Echo Moldovan | when the wind blows

Do you have brothers and sisters ?
J’ai deux frères relou – deux frères aînés trop protecteurs pour qu’j’puisse me considérer indépendante. Y’en a un qui sort son pinceau tout le temps, l’autre qui l’garde enfermé, un qui se bat et l’autre qui préfère faire la fête et les organiser, les fêtes – j’laisse deviner qui est qui.

  MOLDOVAN, HELIOS ღ La première fois qu’j’en ai eu une dans les mains c’était à treize ans, quand ils ont décidé qu’être haute comme trois pommes c’était pas si grave et que de toute façon, les vampires se musclent plus vite que des humains normaux. J’aimais pas qu’il parte trop souvent, Hélios, mais il avait pas l’choix – chef des armées c’est pas le genre de boulot qui permet de rester en Russie éternellement. La deuxième fois c’était à cent ans, quand j’ai fini par avoir le droit de choisir l’arme officielle. « C’est un grand moment pour toi, bébé sœur, » il annonce avec son sourire – j’peux que bouder à cause du bébé. « J’ai cent ans, j’suis plus un bébé au bout d’un siècle. » Il se met à rire et c’est vers l’armurerie qu’on se dirige, j’ai la tête d’la fille concentrée qui essaie de pas montrer l’excitation qui monte. La nuit rend les couloirs flippants, parce qu’on peut ouvrir les rideaux quand le soleil disparaît, et les ombres qui s’allongent n’ont rien de rassurant – mais c’est l’habitude qui change tout. Et puis Hélios est là – j’vois pas ce qui pourrait nous arriver tant qu’il est là. « J’aime bien celui-là. » Il est majestueux, l’arc, au milieu de la pièce posé sur un piédestal comme s’il attendait qu’une chose, qu’on s’en saisisse pour qu’il arrête enfin de s’ennuyer. Il a l’air vieux, aussi, plus d’cent ans – « C’est du bois d’Ukraine, un des plus solides. Excellent choix. » J’peux que sourire et arrêter de faire semblant, quand j’ai l’arc au bras tout va soudainement mieux. « Il était à qui, avant ? » Parce qu’il a bien appartenu à quelqu’un, sauf qu’Hélios hausse les épaules. « Pourquoi t’irais pas le montrer à Mère au lieu de poser des questions ? »  



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  MOLDOVAN, OSLO ღ Jour, nuit, jour, nuit – y’a rien d’plus illogique quand on est vampire, pas de différence quand on vit les rideaux fermés en permanence parce que les coups de soleil peuvent tuer. Ca donne des actions limités et des fois j’rêve juste d’être humaine pour profiter encore plus de la vie – tout en étant morte pour de vrai. La maison est silencieuse et j’suis posée dans le lit d’une chambre presque totalement noire, c’est qu’on n’a pas besoin d’être nyctalopes pour voir dans le noir. On l’a naturellement cette faculté là, et de toute façon la lumière bleue d’écrans d’ordinateur n’est pas dangereuse pour nous. J’risque rien à y passer mes journées – comme les humains le feraient la nuit. J’risque rien à utiliser des logiciels de montage vidéo en permanence pour m’améliorer à faire des vlogs tous les jours depuis un quart de siècle maintenant. C’est celui du mariage d’Oslo qui a eu le plus de succès, à croire que les vampires aiment le fluff, eux aussi. Alors j’ai continué dans ma lancée – en plus d’faire des captures vidéos de jeux où on s’invente une vie. C’qui est plus intéressant que la vraie, de vie, et quand les gens aiment que j’fasse des délires avec leurs têtes et leurs noms c’est encore mieux.
Surtout quand ça mène à des scandales diplomatiques.
Ce qui n’est pas arrivé – pour le moment. Sauf que – « Vous avez pas bientôt fini ?! » j’gueule pour les autres de l’autre côté du mur, parce que même en étant vampire on n’est pas à l’abri des disputes de couple devenues diurnes. Hôtel vampire, murs fins, chambres tout à fait correctes mais pas si insonorisées, c’est pas l’endroit idéal où enregistrer un voiceover. My name is Echo Moldovan, and this is the day I made the most awkward voiceover EVER.
J’ai fini par sortir d’ma chambre paumée au milieu de l'Afrique – parce qu’on finit par débarquer dans des lieux bizarres en faisant un tour du monde – pour traverser le couloirs sans fenêtres et ouvrir la porte du refuge d’mon frère numéro 2.
J’ai toujours aucune idée de si j’aurais dû – ou pas – m’incruster dans leur intimité en pleine journée. J’me dis que j’ai bien fait parce qu’en me remémorant la scène, Liloo ne serait plus de ce monde en ce moment. A croire qu’un vampire c’est facile à tuer. Ce qui n’est pas censé être le cas. Immortels, on doit notre éternité à ceux qui nous sauvent la peau – moi la première – et Liloo Nahmany a maintenant une dette envers moi.
C’est qu’il est gentil, Oslo, sauf depuis ledit mariage et a réussi à me faire presque vomir. Si seulement les vampires pouvaient vomir. Elle est à terre – et ça a l’air de tout, sauf d’un accident, vraiment. Ca n’en a pas l’air, du tout, et j’regarde la scène sans comprendre. Ou presque, j’vois juste qu’ils ont recommencé, qu’Os a fait pire, cette fois, et que si j’avais pas ouvert la porte ça aurait été les rideaux, après qu’il se soit planqué. « Bon sang, Os, tu t’arrêtera jamais ? » J’peux pas dire ça sans crier – j’ai l’air folle et j’risque d’éveiller tout l’hôtel. « Laisse-la tranquille ! »
J’sais pas combien de temps se passe pour qu’il se calme, avec la Liloo toujours sur le sol, mais les rideaux fermés, j’sais pas combien de temps j’ai passé à le maîtriser – j’me souviens juste qu’il a fini par se calmer. Et que ce jour-là, on en a évité un, de scandale diplomatique, et que ça a failli ne pas être le cas.