fuckoff (Oksalo)

Tu voulais l'océan. Tu voulais sentir les vagues contre la coque du bateau, pouvoir inspirer l'air marin, te rendre folle par les chants des marins qui ne s'arrêtent jamais. Être nue au-dessus des flots et te sentir la reine du monde, non Héra mais Aphrodite, née dans la mer et appartenant à la mer. Tu voulais te sentir libre, et être enfermée sur Haima, entourée par ton amante de toujours sans pouvoir la posséder te rendait folle.
Tu étais une pirate, tu le serais toujours, et cela faisait de toi une femme impétueuse et cruelle bien souvent. Frappant l'esclave, tu la jetais par terre en hurlant ta frustration. Colérique, enfermée comme un lion en cage, tu sortais enragée du Seven pour fuir hors de la ville. Tu voulais aller aux falaises mais tu savais qu'il s'y trouverait des humains et des nobles pour fêter les vingt jours avant l'Equinoxe. Pauvres fous, idiotes traditions que tu refusais d'accepter. Tu étais dans un mauvais jour.

Alors il restais les sources chaudes, décidant de tuer ceux qui pourraient s'y trouver plutôt qu'à subir la présence de quiconque. Fort heureusement pour les pauvres âmes de cette archipel, il n'y avait personne pour t'agacer. Tu te mis nue, rapidement, t'enfonçant dans l'eau entièrement comme une sirène. L'air ne te manquait pas, mais te retrouver enfoncée dans l'eau calma tes humeurs et te fit perdre le sens de la réalité et du temps passant. Jusqu'à la sensation d'une nouvelle présence qui te fit remonter à la surface. Que fais-tu là ? demandas-tu sans douceur, arquant un sourcil face à la présence de ton mari éternel.

 

Oksana est rentrée depuis peu de temps et tu as été enchanté de voir ton épouse revenir dans votre nid. Cependant cela n'a pas duré, pour elle surtout. Son humeur est vide devenue sombre, terne et tes absences répétées n'ont rien arrangées. En effet tu as été très pris ces derniers temps, vous avez reçu de nouveaux esclaves et tu as été obligé d'inspecter toi même ces nouvelles créatures. Et puis tu as dû les former, leur faire comprendre qui commande ici et en remettre deux sur le droit chemin. Deux qui ont essayés de s'affirmer mais qui ce sont cassés les dents et qui, maintenant, sont aussi doux que des agneaux. Bref, tu n'as pas put rentrer autant de fois que tu le voulais chez vous et il t'est arrivé souvent de remonter à votre appartement bien après le levé de soleil et de partir, bien avant qu'il ne tombe. En gros, tu n'as que peu croisé ton épouse. Et aujourd'hui, c'est des hurlements qui t'ont tirés de ton bureau alors que tu finissais une transaction avec un client. Celui-ci a été raccompagné à la sortie, pendant que tu cherchais les raisons de ce cri. On t'a informé que Oksana avait frappé une esclave avant de s'enfuir au loin. Tu as compris que c'était une situation de crise et pour éviter d'en reprendre les retombées, tu as pris deux heures avant de te mettre à la recherche de ton épouse.

Tu n'as pas été long avant de te fier à son odeur et de retrouver ses affaires aux sources chaudes. L'endroit, désert, semblait presque iréel, autant que la silhouette se déplaçant dans l'eau comme une sirène. Te voilà, debout à observer le corps nu de ta femme. Et dès qu'elle remonte à la surface pour croiser ton regard, tu sent une bouffée d'amour qui te prend. « Que fais-tu là ? » Malgré le ton froid et cassant, tu lui lances un regard doux. « Je te cherchais. Tu es en colère, qu'est ce qui se passe ? » Que tu demandes, avant d'ôter tes chaussures et de relever ton pantalon. Puis de de t'asseoir au bord du bassin, les pieds dans l'eau. « Cyal te manque ? » Votre fils, dont le travail prenant l'empêche de venir vous voir autant de fois qu'il le voudrait. Mais qui vient assez souvent, pourtant. Alors quoi ?

 

Tu ne savais être autre chose qu'impétueuse, ne faisait que vivre tes émotions plutôt qu'à les ravaler. Cruelle charogne, aggressive et mauvaise, tu attaquais sans raison au lieu de te raisonner. Il n'était guère dans tes habitudes de voir les choses avec objectivité, tu aimais mieux les voir sous le prisme de tes désirs et de tes colères. Déesse vengeresse et mélancolique, il t'arrivait bien souvent de simplement tuer pour le plaisir de voir la souffrance dans le regard des autres. Tu vivais ton éternité avec excès, de sorte qu'il ne t'était plus aisé de vivre autrement. Tu aimais à en devenir folle, tu détestais à vouloir tuer, tes colères faisaient des ouragans, tes joies s'entendaient aux quatre coins du monde. Tu étais en excès et en théâtre, bien que diva tu n'en portais que le surnom. Tu étais ainsi, sans faux semblant, portant si mal le masque de la retenue que tu ne tentais pas même de faire semblant. Même à la cour, il n'était pas rare que tu uses de sarcasme cinglant et de moqueries acerbes, ne faisant pas ignorer tes sentiments et tes opinions sur les autres autour. Cela ne faisait pas de toi la favorite, bien que tu supposais que beaucoup te trouvaient distrayantes.
Aujourd'hui tu n'voulais pas de tout cela, et il ne se trouvait que Milo pour t'approcher sans risquer de perdre un bras. Sans doute parce que tu savais qu'il te rendrait l'appareil et tu tenais à garder tous tes membres en place malgré tout. « Je te cherchais. Tu es en colère, qu'est ce qui se passe ? » T'hausses les épaules, retourne sous l'eau un instant, nageant jusqu'à lui pour t'appuyer sur ses jambes. Sirène d'apparence, tu te tenais contre ses cuisses, pour inspirer l'odeur qui s'échappait de lui en effluves musquées. « Cyal te manque ? » Non, mais l'océan si. Affirmes-tu, cherchant pas à te soustraire à ses questions, parce qu'il est aussi borné que toi et que lui parlais t'fait toujours du bien. Je ne puis continuer à être enfermée sur cette île. Je pense devenir folle. Et les humains n'ont rien de mieux qu'à fêter le solstice qui arrive en dansant toute la nuit sur les falaises et les plages. Impossible de m'y rendre sans les croquer. Impossible de les croquer sans risquer d'être tuée. Foutues règles idiotes - nous devrions faire brûler Lightwood dés demain pour enfin être nous-mêmes.

 

Dès que tu vois le corps de ta femme se rapprocher, tu te met à sourire. Un rictus fin qui relève le coin droit de ta bouche mais qui témoigne de tout le plaisir que tu ressent à l'idée de te retrouver avec la belle. Elle est magnifique et peut importe son caractère et ses crises, tu n'en restes pas moins fou amoureux d'elle. Et puis tu sais, intérieurement, qu'elle ne te fera rien ou du moins pas grand chose. Elle n'oserait pas, il n'y a que deux hommes qui peuvent l'approcher lorsqu'elle est en colère c'est votre fils et toi. Et puis si elle tente de t'envoyer sur les roses elle sait que tu n'auras aucun mal à répondre alors elle n'ira pas vraiment essayer. C'est que tu n'es pas toujours aimable quand on te montre les crocs. « Non, mais l'océan si » Voila tout le nœud du problème alors. Tu t'accroupis devant elle, pour l'observer dans l'eau, son corps nu qui ondule dans le bassin transparent car l'eau est aussi claire que celle des plages des belles îles que vous avez visité il y a longtemps. On dirait une déesse, nul doute que tu es chanceux.

« Je ne puis continuer à être enfermée sur cette île. Je pense devenir folle. Et les humains n'ont rien de mieux qu'à fêter le solstice qui arrive en dansant toute la nuit sur les falaises et les plages. Impossible de m'y rendre sans les croquer. Impossible de les croquer sans risquer d'être tuée. Foutues règles idiotes - nous devrions faire brûler Lightwood dés demain pour enfin être nous-mêmes. » « Ma chère, les Lightwood ne seront bientôt qu'un souvenir. Nous devons être patient, aller trop vite pourrait nous pousser à faire des erreurs. » Tu te relèves avant d'ôter tes vêtements pour te retrouver nu toi aussi. Tu lèves un instant les yeux vers le ciel avant de les fermer, pour respirer l'air pur et frais qui t'englobe. La soirée est belle et un bain sera tout à fait acceptable. « Nous pourrions chasser sur Astree, avec un peu de chance tu pourrais mettre la main sur un chasseur perdu... Et te défouler sur lui. » Dis-tu en ouvrant les yeux pour les poser sur ta femme. Puis tu avances vers le bord et tu entres dans l'eau, jusqu'à finir totalement immergé.

« Tu devrais repartir sur les mers quelques temps. Si c'est ce qui te rend heureuse, ne te prive pas. Je ne me mettrais jamais entre toi et ton amante... » Et en quelques brasses tu t'approches d'elle, avant de disparaître entièrement sous l'eau car tu y plonges la tête.