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 Bonne journée pour mourir ~ Dulhena

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Serehnia K. Duyên
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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyMar 23 Juin - 0:09

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !


Je n'étais plus rien, si ce n'était qu'un bout sanguinolent de chairs à vif. Elle avait voulu me briser et elle avait réussi, aussi bien physiquement que psychologiquement. Je m'étais évanouie à cause de la douleur et à mon réveil, elle ne s'était pas atténuée, bien au contraire. Un liquide visqueux m'empêchait d'ouvrir correctement les yeux. Je voulus me frotter les paupières mais le geste ne réussit qu'à me faire hurler de douleur, une décharge traversant mon bras dès que je tentai de le faire marcher. Plusieurs endroits de mon corps semblaient brûler mais ce n'était rien à côté du feu qui coulait dans mes veines.

Malgré cela, j'avais froid. J'étais glacée pour être exacte. L'humidité de la végétation dense qui amortissait ma carcasse s’infiltrait sous ma peau. Je mis un moment à comprendre qu'elle avait fini par m'abandonner dans une forêt, aussi nue qu'on pouvait l'être, seule explication qui expliquait l'odeur d'écorces, qui masquait à peine celle de mon propre sang, et les picotements des feuilles sous mes côtes. Un ange vola. L'odeur de mon propre sang. Heureusement, mon estomac était totalement vide et je n'avais rien à vomir. Néanmoins, mon corps se secoua de spasmes qui violentèrent mon corps endolori, m'arrachant un couinement de souffrance.

J'étais en train de me vider de mon sang et il n'y avait rien que je puisse y faire. Pourtant, je ne pouvais pas rester ainsi sans rien faire, me laisser mourir à petit feu. Peut-être que j'étais en mesure d'agir pour survivre ou... de trouver un moyen d'accélérer les choses. Je ne voulais pas attendre des heures pour mourir d’hémorragie ou pire, que des bêtes sauvages, attirées par l'odeur, viennent me déchiqueter. "Arrête de penser à ça, Serehnia, merde..." croassais-je, la gorge desséchée, pour me donner du courage. Après tout ce que j'avais traversé, je ne pouvais pas la laisser gagner ainsi, me faire disparaître du paysage aussi facilement... Foutus vampires !

Rassemblant mes maigres forces et mon semblant de courage, je commençais à ramper à l'aide de mon bras valide, m'écorchant toujours plus la peau contre les branches, et autres, présents au sol. J'avançai lentement, pendant ce qu'il me semblait être une éternité, laissant une traînée de sang derrière moi. J'étais épuisée mais je refusais de lâcher prise. A travers mes paupières à moitié ouvertes, à moitié fermées, la lumière paraissait plus vive, la flore moins dense. Peut-être l'orée des bois et, avec celle-ci, la civilisation, si maigre soit-elle ?

Quelques mètres plus loin, il était temps de se rendre à l'évidence, il n'y avait rien, personne. Je n'avais plus de force et de la lave semblait couler dans mes veines. "J'arrive, grand-mère" murmurais-je difficilement tandis que mon corps commençait à peser aussi lourd qu'une chape de béton. Au moins, l'évocation de ma défunte proche avait soulagé mon cœur à l'approche de la mort. Ma tête se posa sur mon bras ensanglanté par cette éternité passée à ramper. Mes paupières étaient lourdes, très lourdes. Je crus apercevoir une silhouette, un ange peut-être, et je voulus l'appeler mais je n'en étais plus capable. L'instant d'après, je sombrais de nouveau, certaine que cette fois, je n'ouvrirais plus les yeux dans ce monde.


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Eros Vilhena
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Eros Vilhena
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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyMer 24 Juin - 21:43

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation


Le premier collet était vide, mais dans le second, un lièvre s'était fait prendre. Le lacet avait joué son rôle d'étrangleur, Éros dégagea la dépouille de l'animal et replaça le piège. Attrapant son butin par les pattes arrières, il se dirigea vers les autres appâts assassins qu'il avait placé la veille. Il n'aimait pas trop être de corvée de chasse pour nourrir le clan, préférant de loin prendre des risques face à des immortels mais c'était une des parts du marché pour continuer à vivre au camp. Chacun devait mettre la main à la pâte afin que cette petite communauté puisse fonctionner. Le chasseur se fraya un chemin entre les arbres tortueux de la forêt, repoussant les branches de sa main libre et prenant soin d'éviter les racines noueuses.

Le paysage devint clairsemé et plus lumineux, signe qu'il quittait la noirceur des bois et se dirigeait vers le camp. Alors qu'il avançait à pas soutenu, un détail attira son attention. L'odeur habituelle et si particulière que dégageait la végétation ambiante était souillée d'une note plus ferreuse. Rien à voir avec les gouttelettes de sang qui perlaient derrière lui, c'était bien plus intense. Ses yeux trouvèrent rapidement la source : au sol, une traînée de sang s'étendait sur une bonne distance. Le jeune homme s'accroupit et du bout du doigt, il récolta un peu de liquide rougeâtre. Ce dernier appartenait à un humain, il en était certain. Fronçant les sourcils, il se remit en marche et suivit la piste. Un vampire avait-il eu l'audace de chasser si près de là ? À quelques pas d'un camp de chasseurs entraînés. C'était du suicide.

Au loin, il aperçut une masse informe étendue sur le sol. Son sang ne fit qu'un tour en comprenant qu'il s'agissait du corps d'une femme. Il s'inquiéta d'abord pour ses confrères chasseurs, en priant pour que ça ne soit pas l'un d'entre eux mais ses craintes s'envolèrent rapidement. L'inconnue sous ses yeux était dans un piteux état et s'il n'avait pas eu l'habitude de voir des corps meurtris, son cœur se serait soulevé de dégoût. S'agenouillant à ses côtés, Éros prit son pouls et fut soulagé de constater qu'elle était seulement inconsciente. Elle lutait certes mais elle était vivante. L'attaque avait dû être récente donc prenant conscience du danger, le chasseur se plaça sur ses gardes. Il quitta sa longue veste afin de recouvrir la jeune femme puis, calant un bras sous le plis de ses genoux et l'autre sous ses aisselles, il la porta sans mal. D'un geste ferme, il ramena le corps sans vie contre son torse, le lièvre qu'il avait niché sur elle se retrouva dans la même position.

Le camp était désert à cette heure-ci et c'était tant mieux, Éros n'aimait pas devoir donner des explications. Délicatement, il installa la jeune femme sur son lit de fortune. Le confort était sommaire mais amplement suffisant pour son frère et lui, ils s'étaient adaptés à une vie simple, loin du luxe ou de la technologie. Un peu désarçonné, il se demanda par où commencer. « Voyons... » réfléchit-il en se grattant la nuque. Il n'était pas médecin mais par la force des choses, il avait appris à se débrouiller. Le chasseur raviva les braises et fit chauffer une petite bassine d'eau qu'il avait au préalable été puiser. Dénudant de nouveau les courbes de l'inconnue, il s'appliqua à nettoyer la peau de celle-ci à l'aide d'un linge propre, tamponnant délicatement aux endroits blessés et rougissant légèrement en approchant des zones intimes. Les plaies nettoyées, il pouvait désormais se rendre compte de l'étendu des dégâts. Putain, le monstre qui lui avait fait ça était un véritable boucher. Après un rapide diagnostic d'amateur, il pansa les plaies et banda les endroits nécessaire pour stopper les potentielles hémorragies. Remarquant que l'os du bras avait sans doute était brisé, il fabriqua une atèle de fortune à l'aide d'un bâton, bloquant tous gestes éventuels. Il fit tenir le bout de bois en les enroulant de sparadrap. « Le bras est sauvé au moins. » plaisanta-t-il amèrement en la drapant d'une couverture. Fatigué, il s'assit à même le sol et se pinça l'arrête du nez. Cette attaque si près du camp, qu'est-ce que cela pouvait signifier ? Bref, la priorité était de sauver cette fille. Prêt à la veiller aussi longtemps qu'il le faudrait, elle semblait fiévreuse. Alors qu'il déposait un coton frais et humide sur son front, ses paupières bougèrent.


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Dernière édition par Eros Vilhena le Dim 28 Juin - 14:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyJeu 25 Juin - 0:32

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !


J'avais lutté de toutes mes forces pour trouver de l'aide, essayer de m'en sortir mais je devais me rendre à l'évidence, personne ne me sortirait du pétrin cette fois. Ma bonne fortune avait réussi à quitter l'impotente que j'étais. Je me sentais partir, sous peu j'allais rejoindre ma grand-mère, cette pensée m'accordant un peu de réconfort à l'approche de la faucheuse. Une silhouette se dessina sous mes paupières alors que je sombrais. Rêve ou réalité ? Et si je ne l'avais pas imaginée, amie ou ennemie ? Au pire, j'étais déjà morte alors... Peu de temps après, cela n'avait plus d'importance, je flottais. Étais-je en train de rejoindre le ciel ? Je n'étais même pas certaine de le mériter, après tout.

Le froid s'était atténuée, je devais donc finalement avoir quitté le plan terrestre. Quelle autre explication sinon ? Pourtant... le feu qui me consumait à l'intérieur était toujours présent. J'avais envie de hurler, de faire quelque chose pour l'arrêter mais j'étais perdue dans les méandres de mon inconscience. Impuissante. L'enfer, c'était forcément cela. Je n'avais jamais été à proprement parler croyante mais face aux épreuves que j'étais en train de traverser... Il devait bien y avoir une sorte de Purgatoire. Ne pouvais-je pas simplement mourir ? Mon esprit s'envolant vers un ailleurs meilleur ? Très loin de cette fichue vampire ? Apparemment pas.

Néanmoins, le voyage finit par s'achever. Un poids d'une tonne semblait m'écraser au sol, m'enliser dans ma propre inconscience.  La morsure du froid revint, contrastant violemment avec la lave qui s'écoulait dans mes veines. Il fallait que cela s'arrêtât. N'avais-je pas assez souffert de mon vivant ? Par quelle cruauté devais-je également être torturée dans ma mort ? Ce n'était pourtant rien comparé à ce qui allait suivre. Des tisons chauffés à blanc paraissaient s'enfoncer en moi, moduler mon esprit. Je criais, criais mais rien ne s'échappait de mes lèvres désespéramment closes. Alors, j'endurais. Je devenais bonne à cela. Mon corps, quant à lui, était plus récalcitrant. A chaque plaie, le membre malmené était secoué d'un spasme involontaire, incontrôlable. Dans mon inconscience la plus totale de la réalité, j'essayais de penser à ma vie avant elle. Redessiner le visage de ma grand-mère dans l'obscurité de mes paupières closes.

Après ce qui me sembla des heures, la douleur s'estompa, enfin... Disons qu'il ne restait plus que celle, presque habituelle dorénavant, qui résultait du magma en fusion qui circulait dans mon corps, échauffant mon esprit. Aussi soudainement qu'un éclair frappant un arbre, la douleur déchira mon inconscient. Un gémissement instinctif traversa mes lèvres, plainte à peine plus forte qu'un murmure en réponse aux opérations effectuées sur mon bras. Effet secondaire, volontaire ou non, mon esprit se raccrocha à mon corps. La réalité me frappa tandis qu'un voix, lointaine, me parvenait sans que je ne comprisse le sens des mots. J'étais en vie. Je n'avais pas rêvé. J'avais réussi. J'avais survécu, quelqu'un m'avait retrouvée.

J'aurais pu sauter de joie, seulement... Merde, il faisait chaud. Si chaud. Je me débattais sans grand succès avec la couverture, sans même savoir que c'était d'un bout de tissu que je tentais de me libérer. Je cessai de gigoter alors qu'une fraîcheur nouvelle et bienvenue se diffusait dans mon corps, atténuant quelque peu le feu qui couvait à l'intérieur de moi. D'où cela venait ? Je ne comprenais plus rien. Avant même que je ne sache ce que j'étais en train de faire, mes paupières luttaient pour s'ouvrir. Il me fallut plusieurs secondes pour faire la mise au point, que l'image s'imprimât dans mon cerveau et que l'information fut enregistrée. Des yeux. Un visage. Un regard planté dans le mien, me scrutant. Un hoquet de surprise m'échappa.

Par pur instinct de survie, aussi stupide fut-il, je tentais de m'éloigner de l'inconnu qui me dévisageait, appuyant sur mon bras meurtri par réflexe. Un hurlement de douleur franchit mes lèvres et je retombais sur le matelas lourdement, des étoiles dansant devant mes yeux, le bras plié sur ma poitrine, geste de protection envers le membre endommagé. Dans ma vaine échappée, la couverture ainsi que le linge sur mon front avaient glissés. Mon esprit, peu enclin à me laisser me reposer dans une situation qu'il considérait comme dangereuse, me ramena à la conscience, faisant ainsi disparaître les lucioles une à une.

Puisqu'il n'était vraisemblablement pas envisageable de bouger, je restais totalement immobile, fixant l'inconnu sans réellement savoir ni ce qu'il attendait, ni ce que j'attendais de lui. J'avais du mal à réfléchir, mes pensées peinaient à s'organiser de manière claire dans mon esprit. Déshydratée, je léchais mes lèvres gercées."Qu'est-ce que... Où ?... Qui ?" demandais-je finalement avec difficulté, me contentant du strict minimum au vu de l'effort considérable que ces quelques syllabes avaient déjà fait subir à ma gorge irritée. J'avais toutes les raisons d'être terrifiée, je ne le connaissais pas et, visiblement, je me mettais facilement dans de sales histoires, mais... Il dégageait quelque chose d'indescriptible qui me mettait en confiance. Une confiance toute relative mais tout de même. Est-ce que j'avais le choix de toute manière ?  


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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyDim 28 Juin - 20:42

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation


 L'état de l'inconnue était préoccupant et Éros n'avait aucune idée de comment procéder afin de la soigner correctement si bien qu'il en venait à douter. Aurait-il dû la déposer à l’hôpital d'Haima plutôt que de la ramener au camp ? Avait-il fait le bon choix ? En optant pour la seconde option, ne l'avait-il pas condamnée à une mort certaine alors qu'avec la première, elle aurait pu avoir des chances de s'en sortir face à de vrais médecins ? Il était trop tard pour regretter maintenant et le chasseur ferait tout pour qu'elle survive malgré ses faibles compétences en matière de soins.

Il écarta délicatement les mèches rebelles plaquées sur le front de l'inconnue afin d'y déposer le linge humide. Elle avait l'air si fragile, semblable à une brindille prête à céder au moindre coup de vent, aucunement armée face à un vampire. Éros serra son poing à cette constatation, sa haine envers cette espèce s'alimentait un peu plus chaque jour. Cette fille s'était-elle retrouvé être la cible d'un jeu  sordide et sadique ? Sans doute était-ce le cas sinon pourquoi l'aurait-il laissé ainsi sans prendre la peine de l'achever ? Ou alors, une autre option était envisageable, quelque chose avait perturbé sa chasse et il avait dû fuir sans finir ce qu'il avait entamé. Mais alors qu'il se questionnait sur l'histoire de cette fille, il remarqua que ses paupières tressautaient. Elle était sur le point de reprendre conscience.

Lorsqu'elle ouvrit pleinement les yeux, elle paniqua et se recula de peur. Alors le jeune homme s'éloigna d'un pas et lui présenta ses mains, dans un geste de paix qui se voulait rassurant. Il n'était pas là pour lui faire du mal, elle n'avait pas à s'inquiéter mais cela devait être plus facile à dire qu'à faire pour elle. "Qu'est-ce que... Où ?... Qui ?" Éros put ressentir toute sa confusion. « Je ne vous veux aucun mal. » tenta-t-il de la rassurer en glissant un bref coup d’œil sur elle avant de détourner le regard. « Vous êtes en sécurité ici. » De la main, il engloba la totalité de la petite cabane afin qu'elle se calme en découvrant les lieux. « Le seul danger ici pour vous actuellement, c'est vous. » Cette remarque faisait réponse au fait qu'elle avait détruit la pauvre atèle qu'il lui avait confectionné en prenant appuie dessus, réanimant sans nul doute la douleur. « Vous m'autorisez ? » Avait-il demandé par politesse avant de se mouvoir de nouveau sans attendre la réponse. Il fouilla dans l'un de ses sacs et en sortit une chemise en jean. La vue ne lui déplaisait guère mais elle devait sûrement se sentir mal à l'aise vêtue dans le plus simple appareil. Le chasseur lui tendit le vêtement, non sans en profiter encore un peu. Il restait un homme après tout, un homme qui aimait les belles femmes et c'est ce qu'elle était malgré toutes les contusions qui couvraient son corps. Ses yeux glissèrent ensuite jusqu'à son oreiller, attirés par le reflet argenté que prodiguait l'arme blanche qu'il avait glissé dessous. « Ça fera l'affaire. » dit-il en déposant la chemise sur ses genoux dénudés.

Jaugeant qu'elle n'était pas en état pour tenter quoi que ce soit en découvrant cette arme, Éros lui tourna le dos, lui laissant l'opportunité de se changer tranquillement. « Vous êtes salement amochée » La déclaration restait vague, il souhaitait qu'elle s'ouvre d'elle-même bien qu'il avait reconnu l'empreinte distinctive qu'un vampire pouvait laisser sur le corps d'un humain. Cependant, il resterait flou parce qu'il n'était pas certain qu'elle soit au courant de leur existence. Elle devait suffisamment être en état de choc, inutile d'en rajouter avec des informations de cette ampleur. Il attrapa une bouteille et remplit un verre avant de faire de nouveau face à la victime. Un sourire narquois s'accrocha à ses lèvres lorsqu'il remarqua qu'elle n'avait pas réussi à boutonner sa chemise. Il se sentit idiot de ne pas avoir pensé qu'elle pouvait galérer avec un bras inutilisable. Il s'approcha et lui plaça le verre dans sa main valide, sans pour autant le lâcher. Il la fixa sévèrement « Buvez doucement. » conseilla-t-il afin de prévenir d'une éventuelle fausse route. Sa main quitta le verre en effleurant les doigts fins de la belle brune. Il s'accroupit devant elle, le rouge teintant légèrement ses joues, et d'un geste hésitant, il attrapa les deux pans de sa chemise. Délicatement, ses doigts boutonnèrent le tissu petit à petit, remontant jusqu'au niveau de sa poitrine. « Je m'appelle Éros et vous ? »



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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyLun 29 Juin - 3:08

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !


Merde, cela faisait mal... J'avais oublié, elle m'avait brisé le bras cette garce... Cependant, je ne devais pas perdre de vue que j'étais... J'étais où en fait ? Et j'avais beau avoir les pensées engourdies, j'étais persuadée que l'homme devant moi m'était inconnu. Pourtant, je connaissais du monde sur Haima, mais lui... Il semblait vouloir me rassurer mais je n'étais même pas certaine que j'étais mentalement disposée à l'être.  Je regardais autour de moi en le voyant gesticuler. C'était... rustique, surtout à côté de mon propre appartement. Néanmoins, je ne pouvais que concéder que c'était propre. De ce que je pouvais voir en tout cas.

Je ne répondais rien à sa remarque mais s'il savait à quel point il touchait juste, j'étais un problème ambulant. Plus maladroite, ça n'existait même pas, j'en étais quasi certaine. « Vous m'autorisez ? » demanda-t-il, coupant le fil de ma contemplation. J'étais perdue. De quoi parlait-il ? Qu'est-ce qu'il foutait ? Ma vue était trouble, j'avais du mal à me focaliser, ma concentration était plus que vacillante. Et ce ne fut que lorsqu'il me tendit un vêtement que je pris conscience de ma nudité. Je n'avais jamais eu honte de mon corps, ni de me découvrir devant des hommes, même que je connaissais peu. Mais cette fois, c'était différent. Pour commencer, je venais de me faire agresser, pour le seconde fois, et je remarquais finalement l'ampleur des dégâts. Elle m'avait pas loupée, cette pute... Et enfin, je n'avais aucune idée d'où j'étais et il ne semblait pas pressé de répondre à mes interrogations.  

Rouge pivoine, j'enfilais le plus rapidement la chemise en jean en serrant les dents tandis que je me contorsionnais dans tous les sens pour la passer. Je tentai en vain de la boutonner. Mon bras me faisait un mal de chien, mes doigts tremblants glissaient sur le nacre des boutons. Je finis par abandonner et à rabattre les pans de tissu pour me couvrir au mieux possible. Trop honteuse ou trop fiévreuse, ou un mélange des deux, je ne me rendis pas compte de son regard qui glissait vers l'arme à peine cachée. Et même si je l'avais su... Cela n'aurait rien changé. Je n'étais pas ce genre de personne et... Pour être honnête, je n'étais pas en mesure de faire quoi que ce soit. Je n'arrivais même pas à boutonner une chemise, bordel !

"Merci" murmurais-je à peine, gênée. Je me sentais mal, tellement mal. De la bile remontait dans ma gorge mais heureusement, rien ne pouvait sortir. Il manquerait plus que cela pour que j'atteignisse le summum de la honte. Pourquoi m'inquiétais-je plus pour cela que pour ma propre sécurité ? Je n'avais clairement pas les idées en place. Salement amochée, c'était peu dire et je devais mon état depuis des mois à une seule et même garce de vampire. Mais je ne comptais pas le lui dire, je ne le connaissais pas. Mon sang, qui paraissait si épais dans mes veines, battait avec cacophonie contre mes tempes. Je massais ces dernières alors qu'il s'approchait de moi, un verre à la main. Comme en prévision de ce qui allait suivre, ma langue passa sur mes lèvres desséchées.

J'étais assoiffée. Et peu m'importait qu'elle fut impure, empoissonnée ou autre, j'étais prête à boire tout ce qu'il me donnerait. J'étais déjà à l'article de la mort alors je n'avais plus grand chose à perdre de toute façon. Mes doigts peu assurés enserrèrent le verre qu'il me tendait tandis que je fixais mon regard dans le sien.  Je tressaillis alors que ses doigts effleurés les miens. "Hmmm" lâchais-je uniquement, salivant presque devant l'eau devant moi. Néanmoins, je suivis son conseil... Au début, en tout cas. Je finis le verre et le posa à mes côtés. Qu'est-ce que...? Je resserrais les jambes, cachant autant que je le pouvais mon anatomie alors qu'il était à genoux devant moi. Ma température corporelle, que je croyais déjà à son apogée, continua pourtant d'augmenter tandis qu'il boutonnait la chemise.

Ma respiration était saccadée, mais je n'étais néanmoins pas certaine de la raison. Peur, gêne et trouble se confondait dans mon esprit embrumé. Je regardais ses mains se mouvoir avec dextérité, incapable de poser mes yeux ailleurs. Mon cœur loupa un battement, ses doigts s'activant pour couvrir ma poitrine. On m'avait déshabillée plus de fois que je ne pouvais m'en rappeler, mais habillée ? Jamais. A peine eut-il fini sa besogne que ma main se referma avec difficulté autour de son poignet, mon index et mon majeur prenant la mesure de son palpitant. Je soupirais de soulagement, rassurée. Ace avait été un amour avec moi bien qu'il était également un vampire mais à ce moment précis, je ne me sentais pas capable d'en côtoyer un. Aussi "gentil" fut-il.

Mon regard finit par remonter sur son visage alors qu'il répondait finalement à la question qui me brûlait les lèvres. Éros. Et il était humain. Il avait pris soin de moi jusqu'ici. Pourquoi ? Je devais en avoir le cœur net. Cependant, après l'avoir jugé un instant, je préférai me présenter à mon tour, rééquilibrant le rapport de force. "Serehnia" soufflais-je doucement. Soudainement, un étourdissement me fit de nouveau voir les étoiles. Ma main chercha d'instinct une prise pour me soutenir tandis que je me sentais tanguer. Mes doigts se refermèrent mollement autour du biceps de l'homme devant moi, un gémissement en profitant pour s'échapper de mes lèvres.

Avec l'aide d'Éros, je finis par me rallonger sur le lit de fortune. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile néanmoins, je demandai faiblement : "Pourquoi...? Pourquoi ... vous m'aidez ?" Et pourquoi fallait-il toujours que je me retrouvasse dans la position de la pauvre demoiselle en détresse ? C'était usant à la longue. M'enfin, pour le moment, je n'avais d'autre choix que de subir la situation. Mon corps bouillonnait de l'intérieur et c'était loin d'être agréable. Si l'on ajoutait à cela tout le reste... Je me faisais l'impression d'être une bombe à retardement. J'aurais presque pu en rire. "Où suis-je ?" l'interrogeais-je pour la seconde fois, c'était tout de même une information capitale.

J'avais beau lutté, je me sentais partir une nouvelle fois. Ma vision se troublait de plus en plus, mon front se couvrait de sueur tandis que mon organisme rejetait l'agression dont il était victime. Je battais des paupières pour tenter de clarifier l'environnement dans lequel j'étais contrainte de batailler, mais il n'y avait rien à faire. "J'ai... J'ai... chaud" bredouillais-je dans un souffle, tentant à nouveau de me découvrir pour réussir à me rafraîchir, à respirer. "Qu'est-ce que... il m'arrive ?" couinais-je, ne pouvant empêcher une larme de couler sur ma joue. J'avais l'impression de me désintégrer de l'intérieur, la douleur était insoutenable. "Je vous en prie, faites que ça s'arrête !" suppliais-je, ignorant que mon sauveur serait bien incapable de faire quoique ce soit contre les radiations qui s'étaient infiltraient par les différentes plaies recouvrant mon corps, maltraitant alors mon génome.


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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyVen 3 Juil - 17:18

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation


Les doigts d’Éros s'attardèrent sur le dernier bouton. Couvrir ce corps magnifique était un supplice pour lui mais c'était un acte nécessaire pour le bien-être de sa propriétaire. Il songea qu'il devait l'être d'avantage lorsqu'il n'était pas criblé de plaies et morsures, c'était un tel gâchis et un crève cœur de le voir dans un tel état. Sa tête se redressa afin de capter le regard de sa protégée et il fut surpris de constater qu'elle le fixait curieusement. Se rendant compte que son geste pouvait être mal interprété et qu'il était très certainement déplacé, le chasseur retira ses mains du tissu mais l'une d'entre elle fut retenue captive dans l'étau faiblard que formaient les doigts de la femme. Il haussa un sourcil interrogateur à son adresse avant de comprendre ce qu'elle faisait. Si elle prenait le soin de savoir s'il était doté d'un pouls, cela signifiait qu'elle savait que l'archipel n'était pas peuplée uniquement d'humains. Un sourire étira ses lèvres. « Serehnia... » répéta-t-il, presque amusé. « C'est un joli prénom. » Tentant de se redresser, il fut stopper dans son élan. La jeune femme succombait à un nouveau malaise. Afin qu'elle ne se blesse davantage, il l'aida à se rallonger sur le matelas et prit place à côté.

Pourquoi ? Pourquoi avait-il décidé de s'encombrer, de s'ajouter des soucis en décidant de tenter de la sauver ? Aurait-il dû faire semblant de ne pas la voir et la laisser crever au milieu de ces bois humides ? Non, Éros était incapable de fermer les yeux face à quelqu'un dans le besoin. « Parce que je fais ce qui me semble être juste. » Éros avait un sens de la justice sur-développé et souffrait sans doute un peu du syndrome du sauveur. Une demoiselle en détresse, un petit chat coincé dans un arbre, un méchant à abattre ? Il fonçait tête la première sans réfléchir, tel un héros. C'était ce genre de comportement qui exaspérait son frangin et qui le mettait souvent dans des situations périlleuses. La leçon avait du mal à rentrer visiblement puisqu'il réitérait sans cesse les mêmes erreurs. Il réfléchissait avec son cœur et non avec sa tête, ce qui se révélait être problématique parfois. « Mais vous avez raison, pourquoi s'évertuer à sauver une plante qui vient d'être cueillie et piétinée ? » dit-il pour aller dans son sens tout en remontant la couverture sur ses jambes nues afin de les lui couvrir. Elle avait l'air étonnée de découvrir qu'il y avait encore des personnes capables d'altruisme dans ce monde. « Je sais reconnaître les belles plantes lorsque j'en vois une. » déclara-t-il simplement, un léger sourire sur le visage. Mais son charme n'avait pas l'air de fonctionner sur elle, elle n'arrivait pas à se calmer et devenait de plus en plus soucieuse de l'endroit où elle se trouvait.

« Quelque part à l'est d'Astrée » éluda-t-il, sans détailler davantage. Il n'allait pas donner la géo-localisation exacte du camp à une inconnue tout de même. Le vampire qui en avait après elle finirait sans doute par la retrouver pour finir sa besogne et... la boulette, Éros avait sans doute commis une énorme erreur en amenant cette femme ici mais ce n'était pas le moment d'y penser. Alors qu'il chassait ces prémisses de remords, Serehnia s'agita une fois de plus. Il colla sa main sur son front, elle était de nouveau brûlante de fièvre. Un peu gauche et brutal, il plaqua son avant bras sur la poitrine de la jeune femme afin de l'empêcher de gesticuler de plus belle. « Calmez-vous ! » ordonna-t-il avant de débouchonner la bouteille d'eau avec ses dents. De sa main libre, il ré-imbiba le linge et le déposa sur son front. « Ça ne fera qu'empirer si vous vous agitez. » Que lui arrivait-il ? Éros ne le montrait pas mais il se sentait lui aussi soudainement pris de panique, totalement désarçonné. Cependant, il gardait contenance afin de ne pas alarmer la jeune femme. Un doute lui traversa tout de même l'esprit, la bloquant toujours de son bras, il colla son oreille contre sa poitrine. Boum boum, boum boum. Son cœur battait toujours, ce qui signifiait qu'elle n'était pas en pleine transition. C'était déjà une bonne nouvelle. En se redressant, il remarqua la larme rouler sur la joue de Serehnia. De son pouce, il la chassa avant qu'elle ne s'écrase sur l'oreiller. « Racontez-moi. » commença-t-il « Racontez-moi ce dont vous vous souvenez. Que vous est-il arrivé ? » Il cherchait à la faire réfléchir, penser à autre chose afin qu'elle oublie la douleur qui la tiraillait de toutes parts. « Que faites-vous dans la vie, Serehnia ? » Inconsciemment, son pouce caressait son visage avec douceur, comme pour l'apaiser.

Éros relevait son buste, réduisant le poids qu'il exerçait sur elle quand un craquement se fit entendre à l'extérieur. Le chasseur détourna son attention de la jeune femme, sur le qui-vive, il attrapa le couteau qui gisait sous l'oreiller. Les autres n'étaient pas censés être de retour si tôt alors il banda ses muscles, prêt à bondir si cela s'avérait nécessaire. Les bruits se rapprochèrent, il glissa un regard vers Serehnia et lui intima de se taire par un mime.

Lancer de dés
Oui : C'est un animal sauvage qui, attiré par l'odeur du lièvre, s'approche et chaparde le butin.
Non : C'est Mindy, une chasseuse avec qui Éros flirte depuis quelques semaines.




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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyVen 3 Juil - 17:18

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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptySam 4 Juil - 1:41

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !




"Merci" glissa-t-il à peine hors de mes lèvres lorsque Éros complimenta mon prénom, sans même que je ne fisse attention à son ton. La raison en était simple : je me sentais perdre pied une fois de plus. Accroché à son biceps tant bien que mal, je le laissai m'allonger de nouveau. La douleur devenait de plus en plus insoutenable mais je luttais. Je luttais pour ne pas sombrer dans les abysses de mon inconscient, n'ayant que trop conscience de la situation dans laquelle je me trouvais. Je lui fis d'ailleurs part de mes interrogations, notamment sur la raison de son aide. J'en étais reconnaissante, vraiment, ne pas être morte alors qu'elle m'avait abandonnée en piètre état était à la limite du miracle. Mais tout de même...

"Juste ? Vous ne me connaissez pas." articulais-je difficilement entre mes dents serrées. Bon... Le fait que j'avais été victime d'un vampire se lisait sur mon corps et il n'avait pas dû en louper une miette vu que... Bref. Néanmoins, rien ne me permettait d'affirmer qu'il en connaissait l'existence. Mes sourcils se froncèrent à sa remarque suivante, pas certaine d'avoir bien entendu. Quelle comparaison... Le rouge me monta aux joues, honteuse. Considérait-il que j'étais "gâchée" à cause des blessures qu'elle m'avait infligées ? Peut-être... Peut-être avait-il raison après tout. Je fermais les yeux, autant pour échapper à son regard que pour refluer les vagues de souffrance qui menaçaient de me submerger petit à petit.

Il tenta de me rassurer, mais ce fut sans grand succès. "De jolies fleurs peuvent éclore d'une simple bouture" répondis-je néanmoins distraitement avant de revenir sur un sujet qui m'angoissait d'avantage. Où j'étais à la fin ? "Astrée ?" répétais-je stupidement, confuse, autant par le lieu où je me trouvais que par la douleur qui irradiait de l'ensemble de mon corps. Une question émergea tout de même de la brume qui envahissait mon cerveau: depuis quand il y avait des habitations humaines sur Astrée ? Habitées, qui plus était. Mais tout cela n'eut bientôt plus d'importance, leu feu dans mes veines s'accentuant de seconde en seconde jusqu'à devenir un brasier indomptable.

Inconsciemment, mon corps se débattait contre l'infection dont il était sujet, ce qui ne plût pas à mon sauveur puisque son bras atterrit en travers de ma poitrine. Mais, honnêtement, je n'en avais cure de ses gestes ou paroles, je voulais juste que ça s'arrêtât. "On échange... voir si vous... vous en sortez... mieux" haletais-je, une pointe de sarcasme qui pointait dans ma voix. Merde... Il faisait chaud, très chaud... Trop chaud. Mais qu'est-ce qu'il foutait ? Il m'aidait vraiment pas. Ne lui avais-je pas signifié que du feu coulait dans mes veines ? Il devait bien le voir aux grosses gouttes de sueur qui s’échappaient de ma peau. De toutes mes - maigres - forces, je tentai de le repousser, ne parvenant qu'à mêler mes doigts à sa chevelure.

La douceur de ses cheveux contrastaient avec le magma en fusion qui, semblait-il, avait remplacé mon sang. Mon bras retomba lourdement à mes côtés lorsqu'il se redressa. Je ne pus empêcher un soupir, puis une supplique, de s'échapper de mes lèvres tandis qu'une larme se libérait du carcan de mes paupières. La rugosité de son pouce sur ma joue me ramena quelque peu à la réalité. Se concentrer sur sa voix, oublier la douleur. J'avais compris l'idée mais la mettre en pratique était bien plus compliquée. "Je... J'sais plus... Elle m'a sautée dessus. J'ai rien pu faire puis... J'ai cru mourir. Puis toi." soufflais-je, les mots trouvant leur chemin avec difficulté. Involontairement, bercée par la sensation de sa peau contre la mienne, le tutoiement m'avait échappé.

Des larmes continuaient de couler le long de mes joues, sa diversion ne fonctionnant que peu. Néanmoins, je poursuivais notre discussion, reconnaissante de l'effort qu'il faisait pour me maintenir au bord du précipice. "J'ai un bar... Le Crépuscule... Elle m'attendait après la fermeture. Elle aurait peut-être mieux fait... de m'achever" lâchais-je, avec l'impression que mon corps était sur le point de flancher. Et, bizarrement, cela ne s'arrangea pas lorsqu'il s'éloigna. Si la douleur était la même, la sensation qu'un poids opprimé ma poitrine était dorénavant plus imposante.

Étrangement, je n'eus pas peur lorsqu'il tira ce que je décrypta comme un couteau de sous l'oreiller. Je préférais me dire que je n'en étais pas apte. Après tout, que savais-je de cet homme ? Son prénom, son soit-disant sens de la justice... La profondeur de ses yeux noisettes, la rugosité de sa peau contre la mienne... Le fait qu'il gardait une arme sous son oreiller, bordel. Et il était énervant à me dire quoi faire, en l’occurrence, de me taire si j'avais bien compris son signe, ce qui n'était pas évident. De me taire aussi, en fait. Tant bien que mal, je me positionnais sur le flanc et cachait mon visage dans l'oreiller afin d'y étouffer ma plainte avant de relever la tête vers le dernier endroit où se situait mon sauveur.

Mais merde, qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Et qu'est-ce qu'il foutait ? Je balançais mes jambes sur le côté et m'aidait de mon bras valide pour me redresser, non sans qu'un gémissement de douleur ne troubla l'air de la cabane. Le sol paraissait étrange sous mes plantes de pieds mais loin de m'en formaliser, je me mis debout, testant quelques secondes la solidité de mes appuis. L'équilibre était précaire mais il avait pour lui d'être là. Du moins... jusqu'à ce que je tentasse d'avancer.

Spoiler:

Mon regard surpris se reporta sur l'extérieur, derrière Éros. Où avais-je atterri à la fin ? Me trouvais-je bien sur Astrée comme il me l'avait avoué ? En y repensant, il ne semblait pas à l'aise avec le fait de répondre à mes interrogations. "Éros ?" l'interpellais-je, le doute emplissant le timbre de ma voix. Nous ne nous connaissions pas mais j'étais persuadée qu'il n'allait pas être content que je me trouvasse là. Non seulement j'étais allé contre ses ordres mais j'avais aussi mis le nez dans quelque chose qu'il n'avait pas souhaité me dévoiler. "On est vraiment sur Astrée ?" en demande de clarifications.

Cela n'avait aucun sens. Et si... Si l'homme que j'avais croisé une fois au champ de fleurs venaient d'ici au final ? Merde, je n'arrivais plus à me souvenir de son prénom, mes souvenirs s'embrouillaient. Non, c'était impossible. J'étais incapable d'assimiler ce qui était pourtant devant mes yeux. Ce qui était devant moi depuis que je m'étais réveillée avec le visage d'Éros dans mon champ de vision. Néanmoins, j'avais un autre problème et la honte s'empara de moi tandis que j'en dévoilais la cause. "Je suis incapable de faire un pas de plus." Je baissais les yeux sur mon bras meurtri, replié contre mon abdomen, une mèche trempée tombant devant mes yeux.

Mais avais-je réellement envie de revenir sur la couchette ? L'air frais glissait avec légèreté et bienveillance sur ma peau échaudée, soulageant la peine qui m'affligeait. Allait-il réellement me laisser le choix de toute manière ? "Est-ce que... Est-il possible de rester dehors? L'air est moins étouffant" tentais-je tout de même, en sueur. Qui ne tente rien n'a rien, comme dit le fameux proverbe.


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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptySam 4 Juil - 1:41

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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyDim 5 Juil - 18:27

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation


Éros n'avait pas besoin de connaître la personne pour savoir si c'était juste ou non, elle était humaine et c'était amplement suffisant pour lui. S'il se souciait du passé de chacun et s'arrêtait à chaque acte discutable qu'il avait commis au cours de sa vie, pas grand monde ne mériterait d'être sauvé. « À moins que vous ne soyez une meurtrière en cavale, ce dont je doute, je ne pense pas m'être trompé sur mon choix.  » Le ton employé se voulait sarcastique, presque moqueur. Puis quand bien même elle l'avait été, au vu de son état, le karma s'était suffisamment vengé. Non pas qu'il cautionnait ce genre d'acte mais il estimait qu'il y avait des circonstances atténuantes, notamment être citoyen de cet archipel par exemple -C'était déjà une excuse en soi-. Il y avait tant de monstres à chaque coin de rue qu'il était presque impossible, pour un humain normalement constitué et maître de sa pleine conscience et de son libre arbitre, de ne pas vouloir devenir un émissaire de la justice.

Confiant sur le fait qu'elle n'était qu'une victime d'une créature sanguinaire, il ne s'encombra pas l'esprit de ces sempiternelles tourments sur le bien ou le mal. Ça faisait longtemps que son frère et lui avaient tranchés, le mal, c'était tous ces suceurs de sang capable de briser toutes volontés et de réduire à l'état de légume obéissant, identique à des marionnettes dépourvues d'âme. « Je n'en pense pas moins.  » déclara-t-il en réponse à sa phrase sur les jolies fleurs. L'avait-il froissé pour qu'elle ne rétorque cela ? Le chasseur baissa les yeux sur le visage de la belle, cherchant à capter un signe qui pouvait trahir ses pensées. Il ne remarqua que la teinte rosée maculant ses joues de poupée mais il mit cela sur l'effet de la fièvre. « Oui, Astrée.  » répéta-t-il avec une pointe d'agacement parce que ce n'était pas le plus important actuellement. « Même si vous auriez sans doute préféré vous trouver aux Seychelles, ça sera pour une prochaine.  » Ça ne fit rire que lui, Serehnia était bien trop occupée à rester consciente et à le maudire parce qu'il bloquait ses spasmes volontaires de son avant-bras.

« On échange... voir si vous... vous en sortez... mieux » Elle ne savait pas où elle s'aventurait en disant cela. Ce sarcasme lui arracha un sourire. La mort, Éros avait commencé une danse macabre avec elle depuis maintenant 15 années, date de son arrivée sur Haïma. Depuis, il la côtoyait  un peu plus chaque jour, tournoyant à ses côtés de manière effrontée et à maintes reprises, il avait pensé qu'elle venait pour le cueillir mais il réussissait toujours à lui échapper. Alors ce que Serehnia pouvait endurer à ce moment précis, il ne le connaissait que trop bien mais il avait appris à ses dépends que s'agiter ne servait à rien, si ce n'était dépenser ses forces et son énergie inutilement. Une fois encore, c'était plus facile à dire qu'à faire, il en avait bien conscience. Par la force des choses, il avait développé une certaine résistance à la douleur alors bien évidemment, s'il avait pu ne serait-ce qu'atténuer un peu sa souffrance en en absorbant une partie, il l'aurait fait. C'était ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'elle maltraite sa tignasse entre ses doigts. Éros pouvait subir toutes sortes de supplices mais pas celui là, il était bien trop sensible du cuir chevelu. Il grogna un peu à ce contact, serrant des dents afin de surmonter cette épreuve tout en essayant de garder un visage impassible. Heureusement que les forces de la jeune femme étaient semblables à celle d'un oisillon sinon, il aurait pu dire bonjour à une calvitie précoce et embrasser une carrière de moine. Le chasseur s'éloigna, la faisant lâcher prise, afin d'écouter les battements de son cœur et s'assurer qu'elle ne mutait pas en une bête sanguinaire. Un fois rassuré, il l'amena à se confier, à fouiller dans ses souvenirs brumeux. Elle ? Pourquoi était-il surpris ? Le diable pouvait prendre n'importe quelle apparence après tout. «T'achever ?  » demanda-t-il en prenant un air faussement indigné. « Si ça avait été le cas, tu n'aurais pas eu la chance de me rencontrer.  » Imbu de lui-même ? Jamais ! Éros restait toujours dans la mesure. « Le Crépuscule... J'ai hâte de voir c'que vaut ce bar. » Elle avait laissé une porte ouverte face au tutoiement, Éros l'avait franchi sans mal.  « Surtout que tu as une dette envers moi désor...  » Sa phrase resta en suspens.

Un bruissement de feuilles suivit d'un craquement accaparèrent soudainement son ouïe. Ses instincts de chasseur remontèrent à la surface et d'un geste rapide, il saisit l'arme en argent qu'il gardait sous son oreiller. Ne sachant pas de quoi ou qui il s'agissait, par un mime tacite, il indiqua à Serehnia de rester silencieuse avant de quitter le cabanon. Bien entendu, cette femme était une vraie tête de mule et n'en fit qu'à sa tête. Tandis qu’Éros avançait à pas feutrés vers sa cible, prêt à bondir avec une dextérité digne d'un félin, quelque chose s'accrocha à son bras armé, le faisant plier. Bien que surpris, il eut le réflexe de faire pivoter son poignet vers l'intérieur en se rendant compte qu'il s'agissait de la jeune femme, éloignant la lame de sa peau à elle mais la rapprochant de la sienne. « Éros ? » Profitant de l'opportunité que lui avait fourni la jeune femme en détournant l'attention du chasseur, le renard attrapa le lièvre dans sa gueule et détalla sans demander son reste. « Quoi ?  » demanda-t-il, agacé, en faisant rouler son épaule pour se dégager de son emprise. « Le dîner vient de se faire la malle  » Son regard remonta le chemin qu'avait pris la bête rusée, exaspéré, il fit volte face. « C'était trop demandé que de rester sagement à l'intérieur ?  » rouspéta-t-il. Son repas s'était volatiliser et son frère allait sans doute râler en constatant qu'il n'y avait rien à grailler ce soir là mais ce n'était pas ça qui le mettait le plus en rogne. « Si ça avait été un vam... bref, nous serions morts à l'heure qu'il est ! Vous êtes inconsciente !  » Ah le vouvoiement était de retour et de rigueur lorsqu'il était énervé. Ça lui allait bien de faire la morale, lui qui faisait d'ordinaire subir ce genre de chose aux autres. Néanmoins, il retrouva son calme assez vite en remarquant l'air contrit de la jeune femme qui lui avoua au passage qu'elle n'était plus capable de se mouvoir. Le chasseur leva les yeux au ciel, rangea son arme dans la poche arrière de son jean puis s'accroupit. Son bras s'enroula derrière le haut des cuisses de la jeune femme et d'un geste, il la fit basculer en avant, par dessus son épaule. Il prit appuie sur ses jambes et contracta son abdomen afin de se relever facilement. Sa main libre alla se nicher sur le derrière de Serehnia, retenant le tissu pour ne pas que sa lune ne fasse concurrence à celle du ciel.

Éros traversa le camp, lui laissant le loisir de détailler les lieux environnants et une fois arrivé jusqu'à la limite entre terre et mer, il relâcha la belle avec précaution sur un rochet un peu plus proéminent que les autres. La brise était un peu plus déchaînée sur le rivage, chahutant leurs mèches rebelles. « Tu ne me crois toujours pas pour Astrée ?  » demanda-t-il avant de s'appuyer contre la roche, le regard perdu vers les sommets qui habitaient la grotte de la sorcière. « Moi aussi j'aimerais croire que je suis ailleurs.  » Au Brésil par exemple, ce qui voudrait dire que son avion était bien arrivé à destination et que sa mère était toujours de ce monde. L'optique de retourner dans son pays d'origine ne l'avait jamais chagriné, bien au contraire, il aurait tout donné pour y retourner plutôt que s'être crashé sur cet archipel de malheur. Il chassa ses rêves chimériques et ses yeux quittèrent le lointain afin de fixer de nouveau Serehnia. Reprenant un ton grave et sérieux : « Tu as l'identité de celle qui t'a fait ça ? »



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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyLun 6 Juil - 18:55

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !


Baignée par la douleur, je n’avais pas pris la peine de répondre à certaines de ses remarques. Je n’étais même pas certaine que mon cerveau les eût bien captées, de toute manière. Néanmoins, ces efforts pour me faire oublier la souffrance en me plongeant dans mes souvenirs fonctionna quelque peu et je lui répondis de manière désordonnée et imprécise. Si la situation avait été « normale », si ce mot existait dans ma vie, j’aurais pu rire, ou tout du moins sourire à sa boutade. Oui, j’avais certainement eu de la chance qu’il tombât sur moi et décidât de me sauver… Un autre n’aurait peut-être pas eu la même idée saugrenue et je serais morte seule, dans les bois, martyre de cette garce. Au moins, si je crevais de mes blessures, je serais entourée dorénavant.

Le fait qu’il paraissait sûr que j’allais guérir me redonner foi, bien que je ne fusse pas 100% certaine qu’avoir une dette envers cet homme était une bonne chose. J’avais beau être à moitié dans les vapes, une petite voix me disait que quelque chose n’était pas clair, qu’il restait bien des informations à découvrir pour que je pusse prétendre comprendre l’animal. D’ailleurs, ma curiosité prenant le pas sur la douleur, j’usais de mes maigres forces pour le rejoindre ce qui, comme je pouvais m’y attendre, ne lui plût pas le moins du monde au vu de l’interjection agacée que je me pris dans la face. Et même si je m’y attendais, j’accusais le choc, notamment physiquement. Mon équilibre déjà précaire se retrouva basculé lorsqu’il se dégagea de ma faible prise. Cela me demanda un effort considérable pour de pas m’effondrer par terre, mes jambes flageolant sous mon propre poids. Je m’accrochais corps et âmes au chambranle de ce qui pouvait être considérée comme l’entrée. Hors de question de lui montrer que son revers m’avait autant affectée, malgré l’état dans lequel elle m’avait mise, j’avais une dignité et servais à Éros un menton relevé.

« Vous n’aviez qu’à mieux ranger votre… dîner » répondis-je du tac au tac, en relevant un sourcil. En somme, je faisais ce que je savais faire le mieux : feindre d’être une garce hautaine. Néanmoins, sa réponse me fit tiquer, il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qu’il avait tenté de taire. Il savait également. Et donc il avait dû comprendre en voyant mes blessures… Pourquoi n’avait-il rien dit ? Mais, au fond, il avait raison et je n’en serais certainement pas là à ce moment précis si je réfléchissais plus avant d’agir… Ou de parler. « Vous avez raison, je suis désolée… Je vous prie de m’excuser » soufflais-je, respectant la distance qu’il avait lui-même réinstallé. De toute manière, il aurait bien fallu que je ravalasse ma fierté à un moment ou à un autre puisque je me sentais bien incapable de rester encore longtemps debout, alors avancer d’un seul pas…

Ce que j’avais fini par lui avouer finalement, baissant les yeux de honte. J’allais bien vite regretter ma franchise et un « non, non, non » angoissé franchit mes lèvres lorsque je compris son intention. Et merde… Si, il avait osé. Un gémissement de douleur m’échappa tandis que mes côtes entraient sans douceur en contact avec son dos. « Éros ! » m’exclamais-je en criant, sentant sa main sur mon popotin, incapable d’en dire plus alors qu’il commençait à se mettre en route. J’aurais mieux fait de retourner me coucher, bordel !  Mon bras blessé pendouillant dans le vide m’élançait à chaque pas, mon souffle se fit court à cause de la douleur qui irradiait près de mes poumons à chaque fois que mon buste frappait contre son dos musclé. Je me mordis l’avant-bras valide pour étouffer mes cris de douleur et fermais les yeux, la tête me tournant d’être ainsi à l’envers.

Ok, c’était officiel, je le détestais. Mes dents avaient eu le temps de s’imprimer dans la chaire tendre de mon pouce lorsqu’il me reposa sans que je l’aidasse le moins du monde. Merde, il allait me le payer. J’étais que bien trop consciente de la difficulté avec laquelle ma respiration irrégulière gonflait mes organes internes mais c’était sa voix à milles lieux de mes problèmes qui me ramena totalement à la réalité. Les yeux maintenant bien ouverts, je me concentrai sur sa stature pour retrouver mon calme. Son comportement précédent me mettait en rogne mais sa présence m’était inexplicablement apaisante. Et voilà que, de nouveau, il effaçait la distance qu’il venait de réinstaurer. Était-ce le fait de me trimbaler sans vergogne comme un sac à patates qui avait adouci son humeur ? Je n’étais pas certaine d’avoir envie de recommencer si je finissais par le contrarier une nouvelle fois. Surtout en ce moment. Néanmoins, je ne fis pas de commentaires, gardant le peu de dignité qu’il me restait. « Ce n’est pas toi que je ne crois pas » répondis-je simplement, faisant mine de rien et ne préférant pas m'interroger sur ce que je venais de dire.

Je profitais qu’il eut détourné le regard de ma petite personne pour continuer mon exploration. Il devait mesurer au moins 1m85, voire 1m90 facilement, bien qu’il semblât bien plus grand depuis mon rocher. Et, même avec ma vue trouble, je pouvais distinguer avec aisance qu’il était plutôt bien foutu. En somme, je n’avais pas plus de chance contre lui que contre un foutu vampire. C’était particulièrement énervant et éreintant d’être aussi faible et atteignable. « Ailleurs où ? » m’entendis-je demander avec surprise, les sourcils relevés. Enfin… il était vrai que j’aurais bien aimé être chez moi, et encore plus dans mon lit mais… La vue n’était pas si terrible. Autant celle de la mer que de l’homme mystérieux qui se maintenait devant moi. Je n’avais pas non plus loupé le fait qu’il avait rangé son arme dans sa poche arrière, notant cette information qui pourrait se révéler capitale dans un coin de ma tête.

Je finis par le fixer sans le voir, perdue dans mes pensées, jusqu’à ce que sa question ne me fasse sursauter. Je secouais la tête en signe de négation. « Non, je suis pratiquement sûre qu’elle m’a donné un faux nom la première fois, lorsqu’elle… » expliquais-je avant de m’interrompre, peu encline à lui révéler ce qui me semblait être l’une des parties de ma vie les plus difficiles à accepter. Et perdant le peu de fierté que j’avais gardé jusque-là, notamment en m’arrêtant in extremis dans ma confession, je détournais le regard, le posant alors sur mes cuisses nues. Ce qui me semblait vraiment mal venu à ce moment précis alors je m’efforçais de tirer sur une chemise trop courte dans le but de camoufler mes plaies pansées sommairement. « Je ne suis pas une meurtrière » avouais-je tandis que ses paroles précédentes me revenaient en mémoire. Puis, je préférais détourner la conversation et son attention de la glissade que j’avais faillit faite.

« Au fait, c’est quoi les Sey…felles ? » demandais-je, plus tellement sûre du nom qu’il avait prononcé plus tôt. Je n’avais jamais rien connu d’autre que l’archipel et je n’avais jamais réellement vu l’intérêt à connaître le monde extérieur, enfin… Je savais que ma mère provenait d’un pays dénommé Russie et elle m’en avait compté quelques souvenirs, idem pour ma famille paternelle qui était originaire du Viêtnam, à ce qu’ils m’en avaient dit mais à part cela… Je me rendais finalement compte que je n’avais jamais appris plus. Jamais. Pourquoi ? Il pourrait peut-être m’en apprendre plus que ce que je pensais, finalement. Déjà qu’il savait pour les vampires…

Le vent soufflait avec plus de force sur les falaises, calmant ainsi plus efficacement – et étrangement – le feu qui couvait dans mes veines. Ou il s’agissait d’une période d’accalmie. Mais autant en profiter. Mon regard tomba sur attelle sommaire qui avait rompu l’instant précédent. « Je suis désolée d’avoir cassé votre… œuvre » dis-je, incertaine du terme à employer, en commençant à défaire les liens qui maintenaient toujours les morceaux brisés de la branche. Je serrai les dents tandis que je galérais avec ma main valide, dévoilant la propre marque de mes dents aux yeux du chasseur. N’aurait-elle pas pu me péter le bras dont je ne me servais pas pour écrire au moins ?

Je me mordis la lèvre inférieure, tentant, en vain, de réprimer les larmes qui pointaient le bout de leur nez. « Elle ne fera pas la même erreur trois fois… soufflais-je tandis que les digues se rompaient. Mais je ne peux pas rester ici indéfiniment, j’ai une vie » ajoutais-je, avec plus de confiance, essuyant les gouttes salées qui roulaient sur mes joues d’un geste rageur. « Je ne peux pas la laisser gagner » terminais-je, prête à tout pour reprendre en main ma vie, quitte à y perdre encore quelques plumes.




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Eros Vilhena
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MessageSujet: Re: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyVen 17 Juil - 16:09

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Une rencontre n'est que le commencement d'une séparation


Malgré son état lamentable, cette femme avait encore la force de répondre de façon insolente à son sauveur. Son dîner ne se serait pas fait dérober par un opportuniste à quatre pattes s'il n'avait pas pris la peine de la ramasser dans la forêt et elle avait tendance à l'oublier. Cette attitude, peu encline à la reconnaissance, attisa l'énervement du chasseur et c'est en haussant le ton qu'il lui fit la morale. Le moment était mal choisi pour déployer les facettes peu reluisantes de son caractère et Éros était bien décidé à le lui faire remarquer. Il manquait parfois cruellement de tact et ça faisait vraiment contraste avec son côté charmeur et romantique où il était capable d'employer les bonnes paroles, les mots juste pour faire chavirer un cœur en sa faveur. Mais là, ce n'était pas des mots doux qui se présentaient à lui, prêts à franchir la barrière de ses lèvres. La jeune femme dût s'en apercevoir puisqu'elle présenta ses excuses, ravalant sa fierté au passage. Un peu confus puis finalement mal à l'aise par l'expression de ses regrets, il détourna le regard et se passa la main sur la nuque. Peut-être avait-il été trop loin ? Il s'était emballé inutilement alors qu'elle venait de subir un traumatisme, il ne valait pas mieux que ces monstres en se comportant ainsi. La vie lui avait appris à être un peu plus indulgent et empathique face à ses congénères alors pourquoi était-il sorti de ses gonds si facilement avec cette femme ? « C'est rien. » finit-il par dire, clôturant cet accrochage et allégeant par la même occasion la tension qui s'était installée entre eux.

Calmé, ses yeux glissèrent de nouveau sur Serenhia et s'attardèrent sur ses jambes flageolantes. Ne pouvant faire un pas de plus et voulant rester à l'extérieur, Éros exauça son souhait à sa façon malgré le refus de la belle. Elle aurait sans doute préféré se faire porter comme une princesse plutôt que comme un vulgaire sac à patates, cependant, c'était la manière la moins douloureuse et surtout la moins embarrassante pour tous les deux. Elle n'en avait tout simplement pas conscience. « Cesse donc de gesticuler. » se plaignit-il en plaçant sa main sur son postérieur. Ça lui éviterait des douleurs supplémentaires et aussi de se retrouver le cul à l'air. Arrivés au bord de l'île, face à la mer, il se délesta de la jeune femme en l'installant sur une roche pas trop abrupte. L'île d'Astrée était facilement reconnaissable avec ses différents points panoramiques, notamment le champ de fleurs ou encore ici, la grotte de la sorcière. Serehnia ne pouvait plus douter quant au lieu où elle se trouvait. « Alors quoi ? » riposta-t-il successivement sans vraiment attendre de réponse. Il avait beau avoir appris à aimer cette île, apprivoiser sa faune et sa flore et mener un semblant de vie normale, il savait au fond de lui qu'il n'accepterait jamais ces lieux comme étant son chez lui. Il était étranger à ses terres et le mal du pays revenait souvent le hanter les soirs solitaires mais c'était quelque chose qu'il taisait à son frère. Il gardait ça pour lui depuis tant d'année, ce n'était pas pour tout déballer face à une inconnue -aussi jolie soit-elle-. « Ailleurs. » répéta-t-il sans avoir l'intention d'en dire plus. Peut-être qu'il se confierait à elle un jour cependant, pour le moment, ils étaient deux étrangers maladroits avec une relation un peu bancale. Il savait seulement qu'il devait accomplir son devoir de chasseur et venger cette femme.

Mais alors qu'il l'interrogea sur son agresseuse, il l'a sentit se refermer comme une huître. Le préjudice subit semblait être bien plus gros que ce qu'il s'était imaginé. Cette femme n'était pas prête émotionnellement à mettre des mots sur ce qui lui était arrivé et Éros en prit compte, il n'insista pas d'avantage. Cependant, elle avait laissé échapper une information : ce n'était pas la première fois que cette tare à visage humain lui tombait dessus. Serehnia était donc surveillée et traquée, il serait finalement peut être simple de retrouver sa trace. « Je ne suis pas une meurtrière » Le chasseur s'esclaffa à cette révélation. « Me voilà rassuré, sinon j'aurais eu du soucis à me faire. » Il tourna la tête dans sa direction et remarqua qu'elle tirait sur les pans de sa chemise. Il n'avait pas de veste à lui offrir pour dissimuler le bas de son corps, elle devrait endurer le malaise encore quelques temps.

Le chasseur se laissa entraîner sur une discussion un peu plus légère. « Je ne sais pas non plus ce que sont les Seyfelles. » avoua-t-il, une moue narquoise sur le visage. « mais les Seychelles... » insistant sur le chelles d'un ton moqueur « sont un archipel au large de l'Afrique, clairement plus paradisiaque qu'ici. Le genre de lieu où tu te la coules douce au soleil, un cocktail à la main. » Autrement dit, l'inverse de cet endroit où le temps maussade était présent les trois quarts de l'année. Un temps propice aux naufrages ou crash d'avion. « Tu as toujours vécue sur Haïma ? » Ce n'était pas vraiment une question puisqu'il en connaissait la réponse, il attendait juste une affirmation à sa déduction. Bizarrement cette perspective le chagrinait, elle n'avait connu rien d'autre que ces trois îles maudites et elle serait coincée ici à jamais. Lui avait pu voir du pays avant cette prison mais valait-il mieux vivre dans l'ignorance de l'ailleurs ou y avoir goûté une fois sans avoir l'occasion de pouvoir en reprendre une part. L'inconnu ne nous manquait pas, au fond, c'était elle qui avait de la chance. « Je m'en remettrai. » Son regard coula sur l’œuvre en question, complètement détruit et risquant de la blesser davantage. « Laisse-moi t'aider. » Alors qu'elle se débattait avec les liens. Ses doigts tentèrent de dénouer les nœuds qu'il avait lui-même fait mais en vain. Impatient, il sortit son couteau et trancha les liens d'un coup sec. Il le rangea de nouveau avant que son attention ne s'attarde sur une nouvelle morsure. Éros saisit la main de la jeune femme et l'observa. « La fièvre te pousse au cannibalisme ? » Il releva la tête et arqua un sourcil, s'attendant à voir un sourire, même léger. Mais c'est des yeux au bord des larmes qu'il trouva.

Le chasseur l'écouta sans dire un mot. Il avait raison, ce n'était pas la première fois que Serehnia se faisait malmener par cette vampiresse. Sa main n'avait pas lâché la sienne et il lui la pressa légèrement de façon bienveillante. Son agresseuse avait usé d'une fausse identité, certes, mais même un faux nom faisait l'affaire, cette créature ne devait pas en être à son premier méfait, elle faisait peut être subir le même sort à d'autre humain sous cette même identité. C'était une information qu'il ne fallait pas négliger même si elle semblait erronée. « Le pseudo qu'elle utilise peut m'être nécessaire. Ce n'est peut être qu'une effiloche sans importance pour toi mais en la suivant, ça peut nous mener à l'étoffe. » Voyant que les larmes coulaient toujours plus le long de ses joues, Éros lui prit le visage entre ses mains. « Elle ne te fera plus de mal. Je suis là maintenant. Je ne la laisserai pas gagner, je la traquerai et la tuerai. » Son ton plein d'assurance devait suffire à rassurer la belle, il ne doutait pas un seul instant du dénouement de cette affaire. « Pour le moment, pense plutôt à ta guérison. On ne commence pas une guerre en étant à moitié valide. » Éros plongea son regard dans celui de Serehnia et pour la première fois, il put admirer ses iris couleur noisette. Ils étaient magnifiques, elle était belle. Son cœur s'accéléra un instant, troublé, il chassa maladroitement une mèche retombant négligemment sur son front, prenant soin de vérifier si elle avait de nouveau de la température. « Ça va mieux ? » La nuit commençait à tomber et la fraîcheur qui l'accompagnait devait commencer à faire son œuvre sur elle. « Si tu te sens mieux, je devrais peut-être te raccompagner chez toi ou te déposer à l'hôpital. » Les autres chasseurs n'allaient pas tarder à rentrer au campement, c'était même étonnant que ce ne soit pas encore le cas. Mais alors que cette pensée lui traversa l'esprit, les mains toujours lovés autour du délicat visage de Serehnia, une voix brisa leur moment d'intimité.

« Éros ?! » Le chasseur tourna la tête vers la propriétaire de la voix criarde. Une jeune femme blonde se tenait droite, les bras croisés et l'air mauvais. Mindy. Comme pris sur le vif, il relâcha la brune. C'était idiot puisqu'il n'avait rien à se reprocher et pourtant, les paroles de la blonde laissaient penser le contraire. « C'est qui cette pétasse ? »



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MessageSujet: Bonne journée pour mourir ~ Dulhena   Bonne journée pour mourir ~ Dulhena EmptyMer 12 Aoû - 18:36

☽ Bonne journée pour mourir ☾

Si j'ai l'occasion, j'aimerais mieux mourir de mon vivant !


Faire profil pour apaiser l’atmosphère. Après tout, sans son intervention, je serais certainement en train de me faire bouffer par je ne sais quelle bestiole de l’île. Et je n’étais pas encore prête à rendre les armes. Mais en premier lieu, il fallait que je parvinsse à tenir debout et ce ne semblait pas être gagné. Néanmoins, j’allais bien vite regretter ma demande lorsque mon corps endolori entra en contact avec le sien. En temps normal, cela m’aurait certainement fait rire mais à ce moment précis… Serrés les dents était le mot d’ordre. Je ne voulais pas passer encore plus pour une victime à ses yeux. Plus facile à dire qu’à faire. Je ne pouvais m’empêcher de gesticuler pour essayer d’alléger la douleur et de rougir lorsque sa main vint me maintenir. Je comprenais l’intention mais tout de même…

Finalement, il me déposa sur un rocher sur le bord d’une falaise. Je pris quelques instants pour me remettre de cette petite escapade. Lorsque j’ouvris les yeux, je découvris avec surprise le paysage qui s’offrait à ma vue. Au loin, je reconnus avec aisance le champ de fleurs que j’affectionnais tant. Aucun doute, j’étais sur Astrée. Et aucun doute non plus sur le fait que Éros disait la vérité. Donc c’étaient les informations qu’on nous donnait sur Haima qui étaient mensongères. « Je commence à me dire qu’il y a beaucoup de choses qui nous sont… dissimulées » répondis-je, pas réellement certaine de l’étendu du brouillard dans lequel je me trouvais. Moi et les humains d’Haima, vraisemblablement.

Et visiblement, Eros ne comptait pas tout me dévoiler non plus. Soit. Nous nous jaugions l’un l’autre, c’était plutôt normal vu que nous venions de nous rencontrer. Surtout au vu des conditions dans lesquelles… Bref. « Je comprends » répondis-je tout simplement. Parfois, je me laissais rêver sur les contrées d’origine de ma famille, l’envie de découvrir ces terres, ces cultures par moi-même.  Peut-être que cela pourrait m’aider à passer le cap, à accepter les derniers événements… Pour le moment, je n’étais pas prête. Ni à oublier, ni à en parler… Surtout à un inconnu. Il connaissait mon corps et les stigmates qui le recouvraient, c’était déjà suffisant, pour ne pas dire trop.

Je n’avais pas tellement envie de faire perdurer la conversation sur ce qu’elle avait pu me faire vivre, je préférais largement changer de sujet. Je revins sur ce qu’il avait dit plus tôt, dans son espèce de cahute rustique, ce qui le fit rire. Cela lui allait bien, il paraissait plus jeune ou, du moins, il faisait plus son âge, contrairement à lorsqu’il affichait son air sérieux. Autant continuer dans cette lancée. Je ne relevais pas sa pique, attendant avec curiosité ses explications. Ces dernières réveillèrent mon désir de liberté, d’envolé. « Tu y es déjà allé, toi ? » demandais-je, plus par envie d’en apprendre plus sur ces îles que pour envahir son intimité, bien qu’il ne pût le savoir.

« En effet » répondis-je, laconique. Jusqu’aux récents événements, je n’avais pas à me plaindre de ma vie sur Haima. J’y avais ma famille, mon bar, un appartement que j’avais décoré avec patience mais… Ce « mais » existait justement. Il manquait quelque chose à ma vie, surtout depuis la mort de ma grand-mère. Par réflexe, je tentai de saisir le pendentif hérité qui ne me quittait pas habituellement et après une courte période de réflexion, soupirai en me rappelant l’avoir perdu au moment de mon enlèvement. Je n’allais peut-être jamais remettre la main dessus et à cette pensée, la déception m’envahit.

Le geste eut néanmoins pour effet de me faire rappeler l’état dans lequel j’avais mis atèle fabriqué par Éros et commençai à l’enlever, vite aider par ce dernier. « Merci » murmurais-je, tout de même mal à l’aise malgré ses mots d’avoir ruiné ses efforts pour me remettre sur pied du mieux qu’il pouvait.  Mais ce sentiment s’estompa pour être remplacé, ou plutôt recouvert, par un mélange de rage et de tristesse. « La douleur, surtout » dis-je, en retirant rapidement ma main de la sienne, cachant la trace de mes dents contre ma cuisse, autant que pour me soustraire à son contact un peu trop agréable à mon goût.

Cependant, il était trop tard. Sa gentillesse couplé à la vision incessante de mes blessures me fit craquer, pour ma plus grande honte. Je n’avais pas l’habitude de me livrer, à personne. Mais il semblerait que, depuis mon agression, une certaine tendance à laisser mes émotions prendre le dessus se mettait en place. Pour mon plus grand désarroi. Sa main avait de nouveau capturé la mienne tandis qu’il m’écoutait sans broncher. Était-il vraiment intéressé ? Éprouvait-il de la pitié ? Beurk. Ses mots firent lentement leur chemin dans mon esprit embrumé par le contact de sa paume contre ma joue.  Je devais vite me reprendre, arrêter de me faire passer pour la pauvre victime sans défense, la princesse en détresse qui se jette aux pieds de son sauveur.

« Tu ne seras pas toujours là » assénais-je, convaincue qu’il allait bientôt disparaître de ma vie et que, de toute manière, elle pourrait m’atteindre quoiqu’il en fût. « Attends, quoi ? La tuer ? » répétais-je, blême. J’avais toutes les raisons du monde de la haïr, de vouloir qu’elle disparût de la surface de la Terre, ou du moins, d’Haima, mais comme je l’avais dit, je n’étais pas une meurtrière. Lui, oui, apparemment. Et il semblait même… Sûr d’y parvenir, habitué. « Tu fais ça souvent ? Je veux dire… Tu en as déjà… ? » Je ne finis même pas ma question, incapable de prononcer une fois de plus ce terme. « Justement, c’est ma guerre. » répondis-je, peu habituée à laisser les autres m’aider. Si j’en étais là où j’en étais, c’était à force de volonté et de tour de bras.

Son regard noisette captura le mien. Je sentis, presque comme dans un rêve, le bout de ses doigts effleurer ma tempe, puis mon oreille, alors qu’il replaçait une mèche de mes cheveux. C’était presque trop cliché pour moi. Mais à ce moment-là, avec cet homme que je connaissais pourtant si peu, cela ne me semblait pas si important. Attirés par ses propos, mes yeux descendirent sur ses lèvres avant de revenir se plonger dans la profondeur de ses pupilles. « Oui, je crois… » dis-je en faisant un check up mental. Je me sentais plus stable psychologiquement maintenant que j’avais vidé mon sac, moins faible physiquement… Tant que j’étais assise en tout cas. « Tu as raison… Je prendrais bien une douche. Et je changerais bien de tenue vestimentaire également, avant d’aller me faire plâtrer le bras. » Voilà, la Serehnia méthodique, limite superficielle, reprenait le dessus. Mon armure se solidifiait de nouveau.

Elle retrouva totalement sa place lorsqu’une voix suraiguë perça l’air chargé, et d’autant plus lorsque Éros fit un bond en arrière pour s’éloigner de moi. Le message était clair. Son insulte claqua entre nous tandis que son regard nous fusillait l’un l’autre à tour de rôle. J’avais assez d’une garce dans ma vie je n’en avais pas besoin d’une de plus à gérer. Puis, pour qui se prenait-elle à m’agresser ainsi ? Ce genre de pimbêche, je connaissais. Dans le monde de la nuit, derrière un bar, on attirait souvent les faveurs des clients… Et les crises de jalousie de leur compagnons. Je me relevai doucement pour être à sa hauteur, serrant les dents pour ne pas vaciller. Hors de question de montrer un signe de faiblesse devant elle. « Éros ? Tu peux me ramener alors ? » demandais-je, ignorant la blonde volontairement pour lui signifier mon mépris.  Et visiblement, cela ne lui plaisait pas. « Lui parles pas, salope. Et toi, t’as intérêt à pas bouger et à m’expliquer ce qu’il se passe ici ! » explosa-t-elle, son visage tournant au rouge alors qu’elle désignait Éros du doigt.

Mon regard se tourna également vers l’intéressé. Il allait vraiment se laisser dicter sa conduite ainsi ? On ne se connaissait que peu mais j’avais quand même du mal à y croire. Instinctivement, je me rapprochais d’Éros et posais ma main sur son avant-bras. « Je voudrais vraiment rentrer, tu pourras retrouver ta… copine, une fois débarrassé de moi comme ça » forçais-je, en coulant tout de même un regard de dédain à la barbie. Cette dernière, d’ailleurs, ne sembla pas apprécier le contact physique que j’avais initié avec mon sauveur puisqu’elle se jeta sur moi, toutes griffes dehors. En temps normal, j’aurais certainement pu, au moins, esquiver l’assaut de la blonde mais à ce moment précis… Je voyais mal comment m’en sortir tandis que la furie s’élançait vers moi à toute vitesse.

À moins que… d’un geste peu assurée, je saisissais la garde de l’arme blanche d’Éros de ma main valide et le pointais, d’un geste tremblant et mal assuré, en direction de la blonde. « Ne m’approche pas, putin ! » criais-je, hystérique, au bord de la crise de panique ayant l’impression de revivre le cauchemar de… quelques jours ? heures ? auparavant.  Je devais certainement avoir l’air d’une folle puisqu’elle s’arrêta à quelques dizaines de centimètres de moi. « Sérieux ? Tu me la mets à l’envers pour cette folle ? » s’énerva la blonde tandis que mon corps tremblait de la tête aux pieds, que les battements de mon cœur, au même titre que ma respiration, s’accélérèrent. J’étais au bord du précipice, à la recherche de la prise qui me permettrait de ne pas tomber au pied de la falaise.

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