, qui viens d'une mère t'ayant abandonnée pour rejoindre les rangs de l'armée. Toi, tu n'es qu'une militaire, tu n'aurais jamais imaginée avoir un enfant. Et toutes ces pensées déferlent en toi, dans ton esprit, rendant tes coups de plus en plus violent. Ta recrue est bientôt au tapis. Un autre fond sur toi, il rejoint le premier. Tu finis par provoquer tout le monde, les incitant à t'attaquer comme le feraient des dégénérés. Et les coups pleuvent, car ils ont comme toi le goût de la violence dans la bouche, ils aiment ça. On te frappe parfois, au ventre surtout car tu t'exposes à cet endroit, volontairement ou pas, inconsciemment peut-être. Tu te dis qu'un coup bien placé pourrait peut-être, régler ce petit soucis. Jusqu'à ce que tu mettes un coup de pied, que tu te prépares à frapper avec la main et qu'on t'arrête dans ton mouvement. Le chef des armées en personne qui ordonne à vos recrues d'aller ranger l'armurerie. Tu reprends tes esprits lentement, baissant ta garde ainsi que tes yeux. « Oui ça va, l'entraînement était juste plus intense que d'habitude, ça ne nous fait pas de mal. » Que tu dis d'un ton que tu essayes de rendre détaché. « Comment c'était, avec l'Empereur ? » Tu te détournes pour aller ranger les armes, les premières que tu as attrapée sur le présentoir.

Là se trouvait son royaume, parmi les soldats et les cendres du volcan d'Atlas. Il se retrouvait, auprès de Séléné qui était sa seconde, l'ombre suivant ses pas sur le champ de bataille pour leur assurer la victoire. Jamais un autre être n'avait sû lire en lui si aisément avant elle. Jamais un autre être avait pris une importance telle dans son existence avant elle. Séléné avait une part de son âme, lui le romantique éternelle ne s'abandonnant qu'à de véritables sentiments, se sentait tomber dans une éternité d'émotions. La crainte d'être esclave de ses désirs comme des siècles auparavant le tenait muet face à elle, mais l'évidence de son attachement ne pouvait pas se nier. Il en tombait amoureux, avec tant de certitude qu'il le taisait. Impossible de prendre le risque de la perdre, pire encore de se perdre dans ce regard si dur et enflammé.
Contre ce corps athlétique et souffrant. Les coups marquant sa peau avant de s'effacer rapidement - les marques étaient cependant la preuve d'une force qu'elle ne mettait pas souvent dans l'entrainement des jeunes recrus, et Hélios en fut alarmé rapidement. « Oui ça va, l'entraînement était juste plus intense que d'habitude, ça ne nous fait pas de mal. » Est-ce cependant nécessaire qu'ils s'en prennent tous à toi ? Laisse les s'entretuer plutôt, pour que le combat soit équitable. Lança-t-il, amusé par sa détermination à constamment chercher à pousser les autres dans leurs limites et au-dela.

Elle lui échappait, se tenant loin bien qu'il le remarquait. Il était plus observateur et attentionné qu'il ne le laissait paraitre, plus encore mû par les sentiments romantiques. Il se garda de toute remarque, restant à belle distance et la fixant. « Comment c'était, avec l'Empereur ? » Une horreur, constante. Ces diplomates auront ma raison, assurément. Si je dois encore les rencontrer, ce sera sur mon lit de mort et pas avant. décréta-t-il, grognant toujours contre ces rencontres qui l'horripilaient. Il soupira, plutôt, se tenant contre un mur les bras croisés. Et toi, pourquoi cette envie de violence à l'entrainement ? Nos recrues sont-elles si désolantes ?

T'as l'esprit en feu, le cœur qui pourrait battre à 3000 si seulement il n'était pas mort, inerte comme le reste de ton corps quand tu cesses ton mouvement. Hélios est là, ton dieu du soleil qui illumine ta vie depuis quelques semaines. Tu voudrais fondre sur lui, lui demander doucement comment il va et l'embrasser même mais à la pensée de ce qu'on t'a annoncée ce matin tu te ravises et tu restes à bonne distance de lui. Car tu ne doutes pas que si tu sentais sa chaleur non loin de toi, si tu n'étais pas si loin alors tes résolutions fondraient comme neige au soleil. Et tu as besoin de toutes tes capacités pour rester claire, pour ne pas sombrer dans une crise de panique qui te pousserait à dire à Hélios ce qui ne va pas, ce qui se passe actuellement comme chamboulement dans ton corps. Tu portes un enfant et tu n'étais pas du tout préparée à cette idée. Tu sais à peine t'occuper de toi, comment vas-tu t'occuper d'un autre petit être ? « Est-ce cependant nécessaire qu'ils s'en prennent tous à toi ? Laisse les s'entretuer plutôt, pour que le combat soit équitable. » Tu te met à sourire, reconnaissant le compliment qui t'aurait fait te pavaner autrefois. Là juste tu souris et tu baisses la tête pour éviter de croiser son regard.

« Une horreur, constante. Ces diplomates auront ma raison, assurément. Si je dois encore les rencontrer, ce sera sur mon lit de mort et pas avant. » L'image te crée une boule dans la gorge, si bien que tu te met à grogner quelques mots. « N'dis pas une chose pareille, n'parle pas de ta mort éventuelle. » Car si il y a bien une chose que tu ne peux accepter, c'est l'idée de vivre dans un monde où il ne sera pas. Et même si pour le moment tu ne sais pas où aller et tu ne sais pas dans qu'elle direction cette histoire va te mener, tu es certaine que tu es trop attachée à lui pour entendre parler de sa mort sans que cela n'te fasse mal partout. Ton corps entier rejette cette idée, il t'est éternel, maintenant et à jamais. Et tu préfères partir avant lui que d'assister à sa fin, un jour. « Et toi, pourquoi cette envie de violence à l'entrainement ? Nos recrues sont-elles si désolantes ? » Tu relèves les yeux pour l'observer un instant, avant de hausser les épaules. « Je désespère de trouver quelqu'un qui parviendra à me mettre à terre un jour. Je leur ai lancé le défis mais... Ils ne sont pas prêt je crois.  » Que tu dis en croisant les bras sur ta poitrine et en l'observant. « Mais je ne suis pas juste, j'ai été entraînée par tes soins alors il est évident qu'ils auront du mal à avoir le dessus. Cependant, ils sont assez bons pour les mission sur l'île et en dehors. » Tu te met à te tenir sur un pied et puis sur l'autre, cela ne fait que trahir ton angoisse et ton malaise. Tu finis par baisser les yeux encore une fois et avouer, à mi-voix. « Tu... Tu m'as manqué. » Et déjà, tes résolutions s'envolent.

L'horreur du palais et des moments à jouer au roi s'estompaient, le rendant plus prompt à quelques plaisanteries douteuses dont Séléné était la seule témoin, ne lui en déplaise. Hélios ne savait guère se rendre agréable ou amusant, il était un homme taciturne et sérieux, épris de justice et de discipline. Il avait été élevé pour régner, éduquer pour vaincre, dresser comme un animal pour faire de lui un tueur, il avait appris à être roi en voyant son père l'être avant lui. Un roi guerrier, un combattant refusant l'échec à tout prix. Il était là pour se battre, pour lever son épée et gagner sans jamais accepter d'abdiquer. Mais face à la cours, il était prêt à fuir et à se faire oublier, refusant ces jeux d'hypocrisie et de faux-semblants. « N'dis pas une chose pareille, n'parle pas de ta mort éventuelle. » C'était une simple plaisanterie, vraiment. Je pourrais tous les mettre à genoux en quelques minutes. Assura-t-il, perplexe face à sa réaction. Il l'observait, l'inquiétude le saisissant si violemment qu'il ne pouvait pas l'ignorer.
La voir ainsi se faire violenter par les nouvelles recrues n'était pas habituelle. La voir ainsi répondre d'un ton tranchant n'était pas habituel. Mais leur relation n'était plus ce qu'elle était, et sans doute leur affection devait changer quelque chose à ce qu'ils avaient connu ensemble jusqu'à présent. « Je désespère de trouver quelqu'un qui parviendra à me mettre à terre un jour. Je leur ai lancé le défis mais... Ils ne sont pas prêt je crois. » Tu ne peux pas exiger l'impossible et t'attendre à ce que l'on te le serve sur un plateau. Assura-t-il, levant les yeux au ciel devant cette farce. Elle était la seule être à pouvoir le mettre lui à terre, il aurait été vexé qu'une recrue puisse en venir à bout. « Mais je ne suis pas juste, j'ai été entraînée par tes soins alors il est évident qu'ils auront du mal à avoir le dessus. Cependant, ils sont assez bons pour les mission sur l'île et en dehors. » Et c'est tout ce pourquoi ils sont là. Nous devrions travailler sur les nouvelles affectations dés ce soir. Ou demain, plutôt. Parce que pour ce soir il espérait autre chose que de travailler.

« Tu... Tu m'as manqué. » La déclaration le prend de cour autant qu'elle le ravie, lui faisant offrir un sourire en coin à Séléné. Un sourire était déjà un exploit, celui-ci s'offrait avec naturel et abandon. La preuve qu'il lui était dévoué. Le sentiment est partagé, Minerve. dit-il, posant une main sous son menton pour pouvoir croiser son regard. Si quelque chose n'allait pas, tu me le dirais n'est-ce pas ? Loin de moi l'idée d'être insistant, mais tu me sembles ailleurs.

« C'était une simple plaisanterie, vraiment. Je pourrais tous les mettre à genoux en quelques minutes. » Et pourtant tu ne peux te résoudre à plaisanter avec une telle chose, à rire de cela. La simple idée d'imaginer que Hélios ne soit plus de ce monde t'arrache le cœur, tes entrailles se tordent et tu es certaine que tu pourrais finir folle, attendant l'étreinte chaude du soleil à tout jamais. La fin pour le rejoindre enfin, la fin pour respirer et être libre maintenant qu'il est avec toi. Alors tu ne ris pas, tu hoches la tête à son petit excès de vanité et tu préfères rester en retrait. Parce que ton esprit bouillonne, ta langue manque de fourcher à tout moment pour lui lancer au visage que non ça ne va pas, non tu ne plaisantes pas car tu es effrayée. « Tu ne peux pas exiger l'impossible et t'attendre à ce que l'on te le serve sur un plateau. » « Est-ce à ce point irréalisable que d'attendre le meilleur venant d'eux ? » Que tu demandes cette fois-ci avec un bref sourire, tout en sachant que non ils n'arriveront pas à te prendre le dessus. Tout simplement car tu as été entraînée par le meilleur, le soldat imbattable qui met chaque personne à terre en un claquement de doigt. Il connaît toutes les techniques de combat de ce monde, faisant d'Hélios un maître lorsqu'il a une épée en main. « Et c'est tout ce pourquoi ils sont là. Nous devrions travailler sur les nouvelles affectations dés ce soir. Ou demain, plutôt. » « Demain, oui. » Demain, un autre jour. Là tu veux profiter de l'instant, profiter d'être encore simplement en couple avec lui. Tu découvres ce que c'est, tu y prends goût à chaque instant.

Et pourtant tu ne peux t'empêcher de fondre dès l'instant où tu croises son regard. Le moment clé où tes yeux rentrent en contact avec ceux du chef des armées, tu n'es déjà plus maître de toi même. Et juste tu sent une bouffée de confiance qui te prend. « Si quelque chose n'allait pas, tu me le dirais n'est-ce pas ? Loin de moi l'idée d'être insistant, mais tu me sembles ailleurs. » Il est proche de toi, si proche que tu laisses ton visage reposer sur la main qui te caresse la joue. Tu soupires. « Tu me rends faible. » Que tu parviens à formuler, sentant que ta volonté et que tes résolutions flambent comme un feu de paille. « Je dois te dire quelque chose, mais j'ai peur de ta réaction. Je... Veux que tu saches que ça ne t'engage à rien, après tout nous sommes ensemble que depuis un mois et je ne veux pas donner l'impression que j'essaye de mettre le grapin sur le très convoité chef des armées. » Petite pensée pour les minettes qui soupirent lorsqu'il est au palais et qu'il passe devant elles. Il est magnifique Hélios et il pourrait toutes les avoir. Mais c'est toi qu'il a réclamé, toi qui semble être bien partie pour faire voler en éclat toutes tes résolutions. Tu t'étais jurée de ne jamais tomber sous le charme d'un immortel et de n'avoir jamais d'enfant. C'est bien, tu n'as rien respectée de tes engagements et tu sembles être plus fertile que toutes les autres femmes sur cette île.

« Hier soir j'ai été prise d'un malaise. Rien de grave cependant l'infirmière a tenue à me faire des analyses, pour savoir ce qui pouvait bien m'arriver. Et... » Tu baisses les yeux, avant de poser une main sur son torse afin de le câliner du bout des doigts. Tu ne sais comment lui annoncer cela mais tu sais aussi que Hélios n'est pas patient, lorsque quelque chose l'inquiète. Et tu es certaine de devoir finir ta phrase vite avant qu'il ne te presse de te dépêcher. « Les tests sont formels, je suis enceinte depuis deux semaines. »

L'impossible n'était qu'une limitation de l'esprit. Hélios avait été élevé dans l'idée qu'il pouvait toujours faire plus, faire mieux, aller plus loin, pousser ses capacités et ses ambitions pour plus. Plus - constamment - aller à la recherche de la perfection et la rendre perfectible. Il ne se trouvait rien qu'il se pensait incapable d'accomplir en tant que soldat. Il avait entre les doigts, les Gardiens les mieux entraînés du monde selon lui. Ils étaient loyaux à la couronne, à l'Empire qu'ils protégeaient quitte à offrir leurs vies en sacrifice. Ils savaient, ils étaient convaincus que cela importait plus qu'eux. Eux n'étaient rien, un soldat au service d'une utopie qu'ils devaient protéger. Tout comme lui le ferait, n'attendant jamais des autres ce qu'il ne pouvait donner lui-même. Il ne saurait donner un ordre qu'il ne suivrait pas lui-même aveuglément. Il n'attendrait jamais d'un soldat qu'il fasse une chose qu'il ne ferait pas lui-même. Et il savait que Séléné avait les mêmes exigences que lui sur ce point. « Est-ce à ce point irréalisable que d'attendre le meilleur venant d'eux ? » Bien sûr que non. Après tout, ils ne demandaient jamais rien de moins que le meilleur, avant de demander plus que cela. Demander à dépasser ses limites, pour se briser et devenir perfectible. Et devenir un gardien.

C'était un idéal, celui qu'ils avaient conçu à deux. Celui qui faisait d'Haima une île protégée de tous les périls - bien qu'ils avaient failli à cette mission en perdant Elysium. Un rappel à la modestie qu'il gardait en travers, qui lui donnait à croire qu'il n'était pas encore assez bon. Qu'il devait se rendre meilleur, une fois encore. « Tu me rends faible. » La déclaration le fit frémir, à moins que ce ne soit les grands yeux de Séléné. Il ne s'agissait plus d'être le Chevalier Noir et Minerve, d'être soldats et capitaine, d'être compagnons d'arme. Ils étaient eux, bien que la différence n'aurait été guère perceptible pour quiconque en dehors de leurs regards, ils le savaient tous les deux. Ils étaient Hélios et Séléné à cet instant, mettant à nu des émotions qu'ils savaient cacher mieux que quiconque. Au point d'oublier parfois leur part d'humanité. « Je dois te dire quelque chose, mais j'ai peur de ta réaction. Je... Veux que tu saches que ça ne t'engage à rien, après tout nous sommes ensemble que depuis un mois et je ne veux pas donner l'impression que j'essaye de mettre le grapin sur le très convoité chef des armées. » De quoi est-ce que tu parles ? demanda-t-il, perdu et perplexe face à des remarques qui étaient si peu elle. Si peu lui. Il ne s'envisageait pas comme un parti à marier, pas même comme un prince oubliant aisément la couronne qui sera la sienne un jour. Il ne voulait pas de tout cela, suivait facilement les impératifs de célibat des gardiens.
Mais avec elle toutes les règles volaient en éclats. Il se trouvait plus perdu et vulnérable qu'il n'aurait aimé l'être. En huit siècles il s'était forgé une armure qu'elle avait démentelé pour s'y frayer un chemin jusqu'à son palpitant. Il restait silencieux, attendant simplement qu'elle s'explique - bien qu'il sentait que tout cela ne lui plairait pas. « Hier soir j'ai été prise d'un malaise. Rien de grave cependant l'infirmière a tenue à me faire des analyses, pour savoir ce qui pouvait bien m'arriver. Et... » Tu... quoi ? Pourquoi n'ai-je pas été mis au courant ? demanda-t-il en brisant l'espace entre eux, l'inquiétude peignant ses traits et la colère risquant de monter dans sa poitrine contre quiconque l'aurait gardé loin de sa seconde. « Les tests sont formels, je suis enceinte depuis deux semaines. » Mais rien n'aurait pu le préparer à cela.

Il resta figé, un instant, les yeux écarquillés jusqu'à ce que la réalité le frappe. Jusqu'à ce qu'il réalise ce que cela signifiait. Il savait que Séléné avait ses habitudes avec les mortels, mais il serait stupide de lui demander si l'enfant était de lui. Autrement, pourquoi lui parler ainsi ? Autrement, pourquoi lui parler d'être faible et être si perdu. Séléné attendait un enfant. Séléné attendait son enfant.
Et il n'y avait rien de plus précieux qu'un enfant, c'était une chose qu'il savait depuis longtemps. Un désir, un espoir qu'il préservait en secret, qui le fit sourire si grandement qu'il était presque impossible de le reconnaître. Tu es enceinte ? C'est... une grande nouvelle ! s'exclama-t-il sans pouvoir s'empêcher, fondant sur elle pour la serrer contre lui et l'embrasser fougueusement. La joie lui brûlait les veines, le faisait exploser de rire et de plaisir. Il était en extase, ressentant les effluves d'un bonheur cuisant pour la première fois depuis toujours. Jamais, avait-il eut une nouvelle qui l'avait plus comblé que celle-ci.
Avant de réaliser, ce que signifiait la scène de tantôt, se reculant, tout en gardant une main sur la hanche de Séléné. Attends, tu... Tu t'es battue avec les soldats en toute conscience. Tu... Tu n'es pas heureuse de cette nouvelle.

Tu essayes de le lui dire mais tu ne peux pas juste lâcher ça comme ça, comme on jette un caillou dans un grand bassin. Tu ne te vois pas lui annoncer cette nouvelle avant de prendre la fuite, car il trouverait le moyen de te rattraper. Non tu préfères gagner du temps, te cherchant du courage afin de ne pas te défiler au dernier moment. Tu as peur mais ce n'est rien face à la crainte de le voir prendre mal la nouvelle. Hélios est quelqu'un de si imprévisible parfois et même si tu te vantes à qui veut l'entendre que tu le connais mieux que personne, sur ce coup là tu restes pleine de doute. C'est peut-être à cause de ta peur de le voir prendre mal la nouvelle, que ton jugement semble si vacillant. «  Tu... quoi ? Pourquoi n'ai-je pas été mis au courant ? » Tu soupires avant de poser une main sur son torse, pour lui intimer le silence. Parce que si il parle encore une fois tu sais que tu vas reculer et lui dire juste que c'était un petit problème de rien du tout. Et si tu ne le dis pas aujourd'hui tu ne le feras jamais alors... Alors tu dois y aller, foncer et rester forte peut importe ce qu'il dira. Concernant ton état, tu as refusée qu'on le mette au courant car il serait rentré d'Haïma et ça tu ne le voulais pas. Et puis ça t'a donné l'occasion de voir Oslo et de lui demander conseil, ce qui est une chose non négligeable dans ton état.

Finalement les mots sortent et tu retiens ton souffle, comme si il était coupé. Tu n'as pas besoin d'oxygène et pourtant tu as une réaction humaine, alors que tu fixes le visage un instant stoïque du chef des armées. Avant qu'un sourire immense, si grand, lumineux comme le soleil qui compose son prénom, ne vienne fleurir sur sa bouche. « Tu es enceinte ? C'est... une grande nouvelle ! » « Tu... Tu es content ? » Que tu demandes bêtement, même si son sourire ne laisse place à aucun doute sur sa joie. Alors tu te met à sourire toi aussi, ravalant une vague d'émotion qui monte dans ta gorge et qui pourrait à tout moment salir tes joues. Il a bien pris la nouvelle, mieux que tu ne le pensais et tu réalises cela alors que sa bouche t'embrasse comme si c'était la dernière fois. Aussitôt tu te laisses aller à ce baiser, fondant contre lui avec un soupir d'abandon avant qu'il ne se recule et que tu n'ai besoin que d'une seconde pour revenir sur la terre ferme. « Attends, tu... Tu t'es battue avec les soldats en toute conscience. Tu... Tu n'es pas heureuse de cette nouvelle. » « Si enfin... J'avais peur de ta réaction et... Ne le prend pas mal Hélios. » Que tu essayes d'argumenter avant de poser une main sur son visage, pour qu'il te regarde. Qu'il ne voit que toi, juste toi. « Je n'ai pas été élevée pour être mère un jour mais uniquement pour donner la mort. Ma propre mère était une femme froide et dénuée d'instinct maternel... J'ai peur de ne pas être une bonne mère pour cet enfant, de ne pas faire ce qu'il faut. Et puis c'est si récent entre nous, on sort ensemble depuis à peine un mois... Comment aurais-je pu croire que tu serais heureux alors que certain immortel attendent des siècles avant de faire un enfant ? » Tu soupires, caressant sa joue de ton pouce que tu passes encore et encore sur sa peau à peine mal rasée. C'est agréable, comme toujours lorsque vous vous accordez un instant de douceur.

« Et puis... Tu es un prince, futur roi... Je ne suis qu'un soldat qui a été élevé toute sa vie pour prendre la vie au lieu de la donner. J'ai déjà du mal à savoir ce que tu me trouves alors l'idée de porter ton enfant c'est une chose... Qui me semble lointaine, impossible et presque interdite. Que penseront tes parents ? Tes sujets ? »