music in me (tyaki)

Les étoiles s'étendaient dans le ciel au-dessus de Haima. C'est pour les observer que tu aimais monter sur le toit au-dessus du Heaven, que tu restais là sans faire attention aux cris, aux chants et aux exclamations qui remontaient depuis l'intérieur de la boite. Difficile pour toi de te mêler au commun des vampires et des mortels ce soir. Tu avais l'esprit ailleurs, moment de mélancolie qui te prenait la poitrine parfois - souvent quand il venait Ty Hamilton dans le bar, dont la voix et la prestance n'avaient de cesse de te transporter dans tes souvenirs devenus douloureux. Tu imaginais aisément qu'Elysium aurait aimé l'entendre jouer et chanter. Tu imaginais facilement qu'elle aurait dansé sur sa musique, se laissant emporter par sa voix et ses intonations. Tu te demandais si elle l'avait connu, s'ils s'étaient rencontrés, s'ils s'étaient appréciés. Tu réalisais alors tout ce que tu avais manqué des derniers siècles de vie de ta maitresse et le manque d'elle devenait si insoutenable que tu recherchais la solitude.

Ce soir, tu ne cherchas pas à t'approcher d'un noble, d'Hathoroa ou même à rejoindre le palais. Tu vins plutôt ici, t’asseoir sur le toit pour observer les étoiles. Tu ne restas pas seul bien longtemps, cependant, moins longtemps que tu l'aurais aimé. Tu entendis la porte du velux s'ouvrir et te tournais pour trouver le visage du musicien vedette de la soirée. Tu ouvris la bouche, réalisant alors que le vent qui fouettait ton visage était plus frais sur tes joues. Qu'il s'y trouvait des larmes, coulant sans que tu n'ai pu les empêcher, sans que tu ne l'ai réalisé. Je... Les mots t'échappent, mais tu secoues la tête et fais signe à l'artiste de venir. Tu veux peut être ton cachet ? J'ai tout dans mon bureau, je ne voudrais pas te retenir je... J'avais juste besoin... De quoi ? De solitude, d'imaginer un monde avec Elysium, de te souvenir, de pleurer. Tes chansons étaient magnifiques, comme toujours Ty.

Il ne t'a fallu qu'une heure pour écrire ces deux chansons. Les mots sont venus tout seul, ainsi que la mélodie qui t'a transportée loin. Souvenir d'un autre monde, d'un autre temps où tu vivais auprès de tes parents, de ta famille, de tes frères et sœurs et où vous passiez des bons moments. Avant que l'allégeance ne rentre en jeux, la politique ou simplement que tu sois obligé de faire un choix qui te répugnait déjà à l'époque, même si c'est toujours le cas à présent. Ta famille te manque, ce n'est pas souvent que cela arrive mais ça arrive. Alors ces derniers jours tes chansons ont été tristes, mélancoliques ou simplement à refléter ton esprit tourmenté. Tu es perdu, parce que même si tu adores Haïma parfois, tu as l'impression de ne pas être entièrement chez toi. Tout le monde se connaît ici, tout le monde est entouré de ses proches ou connaissances. Toi tu es le noble débarqué d'on ne sait où, qui se fait un nid mais qui ne se lie jamais. Et nul doute que le comportement d'Oslo ne t'aide pas. Il t'embrasse, te repousse, t'insulte presque, te frappe et affiche une mine froide et distante avec toi comme depuis l'instant où vous vous êtes rencontré. Tu n'as pas l'habitude qu'on ne t'aime pas, tu fais toujours tout pour être apprécié. Alors tu as joué tes nouvelles mélodies et tu as arraché quelques larmes à des jeunes filles, avant de partir sur des notes plus joyeuses pour finir la soirée.

La fin du concert est venue rapidement, ainsi que ta recherche du patron pour avoir son avis mais aussi ton paiement. Tu croises Gabriel Crowley qui t'assure que Malaki a été vu se dirigeant vers le toit alors toi aussi tu prends le chemin de cet endroit, où tu n'es jamais allé. Et dès que tu passes la grande porte qui mène au toit de l'établissement, le vent frais vient te fouetter le visage. Tu trouves la silhouette de Malaki qui, dès qu'il se tourne vers toi, affiche des sillons sur ses joues. « Ca ne va pas ? » Que tu demandes aussitôt, alors que ta bonté d'âme te pousse toujours à t'occuper des autres. « Tu veux peut être ton cachet ? J'ai tout dans mon bureau, je ne voudrais pas te retenir je... J'avais juste besoin... » De silence, tu le lui offres en hochant la tête et en refermant la porte derrière toi. « Tes chansons étaient magnifiques, comme toujours Ty. » « Je vois cela, il n'y a pas que le groupe de jeunes filles qui a pleuré ce soir. Mais merci. » Que tu dis d'une voix douce, avant de t'approcher de lui. « Puis-je ? » Demandes-tu en montrant une place à côté de lui. Tu viens toi aussi t'asseoir, les pieds dans le vide, la tête dans les étoiles. « Pourquoi pleures-tu, Malaki ? » Après tout, vous vous connaissez depuis assez longtemps pour parler, non ?