Don't you worry baby (sélo)

T’sais pas encore si c’est un hasard calculé d’la part d’ta meilleure amie, et en vérité, tu t’en fous. T’as vu dans ses yeux foncés que quelque chose n’allait pas, alors de suite tu t’es mis en mode solution. Y’a peu de monde sur Haima qui peut s’targuer de véritablement t’connaitre, encore moins d’le faire et vouloir s’en vanter – car si peu d’gens te connaissent bien, c’est parce que ta sombre facette est loin d’être aussi splendide qu’le Sage Mage créateur d’événements magiques. Séléné, en revanche, sait d’tout toi et t’aime malgré cela. Oh, tu n’es pas naïf au point d’croire qu’elle n’oserait pas t’mettre au tapis si tu reprends d’vieilles et mauvaises habitudes. Au contraire, ça t’rassures d’savoir qu’elle sera là, bon comme dans mauvais moment, pour t’remettre à ta place. Elle n’a peur d’rien, cette splendide valkyrie. Alors quand t’as vu cette lueur paniquée au fond d’ses yeux, tu ne pouvais que réagir au quart d’tour et tout plaquer afin d’éclaircir d’nouveau son beau r’gard.

Tu t’es dis qu’une sortie film pourrait faire l’affaire, usant d’tes contacts afin d’avoir une salle privée – pour discuter sans craindre d’être écouté. Y’a des points positifs à être l’bras-droit du commandant d’guerre, autant qu’être le Magistral des festivités. C’dur de vous dire non, alors une bonne heure plus tard, vous êtes installés au milieu d’la salle dans de bancs moelleux, un immense verre de sang d’chaque côté d’vous. T’as demandé à faire tourner l’plus long et meilleur film qu’ils avaient en stock, une surprise qu’vous allez découvrir dans trente minutes. T’voulais prendre le temps de discuter franchement avant que le film commence, histoire d’mettre carte sur table avant d’passer de la discute à l’écoute. Naturellement, tu ne comptais pas t’taire pendant la représentation, histoire d’pouvoir à tout moment interpellé ta meilleure amie et t’assurer qu’elle passe le meilleur moment qui soit.

« C’quand la dernière fois qu’t’as maté un film? » qu’tu lui demandes avec un petit sourire en coin, avant d’prendre ton verre et d’le frapper doucement contre celui de Séléné, pour trinquer. Tu t’doutes bien que c’pas le genre de sortie qu’elle doit faire toutes les nuits, au vue du métier qu’elle fait. Puis même toi qui est un grand amateur de l’art en tout genre, tu ne viens clairement pas assez souvent dans l’coin. Au moins, quand tu y viens, tu prends garde d’être accompagné du meilleur, et rien d’moins. « Juste pour qu’tu saches, j’ai remarqué que quelque chose n’va pas. Mais j’te laisse en parler quand t’en sentiras l’envie. » Hors de question d’lui mettre d’la pression, bien qu’il soit sous-entendu qu’tu désires savoir ce qui s’passe avant la fin d’la représentation.

Hélios n'a pas eu la réaction que tu attendais et c'est peu de le dire. Tu pensais qu'il serait furieux, en colère, qu'il te demanderait comment au bout de seulement un mois, tu peux avoir été imprudente au point d'être déjà enceinte. Tu t'attendais à ce qu'il te somme de rester à ta place, te rappelant qu'il est un sang-pur et toi une gardienne, que tu ne peux espérer lui offrir cet enfant qui serait l'héritier de la Russie et qui n'aurait pas sa place dans ce monde. Après tout avec son statut, il devrait épouser une sang-pure lui aussi et pas une gardienne. Alors comment pourrais-tu envisager que l'enfant qui pousse dans ton ventre chaque jour, soit une bénédiction pour vous deux ? Tu n'as jamais envisagé d'être mère, parce que ta propre mère ne l'était pas avec toi et tu ne sais pas comment ça se passe, tu ne sais pas comment on fait. Mais tu vas devoir te faire à l'idée, car Hélios a eu un sourire merveilleux en te prenant contre lui, t'assurant que cet enfant est un cadeau et qu'il ne compte pas prendre la fuite. Une nouvelle qui t'a laissée sans voix et qui t'a fait baisser les armes. Tu t'es accordée une douce étreinte contre ton amant, contre ton petit ami, te laissant même le loisir de lâcher une larme de bonheur, de soulagement. Il ne t'a pas rejetée, il a été heureux pour vous deux. Que voudrais-tu de plus ?

Tu voudrais cesser ton angoisse, celle qui te tord le ventre depuis quelques jours. Et même si Hélios est heureux pour vous, même si il commence déjà à poser sur ton ventre une main protectrice, tu ne peux cesser de sursauter quand tu te laisses prendre par tes pensées. Tout se bouscule dans ta tête alors, quand ton meilleur ami te donne rendez-vous pour un film, tu acceptes aussitôt. Première tenue trouvée enfilée, ton armure restant au placard pour aujourd'hui et te voilà installée dans ce cinéma privatisé, devant un écran passant en fond des publicités pour des films à sortir. Tu as un grand verre de sang dans la main et tu t'es retenue de demander une rasade de vodka dedans. Dans ton état ce n'est pas correct, même si tu doutes qu'un bébé vampire puisse souffrir des même effets de l'alcool qu'un bébé humain. « C'était il y a longtemps. Je n'ai pas le temps de venir au cinéma... La plupart du temps je regarde les même vieux films que j'ai dans mes quartiers. » Que tu dis avec un sourire, en laissant ta tête aller en arrière, contre le dossier du fauteuil.

Il a remarqué, évidemment et il te le dit, sans faire de détour. Tu soupires, tu voudrais qu'il n'te connaisse pas si bien mais c'est impossible. « Effectivement, quelque chose ne va pas. J'angoisse depuis quelques temps, pour tout et rien. » Que tu dis, en observant le plafond au dessus de vous. « De là où je viens, les femmes apprennent à donner leur amour à leur pays. Lorsqu'elles ont un enfant, on leur ôte pour qu'il rejoigne l'armée, qu'il soit éduqué à être un soldat et si c'est une fille, l'honneur est encore plus grand car elle deviendra une valkyrie. Ma mère en était une, je ne l'ai que très peu connue... Elle était froide, antipathique et dénuée de tout sentiment à mon encontre. Elle n'avait d'amour et d'affection que pour la couronne qu'elle défendait, rien d'autre. Alors je me suis jurée de ne jamais être mère, de peur de reproduire la même chose avec mon enfant. » Tu piques une friandise en gelée qui explose de son goût AB+ sur ta langue. « Il y a un mois de ça, Hélios et moi avons cédée à ce qui semblait être un désir violent et enfouis depuis des années. Nous avons passé un mois merveilleux... Et j'ai découvert que ton frère était quelqu'un de très doux et de romantique, sous sa carapace de chef des armées. Sauf qu'il y a deux jours de ça on m'a fait des examens et... Je suis enceinte. » Tu lâches la bombe, ne pouvant plus la retenir pour toi. Ca fait des jours que tu gardes cette nouvelle en toi, qu'elle passe et repasse dans ton esprit, qu'elle tourne comme une pensée tortueuse. Et ça te soulage de le dire.

C’est sans surprise qu’tu accueilles la réponse de Séléné face à sa dernière sorti au cinéma. « C'était il y a longtemps. Je n'ai pas le temps de venir au cinéma... La plupart du temps je regarde les même vieux films que j'ai dans mes quartiers. » Tu tournes vers elle un sourire satisfait. « C’excellent, tu t’gardes les rendez-vous romantiques au cinéma qu’avec moi. » dis-tu avant d’terminer avec un clin d’œil. T’sais qu’elle n’va pas prendre tes remarques comme du rentre-dedans honteux, qu’importe ce que tu vas lui dire. On dira ce que l’on veut, l’amitié entre homme et femme est possible – puis il ne s’en fait pas d’plus belle que celle entre Séléné et toi. T’as de la chance de pouvoir la compter près d’toi, qu’importe les belles (et sales) conneries qu’t’as pu faire dans ta longue existence.

C’est donc tout naturel pour toi d’lui offrir la pareille, lui tendre la main chaque fois qu’elle en a de besoin. Pas que ça arrive excessivement souvent, comme la brune est une femme forte. C’pourquoi tu remarques aussitôt que quelque chose la tracasse, bien qu’tu ne veuilles pas lui mettre la pression pour t’en parler. Néanmoins, elle n’est pas longue avant de vider son sac – tu l’écoutes donc attentivement, ignorant l’écran pour t’concentrer sur elle. « Effectivement, quelque chose ne va pas. J'angoisse depuis quelques temps, pour tout et rien. De là où je viens, les femmes apprennent à donner leur amour à leur pays. Lorsqu'elles ont un enfant, on leur ôte pour qu'il rejoigne l'armée, qu'il soit éduqué à être un soldat et si c'est une fille, l'honneur est encore plus grand car elle deviendra une valkyrie. Ma mère en était une, je ne l'ai que très peu connue... Elle était froide, antipathique et dénuée de tout sentiment à mon encontre. Elle n'avait d'amour et d'affection que pour la couronne qu'elle défendait, rien d'autre. Alors je me suis jurée de ne jamais être mère, de peur de reproduire la même chose avec mon enfant. » Tu fronces les sourcils, bien que tu ne l’interrompt pas durant ses explications. Bien qu’au vue de son tracas, tu te demandes si tu n’peux pas faire le lien immédiatement sur ce qui se passe avec ta meilleure amie… La voyant prendre un bonbon sanglant, tu fais d’même avant qu’elle reprenne la parole. « Il y a un mois de ça, Hélios et moi avons cédée à ce qui semblait être un désir violent et enfouis depuis des années. Nous avons passé un mois merveilleux... Et j'ai découvert que ton frère était quelqu'un de très doux et de romantique, sous sa carapace de chef des armées. Sauf qu'il y a deux jours de ça on m'a fait des examens et... Je suis enceinte. » Malgré tout, tu t’étouffes sur la friandise, devant prendre une grande gorgée de sang pour calmer le tout. Car ouais, même les vampires peuvent s’étouffer sous l’coup d’la surprise.

Tu jettes un regard incrédule à Séléné, assimilant lentement mais sûrement le flot d’informations qu’elle vient d’te balancer. « T’es certain qu’tu te trompes pas de frère et qu’ce gosse n’est pas d’moi? » Est la première chose peu intelligente que tu trouves à répondre. Avant d’secouer la tête et passer une main sur ton visage. « Hélios… doux et romantique. C’est ce qui m’fout le plus à terre, j’crois. » Il s’tourne de nouveau vers Séléné, cette fois avec un visage plus sérieux. « Tu t’es jurée cela stupidement, Séléné. Juste par principe que tu sois terrifiée d’lui ressembler fait déjà d’toi une meilleure mère – enceinte ou non. J’ne doute pas que tu seras une mère fantastique, compensant pour la rigidité des Moldovan. Et… tu trouves que c’une bonne nouvelle, ta grossesse? T’en as déjà parlé avec Hélios? » C’est dur d’implanter toutes les informations dans ta cervelle de moineau, mais arrivé au bout d’tout ça tu veux t’enquérir de l’état d’esprit d’Séléné face à la nouvelle. D’toute manière, peu importe la réaction de Hélios ou d’vos parents, t’sais que tu vas défendre ta meilleure amie tous crocs dehors. Qu’elle veuille de ce bébé ou non.

« C’excellent, tu t’gardes les rendez-vous romantiques au cinéma qu’avec moi. » Tu tournes ton regard amusé vers lui, avant de piquer un bonbon sanglant que tu fais disparaître entre tes lèvres pulpeuses. Et tu le croques, alors que le sang explose sur ta langue et t'fait râler de plaisir. L'sucre, mélangé au goût si particulier d'ce sang est vraiment un délice qui pourrait te faire revenir si souvent dans ce cinéma. L'instant est parfait, sans doute pour ça que ta langue se délie si rapidement en présence de ton meilleur ami. « Parce que tu es l'véritable amour d'ma vie ! » Que tu dis avec un petit rire, appréciant ce jeux auquel vous vous adonnez parfois. Et que personne ne comprend, toi Minerve qui sait envoyer au tapis tant de soldats, qui te laisse aller à juste être toi même en présence de l'Océan. L'magnifique titan des mers solitaires alors qu'il est pour toi, aussi beau qu'un rayon de soleil. Il y a peu de gens que tu aimes vraiment dans c'monde mais ton meilleur ami, tu refuses de t'en passer une seconde. Sans doute parce que ta vie serait triste, autant que si Hélios n'était pas à tes côtés. Tu vis, depuis que tu as rencontrée les Moldovan et qu'importe qu'on te dise traître, parce que tu t'es détournée de la famille qui t'a vue naître. Tu ne regrettes jamais, c'est impossible pour toi.

Peut-être est-ce le fait que ça soit lui et pas un autre, le fait que tu te retrouves dans un endroit clos et loin de l'ambiance rude et militaire de la caserne mais tu vides ton sac, si vite que t'es surprise toi même. « Tu m'fais parler trop vite. C'est agaçant. » Que tu fais remarquer avec un sourire quand même. Ca te fait du bien de tout lâcher, de n'plus garder pour toi ce que tu as dans la tête. Et juste de le dire à quelqu'un qui ne te jugera, qui continuera à être là sans poser sur toi un regard noir de tout ce qu'on ne dit pas. Et quand tu le vois qui s'étouffe, tu n'peux retenir un ricanement avant de lui passer une main dans le dos, pour tapoter un peu. Inutile, on a jamais vu de vampire mourir étouffé, simplement car l'air ne vous est pas vital. Mais c'est drôle de voir qu'il peut être si humain, sans jamais l'avoir été cependant. « T’es certain qu’tu te trompes pas de frère et qu’ce gosse n’est pas d’moi? » « Si seulement ton cœur n'était pas aux hommes chéri, mais oui je suis certaine. » Dis-tu avec un sourire complice, presque désolé d'voir qu'il pense son frère si étranger à l'image que tu lui décris. Pourtant Hélios... Il t'a montré une nouvelle facette de lui même ce mois-ci et tu es charmée, vraiment.

« Je sais, j'ai été la première surprise lorsqu'il m'a apporté le petit-déjeuner au lit. » Et tu sais que cette nouvelle information va sans doute achever ton meilleur ami. C'est que sa relation avec son frère n'est pas la plus douce qui existe. Mais ça n'te regarde pas et tu n'es personne pour oser t'en mêler. « Tu t’es jurée cela stupidement, Séléné. Juste par principe que tu sois terrifiée d’lui ressembler fait déjà d’toi une meilleure mère – enceinte ou non. J’ne doute pas que tu seras une mère fantastique, compensant pour la rigidité des Moldovan. Et… tu trouves que c’une bonne nouvelle, ta grossesse? T’en as déjà parlé avec Hélios? » Voila que tu grimaces avant de reprendre un bonbon, pour te concentrer sur autre chose. Il a raison, tu n ressembles pas à ta mère. Et si... Et si face à ton enfant tu ne ressent rien ? Si tu n'as pas envie de tenir ce rôle ? Voila une angoisse que tu préfères remettre à plus tard pour prendre le temps de respirer, de te poser. Une seconde, pour n'pas céder à cette panique violente. « Une bonne nouvelle ? Je ne sais pas... J'imagine que ça en est une. Cependant... Ca ne fait qu'un mois et je ne sais même pas où va nous mener cette histoire. Et puis j'ai toujours fait attention, c'est bien la première fois que ça m'arrive ! » Que tu rajoutes en fixant l'écran devant toi. De tous tes amants, il ne t'a fallu qu'une seconde pour envoyer aux flammes des siècles d'attention. « Je n'ai encore rien dit à Hélios, j'ai peur qu'il le prenne mal. C'est si récent entre nous deux, que je ne veux pas qu'il se sente obligé de quoi que ce soit. Il est un sang-pur, l'héritier de Russie. Je ne suis qu'une militaire... Ce serait folie de m'imaginer digne de me tenir à ses côtés avec son enfant. » Tu tournes ton visage vers Oslo, lui offrant un sourire perdu, désolé. « Tu crois que je devrais lui dire ? »