C'est sur les îles Lofoten que j'ai vue le jour. Je ne devais pas y rester, en effet moins d'une semaine après ma naissance ma mère me quittait pour rejoindre l'armée dans laquelle elle était engagée, afin de ne pas bafouer le serment qu'elle avait fait à la famille royale Norvégienne, celle qui régnait à l'époque. Plus d'une fois au court de ma vie j'ai croisée ma mère, avant que la lassitude d'une longue vie ne l'emporte et qu'elle se jette sous les rayons du soleil pour écourter sa vie. Mon père était Grec, fier et honorable, il avait rencontré ma mère lors d'un simple voyage et il a eut le coup de foudre pour cette femme puissante, fière à la chevelure blonde comme les blés. Elle était magnifique ma mère et je n'ai jamais doutée de l'amour qu'il pouvait avoir pour elle. Le contraire en revanche était difficile à croire, je ne me souviens pas que ma mère n'ai aimée quelqu'un d'autre que son pays et la famille royale, c'est pour dire. Etant une fille je ne pouvais rester avec mon père, je me devais de rejoindre vers mes cinq années les rangs de l'armée Norvégienne, afin de m'entraîner et d'apprendre les techniques de combats qui pourraient me faire entrer dans la prestigieuse unité d'élites que représente les valkyries. Cette dernière est composée uniquement de femmes, qui sont tenues dans leur vie d'avoir au moins une fille, voire plusieurs afin de peupler cette unité militaire encore et encore. Après l'accouchement l'enfant féminin est enlevé à la mère avant que cette dernière ne subisse une sorte de reformatage mental, pour qu'elle ne ressente pas l'amour familial pour son enfant, mais pour son pays. Car la couronne Norvégienne considérait à l'époque qu'une femme défendant le pays comme son enfant valait plus au combat que n'importe qu'elle armée. Cela devait être vrai, car longtemps nous avons été invaincues.
Si je devais en devenir une, j'étais encore jeune lorsque la couronne a entendu parler de la nouvelle île crée par les Lightwood, un coin de paix et d'entente entre les humains et les vampires. La couronne Norvégienne étant pour l'esclavage et l'asservissement, c'est bien vite qu'ils sont rentrés en guerre contre cette utopie et contre cette famille. J'étais jeune, j'avais moins d'une centaine d'années mais j'ai été envoyée au combat comme les autres. Nous devions nous battre, car l'armée des Lightwood étant soutenue par celle des Moldovan, était la plus grande jamais vue d'après les rumeurs. Elles ne c'étaient pas trompés. Le combat reste vibrant dans mon esprit, mes sœurs sont tombées en quelques heures alors que le reste de l'armée royale rejoignait les cadavres changés en pierre. Il n'en restait qu'une dizaine, nous étions toutes debout et prête à mourir comme des fières guerrières nous aussi. C'est là qu'il est apparu, dans son armure sombre comme la nuit, sur son cheval qui soufflait un air chaud faisant de la buée dans l'air, tant le temps tombé sur mon pas était glacé. Il est descendu de son cheval pour s'approcher, avant d'ôter son casque et de dévoiler un regard aux yeux vairons.
« Votre bravoure a été exemplaire, mais je refuse d'ôter la vie aux dernières survivantes de ce massacre. Rejoignez nous, vous ne le regretterez pas. Les Lightwood sont généreux avec ceux qui leur jurent allégeance. » Pendant quelques minutes j'ai hésité avant de voir une de mes sœurs dégainer son épée pour se jeter sur le chevalier noir, qui l'a faite taire d'une dague dans le cœur. Je n'avais pas encore jurée mon allégeance à la couronne Norvégienne, j'étais encore une apprentie militaire et j'avais le droit de changer si je le voulais. Je refusais de devenir une femme comme ma mère, enfantant une fille pour la voir m'être arrachée, presque torturée, formatée à ce que la couronne voulait. Alors lorsque mon regard c'est baissé, j'ai vu sortir de la foule un homme immense, à la chevelure noire et au regard sombre, il portait une armure frappée d'un blason familial et son visage était maculé de sang, celui de ses ennemis.
« Le prince. » A annoncé le chevalier noir, alors que j'ai hochée la tête et que j'ai lâchée mon épée au sol, avant de m'agenouiller et de jurer allégeance, en même temps que plusieurs de mes sœurs.
La générosité des Lightwood dépassait tout ce que j'avais pu espérer. J'ai rejoint l'île d'Atlas avant d'intégrer l'armée de l'île, devenant bien vite une des meilleurs de mon escadron. Si l’entraînement était tout autant intense qu'en Norvège, ils ne tarissaient pas de compliments lorsque je brillais par ma réussite. Je n'étais pas habituée, les valkyries étaient difficilement traités pour les endurcir, ce qui parfois me semblait un peu extrême. Étant justement habituée au pire, je n'étais pas dérangée par les coups, les blessures et par le rythme imposé. J'ai eu un peu de mal avec le fait de ne pas traquer ni chasser des humains, si bien que plus d'une fois j'ai été prête à me jeter sur un mortel avant d'être arrêtée par un autre garde ou le chevalier noir en personne, qui était très proche de ses guerriers. J'ai aussi appris à maintenir mon besoin de chasse en mettant toute cette frustration dans les entraînements, ce qui me rendait plus agressive encore qu'on ne pouvait l'espérer. Et si je me méfiais du chevalier noir au début de mon arrivée, il est devenu avec le temps un homme que je respecte et que j'admire pour son courage.
« Elle m’énerve ! Mais qu'elle m’énerve ! » « Hé Minerve, le torture pas notre bon général ! » J'ai éclatée de rire en me tournant vers un instructeur, qui riait lui aussi de voir la réaction du chevalier noir. Ce dernier passant son temps à répéter que je l'énervais justement, j'ai rapidement héritée du surnom Minerve en lien avec un jeux de mot assez idiot et peu recherché. Mais les gardiens vouant leur vie à la couronne, nous avions des plaisirs simples et sobres ainsi qu'un humour un peu léger. C'est avec fierté que j'ai réussie mon rite d'initiation qui était une véritable torture, surtout la dernière partie concernant la soif. Mais j'ai dépassée cela, ce qui était une torture plus violente pour moi car j'avais encore sur la langue le plaisir d'une bonne morsure au creux d'une gorge bien chaude après une traque de plusieurs heures. J'ai reçu comme tous les autres ce jour là la marque prouvant mon appartenance à l'armée, le blason des Lightwood apposé sur mon bras gauche avec de l'argent afin de brûler ma peau. La douleur n'avait pas de limite mais c'était bien peu face à toute cette fierté que j'avais en moi.
Je n'ai cessée de servir les Lightwood depuis ce jour là, me rapprochant toujours un peu plus du chevalier noir qui était un véritable frère d'arme pour moi mais aussi un ami. Il était notre chef mais il ne se comportait pas comme cela, il n'avait rien d'arrogant ni de supérieur, c'était un homme comme les autres qui avait à cœur de connaître chacun de ses soldats. Il est toujours ainsi d'ailleurs. Plus les siècles ont passés plus je suis montée en grande dans l'infanterie, fraction que j'avais refusée de quitter. Jusqu'au soir où j'ai été appelée dans les appartements du chevalier noir. Il m'a confié le rôle d'intendante, de son bras droit, la deuxième plus hautes places dans les armées. J'étais fière et reconnaissante pour cette confiance mais le général des armées a vite fait de me dire que j'avais méritée la place, que je ne devais pas le remercier mais seulement me féliciter pour cette réussite.
J'ai continuée à travailler pour lui, jusqu'au soir terrible où l'impératrice a été assassinée. Ma douleur n'avait aucune limite, car je connaissais l'impératrice pour l'avoir plus d'une fois approchée en compagnie de mon général. Elle était douce et tendre, une véritable colombe dans un monde trop souvent sombre. Après cet assassinat j'étais prête à retourner la moitié de l'île mais le chevalier noir m'a demandé de garder mon calme et mes esprits, car la menace est plus dangereuse qu'on ne le pense et que nous devons ouvrir les yeux, afin que cette tragédie ne se reproduise pas. Mais je doute que ce soit la dernière fois qu'une chose pareille ne produise sur l'île, car les chasseurs sont une menace que nous ne devons pas prendre à la légère.