Just you and me under the stars ~ Siam

Au bord de l'eau, au crépuscule ...

Comme Siobhan l'avait décidé finalement, nous étions d'abord allé dans la citée pour lui acheter de nouveaux vêtements. Mes lunettes de soleil sur le nez pour faciliter mon acclimatation aux rayons, je l'avais accompagné dans chaque magasin qu'il voulait faire, marchant le plus près de lui possible dans les rues et ruelles de sorte que nos bras se frôlaient fréquemment. J'étais fou de lui mais je ne me sentais pas prêt à afficher notre relation aux yeux et aux sues de toute l'île. Déjà que nous ne passions pas inaperçu... Les mains dans les poches, j'hochais la tête pour donner mon avis sur les fringues que Siobhan essayait. Contrairement à ce que je pouvais laisser paraître, cela ne me dérangeait pas de parcourir les boutiques avec lui.

Je ne lui opposais aucune limite, il était en droit de prendre ce qu'il voulait, quelque soit le prix et je payais. C'était nécessaire pour son confort personnel et j'avais largement de quoi pour ne pas regarder à la dépense. Lorsqu'il jugea avoir ce dont il avait besoin, nous quittâmes la sécurité des remparts pour nous diriger vers les ruines. Les paquets de Siobhan regroupés dans une seule main comme s'il ne pesaient pas plus qu'une plume, j'entrelaçais ses doigts avec les miens, plus personne n'étant à l'horizon. J'étouffais un soupir de soulagement, je retrouvais enfin la sensation de sa peau contre la mienne. J'avais envie de plus mais me contenais, autant par désir de le voir prendre des initiatives que par peur de ne plus pouvoir m'arrêter. Et nous avions encore du chemin à faire pour arriver aux ruines, puis aux sources chaudes.

Heureusement qu'il y avait le contact de sa paume contre la mienne, sinon je me serais rapidement lassé de la vitesse imposée par la nature de Siobhan. Après plusieurs minutes à marcher à allure modérée, nous parvînmes finalement aux ruines. Je n'étais pas réellement censé être là mais peu m'importait. Où n'irais-je pas pour les beaux yeux de cet homme ? Le site était magnifique avec ses colonnes brisées de différentes hauteurs, divers escaliers encadrant l'ancien bâtiment qu'on pouvait deviner grandiose dans son ancien temps. "Nous ne savons pas réellement quelle civilisation était présente sur l'île avant notre arrivée, elle a été chassé par les premiers sangs-purs qui ont érigé les fondations d'Haima telle qu'on la connait aujourd'hui... Malheureusement, il n'y a que peu de documents sur cette période et il est difficile, pour ne pas dire impossible, de reconstituer les événements passés." expliquais-je tandis que nous nous baladions à travers les lieux.

Le soleil commençait sa descente dans le ciel sans nuages. Durant notre escapade dispendieuse, j'avais le toit des boutiques pour m'abriter mais dorénavant... Disons que j'avais hâte que l'astre terminât son chemin et que la lune prît sa place. Ma peau nue crépitait doucement, mise à mal par les rayons incendiaires. Je n'en dis rien, profitant du moment en compagnie de Siobhan. Un pas de plus dans ces landes rocailleuses et un éclair de lumière m'aveugla. Je m'avançais vers la position indiquée pour y ramasser une pièce antique salie qui avait dû être déterrée par les vents des derniers jours. "Un souvenir." dis-je en lui tendant l'écu.

Nous avions parcouru les ruines pendant une bonne demie-heure, le soleil étant arrivé près de l'horizon, les lieux devenant particulièrement sombre. "Il est temps de partir. C'est plutôt loin donc..." affirmais-je en laissant en suspens ma phrase. J'avais bien compris qu'il n'était pas particulièrement confortable avec les déplacements à vitesse vampirique. "Cela vaut le coup, crois-moi." ajoutais-je avant de lui demander de monter sur mon dos. J'aimais tellement le sentir contre moi...

Sans plus tergiverser, je m'élançais à vive allure, à peine ralentis par le poids de Siobhan et de ses sacs de course dans mes mains. Je m'arrêtais peu avant d'entrer sur les lieux et fis glisser Siobhan au sol, le soutenant le temps qu'il se stabilisât. "On est arrivé. Tu me fais confiance ? demandais-je, incertain quant à sa réponse. Ferme les yeux." ordonnais-je doucement. Je glissais ma main libre dans la sienne et le conduisis sur le reste du chemin qui menait vers les sources. "Ne triche pas." le grondais-je gentiment pour le dissuader.

Je le positionnais face aux eaux chaudes avant de l'enlacer, calant mon torse contre son dos. "Tu peux ouvrir les yeux." murmurais-je à son oreille avant de l'embrasser sur la joue. Les étoiles scintillantes de cette sublime nuit se reflétaient avec magnificence sur la surface lisse des sources. J'avais passé la fin de journée à l'imaginer dans ces eaux et maintenant que ce moment était arrivé, le désir m’étouffait. Je déposais un dernier baiser dans le cou de Siobhan puis m'écartais. Je me déshabillais, mes vêtements rejoignant les achats de l'après-midi que j'avais posé précédemment sur une pierre dans un coin.

Nu comme vers, je paradais devant Siobhan en prenant, pour une fois, mon temps pour m'approcher du bord. Finalement, je plongeai tête la première dans l'eau chaude mais pourtant si rafraîchissante pour mon corps en ébullition. Je refis surface quelques secondes plus tard au milieu de l'étendue liquide, me mettant debout pour laisser mon torse apparaître jusqu'à la naissance de mes abdominaux. "Tu viens ou pas ?" demandais-je, taquin. De toute façon, s'il ne venait pas bientôt, il était clair dans mon esprit que j'irais moi-même le chercher.

Au bord de l'eau, au crépuscule ...

Nous étions finalement parvenus aux sources chaudes. Sa rapidité à me confirmer qu'il me faisait confiance m'avait surpris et je mis un léger instant avant de le guider à l'aveugle vers les lieux. Je souris à sa remarque, même s'il ne pouvait le voir. Comme si j'allais le laisser avoir ne serait-ce qu'une égratignure en ma compagnie. "Je ne te lâche pas." promis-je, imprégnant volontairement ma réponse d'un double-sens. Je le laissais s'imprégner de la vue qui s'imposait à lui, avec l'eau qui reflétait les étoiles et entourée de verdures. La flore créait un cocon intimiste de part et d'autres des sources.

Son corps réagit à mon baiser sur la peau nue de son cou et je ne pus m'empêcher d'en être bêtement heureux. J'aimais savoir que je lui faisais autant d'effet que lui sur moi. Je sentis la brûlure de son regard sur mon corps tandis que je me déshabillais plutôt que je ne le vis réellement. Cela me rendait fou... Sauter tête la première dans l'eau semblait la meilleure solution, autant pour me rafraîchir malgré la température des sources que pour m'éloigner de Siobhan. Ne pas lui sauter dessus, ne pas lui sauter dessus. C'était mon mantra pour rester sagement à ma place, attendant pourtant avec impatience qu'il me rejoignît.

Je ne perdis pas une miette du spectacle qui se déroula devant mes yeux tandis que Siobhan enlevait à son tour ses vêtements. Mon regard parcourut son corps de long en large, le désir affluant dans mes veines au fur et à mesure qu'il se découvrait. J'étais au bord de l'implosion et faisait un énorme effort de maîtrise pour lui laisser le temps de venir vers moi. Je souris également, bien égoïstement, cela valait le coup de le voir en tenue légère dans ces lieux. "Tout le plaisir est pour moi." répondis-je, taquin, alors que mes yeux parcouraient son visage puis son torse lentement.

Je fermai les yeux, profitant de la chaleur de sa paume contre ma joue complètement aux anges. Et ce n'était rien comparé à la douceur de ses lèvres contre les miennes. Je répondis à son baiser avec la même langueur, laissant volontiers sa langue jouait avec la mienne. Mes mains trouvèrent d'instinct ses hanches pour rapprocher nos corps. Un soupir d'aise m'échappa tandis qu'il s'éloignait pour récupérer son souffle. J'ouvris les yeux et mon regard tomba dans celui de Siobhan. "Merci d'être resté avec moi… j'ai vraiment apprécié cette journée." "Moi de même... Si je pouvais, je resterai avec toi tous les jours... Quoique tu pourrais te lasser de moi, à force." plaisantais-je à moitié.

Comme s'il avait besoin de ma présence pour se lasser, ne pus-je m'empêcher de penser. Il ne fallait pas que je me laissasse déborder par des pensées négatives, il était là, devant moi, l'eau cachant à peine son intimité. Shit, il était si sexy ainsi mouillé, sous les étoiles... Je voulais plus qu'un baiser, je voulais toujours plus... Je le désirais corps et âme, encore et encore. "Siobhan... murmurais-je en collant mon front contre le sien. C'est ta journée, prends le contrôle... lui intimais-je, voulant connaître ses propres désirs et envies. Demande-moi tout ce que tu veux, utilise-moi..." ajoutais-je finalement, insistant sur le "tout", impatient d'accéder à sa volonté mais tout même un peu inquiet de ce que son cerveau rebelle pourrait trouver.

Au bord de l'eau, au crépuscule ...

Envolé la belle confiance en moi lorsque j'étais près de lui. Je ne comprenais pas pourquoi il n'avait pas encore fuit loin de moi mais égoïstement, j'en étais ravi. Mais, vraisemblablement, il n'était pas rassasié pour le moment et cela s'accordait parfaitement avec ce que j'avais en tête, avec mes propres envies. Surtout à la vue de cette langue qui léchait ostensiblement ces lippes provocatrices. Merde... Et avant même que je ne réfléchisse, une proposition dangereuse fendit l'air. Et au vu de sa réaction corporelle, il appréciait beaucoup trop mes paroles. “Ce que je veux… mmh… laisse-moi réfléchir… je veux que tu ailles t’asseoir sur le rebord là-bas”. Je jetais un rapide coup d’œil dans la direction qu'il venait de m'indiquer avant d'hocher la tête. "Bien, m'sieur" répondis-je avec un sourire en coin.

Bien qu'une pointe d'inquiétude me taraudait, je me détournais de Siobhan pour me diriger vers le rebord et m'y hisser avec lenteur, laissant l'homme derrière moi profitait du spectacle. “Laisse-toi faire”... Plus facile à dire qu'à faire pour un maniaque du contrôle comme moi mais après tout, c'était mon idée. Sans m'en rendre totalement compte, mes doigts se décrispèrent peu à peu alors que les lèvres incandescentes de Siobhan s'activaient sur ma peau gelée. Je ne loupais pas une miette de la vue que m'offrait Siobhan et, instinctivement, ma main se retrouva dans ses cheveux, accompagnant ses gestes plutôt que cherchant à les forcer. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui me manquait. Même si... "Bordel, Siobhan..." gémis-je, à bout de souffle, plus qu'heureux de la délicieuse torture qu'il me faisait vivre.

Il n'avait pas fallu longtemps pour que mon membre ne se dressât sous les attentions de Siobhan. Enfin, pour être totalement honnête, le voir nu dans l'eau avait déjà bien aidé. Il me rendait dingue. Et ce n'allait pas s'arranger alors qu'il s'écartait de moi. Je n'avais qu'une envie, ramener sa bouche à l'endroit où elle était quelques secondes plus tôt. Néanmoins, face à sa demande et son désir flagrant, je répondis: "Bien volontiers..." Toutes les occasions étaient bonnes pour le toucher alors... Mes lèvres effleurèrent les siennes avant de descendre sur sa mâchoire, son cou tandis que mes mains étaient bien ancrées sur ses hanches. J'étais bien parti pour recouvrir tout le haut de son corps de caresses jusqu'à ce que...

Mes doigts se crispèrent sur sa peau lorsqu'il formula sa demande. J'avais su que ma proposition était dangereuse à la seconde où elle traversa mes lippes mais là... J'en avais la confirmation. J'aurais presque pu en avoir des sueurs froides. Je voulais lui faire plaisir, répondre à ses désirs, laisser mon passé derrière moi mais là... Je n'étais pas certain d'être capable de franchir ce pas. "Je... Honnêtement... Je ne sais pas si j'en suis capable, Siobhan..." avouais-je, en baissant les yeux. Mais si tu y tiens, je veux bien essayer..." ajoutais-je rapidement en plongeant de nouveau mes yeux dans les siens.

Ma main glissa de sa hanche à son sexe et entama sa danse tandis que mes lèvres trouvèrent les siennes, les massant avec douceur. Je laissais à Siobhan le libre arbitre d'accélérer le rythme s'il le désirait, je pouvais au moins lui céder sur ce point. Son membre dressé dans ma paume, je finis par le lâcher pour me retourner, lui présentant alors mon derrière. Mais visiblement, quasi huit siècles n'effaçaient pas les souvenirs. A la sensation de son anatomie contre la mienne, j'eus un haut-le-cœur et m'éloignais -trop- rapidement de mon amant. "Je... Je ne peux pas" murmurais-je difficilement, les mains en l'air en signe d'excuse.

Je me détournais de Siobhan, honteux. Mes coudes finirent sur le rebord des sources et je pris ma tête dans mes mains, en proie à des fantômes datant de mon enfance. Je gémis de douleur, autant physiquement que mentalement. Un kaléidoscope d'images de sexe et de sang, de sensations de soif, de saletés et de répugnance pour soi et pour autrui défila sous mes paupières closes, s'imprégna sous ma peau mouillée. Huit siècles et les dégâts étaient toujours là. Siobhan m'impressionnait. Après ce qu'il avait vécu, ce que moi-même je lui avais fait vivre, je ne comprenais pas comment il pouvait accepter que je le touchasse, comment il pouvait m'accepter moi...