Accident ♛ Elle n'a Aucune familleOrpheline. Tes parents morts, te voilà sans famille. Terminé, mais tu étais trop jeune pour comprendre. Seulement trois ans, mais à dire vrai t'as jamais vraiment souffert de cette absence de parents. Sûrement parce que t'as vite été adoptée sur Haima, et que t'étais trop petite pour te sentir détruite de plus avoir tes parents. C'était un accident, alors t'as pas subi de traumatisme. Un accident, et toi t'es dev'nue orpheline, p'tite rouquine qui courait déjà dans tous les sens. Une gosse qui a perdu ses parents mais qui s'est retrouvée dans un autre foyer. Une enfant qui a grandi sans famille génétique mais a eu une famille d'accueil. C'est pas un mal, tu penses. T'en as pas souffert en tout cas, parce qu'ils ont, en quelque sorte, jamais été là.
Orpheline, c'est comme ça que tu as grandi, comme ça que tu as toujours vécu, ou presque.
Elle ne respecte Aucune règle ♛ Rébellion
C'est haut, trop peut-être pour une gosse de huit ans, mais tu trouves ça génial. Tu sais que tu n'as pas le droit d'être là, ou plutôt tu sais qu'on te l'a dit, mais tu ne comprends pas. Pourquoi t'aurais pas le droit d'venir ici ? C'beau d'tout voir d'ici, alors tu regrettes pas. Mais tu doutes pas que ce sera encore mieux une fois qu'tu seras au sommet, alors t'tapes du pied d'impatience.
« T'sais qu'ça va pas plaire à Papa ? » Haussement d'épaules, tu t'en fiches un peu de ce qui lui plaît ou non. Beaucoup, en fait, et le problème il est peut-être là.
« On a pas l'droit d'venir dans sa chambre. Ni sur l'toit, et tu vas t'faire mal. » C'est pas d'ta faute si tu peux monter sur l'toit qu'en passant par l'balcon d'sa chambre, si ?
« Il dira rien, » qu't'affirmes même si c'est pas vrai. Il saura rien, si vous savez vous taire, mais t'es pas sûre qu'ce soit l'cas tant tu s'ras fière d'être allée là-haut.
« Aide-moi à monter. » Tu lui as déjà montré comment faire, alors une courte d'échelle plus tard t'es en train d'escalader pour rejoindre le toit. Tu manques pas d'tomber, mais tu trouves juste ça merveilleux. D'être grande, rebelle, libre.
« T'aurais dû v'nir, c'est trop chouette ici ! » qu'tu piailles assez fort pour être entendue. A t'allonger pour juste regarder l'ciel, et t'sentir plus vivante que jamais tu l'as été en huit années.
Fugue ♛ Elle ne reconnaît Aucun parentTu t'es barrée, c'est vrai. C'est pas vraiment une fugue, plus une envie de liberté à satisfaire, et le refus d'accepter le « non » pourtant plus que ferme de ton père adoptif. Rien à faire, t'as pris la porte dès qu'il a eu le dos tourné, partant te balader sur l'île sans plus te soucier de ce qu'il pouvait bien penser. Lui ou ta mère adoptive, c'est du pareil au même avec eux. T'étais bien dehors, avec le vent qui fouettait tes cheveux et ton rire qui résonnait dans l'air. T'es pas une gamine triste, t'en as jamais été une. Tu voulais juste t'amuser, tu ne pensais pas à mal. T'as juste ignoré l'autorité, parce que t'en vois pas l'intérêt. Pourtant ton père t'est tombé dessus alors qu'tu faisais de mal à personne. Et il a grogné, avant d'te forcer à rentrer. C'est pas un violent ton père, il te frappe pas. Il s'exaspère juste d'te voir si libre, faut croire, et lorsque tu rentres y'a ta mère pour l'soutenir.
« Vous n'êtes pas mes parents. » C'est froid, c'est franc, et ça vole dans l'air une seconde avant que tu ne claques la porte de la cuisine pour aller t'enfermer dans ta chambre. Dix ans à peine et déjà tu refuses de te plier à ce qu'ils disent. T'as été adoptée, tu le sais, ils ne te l'ont jamais caché. T'es pas leur fille. T'es la fille de personne, alors t'es libre de faire c'que tu veux.
Elle ne supporte Aucune contrainte ♛ Liberté
L'parquet qui craque sous tes pieds, et toi qui sait pas quelle heure il est, t'en fichant tant qu'tu trouves c'que tu cherches. T'ouvres quelques tiroirs avant d'tomber sur l'bon, parce qu't'as l'impression qu'ça change tout l'temps d'place ici, ou alors c'est juste que tu n'fais pas assez attention.
« Qu'est-c'tu fais ? » Tu t'tournes, une tablette de chocolat dans la main droite, glissant une mèche rousse derrière ton oreille de l'autre. T'es pas coiffée, les genoux p't'être trop couverts d'terre, mais ça a pas vraiment d'importance.
« J'ai faim. T'en veux ? » qu'tu proposes en lui tendant un bout. Même prise, la gourmandise fait pas disparaître sa mine inquiète, et t'arques un sourcil pour savoir c'qui cloche.
« T'as pas dormi ici cette nuit. » Tu hausses les épaules, ton regard dans le sien. T'as dormi dehors cette nuit, c'est vrai. Chez un ami, même si ça tard'ra pas qu'tu dormes dans la rue.
« Tu vas repartir ? » Tu hoches la tête, te sentant pas chez toi ici, t'préférant dehors, libre et rebelle.
« C'est bien dehors ? » « C'mieux qu'ici. J't'amènerai avec moi un jour, » qu't'affirmes, et t'poses un baiser sur son front avant d'filer dans ta chambre. T'veux pas voir d'inquiétude dans ses yeux parce qu'y a pas d'raisons d's'inquiéter : t'as décidé d'vivre, et d'pas étouffer ici plus longtemps.
Vol ♛ Elle n'a Aucune moraleT'toques à la porte de sa chambre avec un sourire, tes doigts s'agitant autour du paquet qu't'as dans les mains. T'as hâte de le lui donner, si hâte qu'tu tapes du pied comme quand t'étais gosse, jusqu'à c'que la porte s'ouvre et qu'tu claques un baiser sur sa joue. Avant d'lui tendre, toute fière, espérant qu'ça lui plaise.
« Cadeau ! » L'regard perdu, puis les mains qui déchirent l'papier qu't'as fait à la va-vite, plus pour la forme qu'autre chose. L'MP3 finalement déballé, tout neuf, et ses yeux qui comprennent toujours pas. C'est pas son anniversaire, c'rien d'tout ça aujourd'hui. Jour lambda, il paraît, mais toi tu les comptes pas, les jours.
« Ça t'plaît ? » Sourire, hochement de tête, et toi qui l'serre dans tes bras avant d'disparaître à nouveau. A l'laisser en plan avec son cadeau, et ses questions. Vous roulez pas sur l'or, ça a jamais été l'cas, alors c'pas normal que t'aies pu lui offrir cela. Sauf que tu voles, toi, du haut d'tes quatorze ans. Tu voles ceux qui ont tant d'richesses qu'ça leur fera pas d'mal, parce que vous vous n'avez rien à côté d'eux. Et tu trouves pas ça juste, d'pas pouvoir acheter tout c'que tu voudrais. Alors tu l'fais sans trop t'soucier des conséquences, les voyant pas, t'concentrant plus sur c'qu'il y a à la clef. Développant une légère cleptomanie à force, à piquer tout c'que tu vois, à tenter alors qu'tu devrais pas. Voleuse peut-être, mais toujours rebelle et libre. A t'sentir vivante parce que tu t'trouves pas dépourvue d'tout, bercée par l'adrénaline.
Elle ne fixe Aucune limite ♛ Errance
Chez toi c'plus très loin, à deux ou trois minutes à pied s'tu traînes pas la patte. T'as pas l'choix qu'd'y passer, y'a une d'tes chaussures qu'a rendu l'âme, et puis t'as faim. Tu lui f'ras un bisou avant d'repartir, aussi, mais t'finiras par repartir. T'restes jamais longtemps chez toi, au mieux ça dure un repas, au pire l'temps d'rejoindre ta chambre.
« Tu viens c'soir ? » Hochant la tête, tu prends pas la peine d'le dire avec des mots – t'sais qu'il connaissait déjà la réponse. Tu viens toujours, et y'a presque plus aucun soir où tu dors chez toi, dans c'lit qui semble même plus être le tien. C'pas chez toi de toute façon, t'es libre, tu l'as toujours dit. T'y passes pour t'approvisionner, surtout, et pour l'voir un peu. C'tout c'qui compte dans cette maison, tes parents c'sont pas les tiens, alors ces murs non plus. Toi, tu as seulement accepté d'être une sœur – le reste ne compte pas. T'es la fille de personne, la gamine de la rue, l'orpheline de la liberté. T'es heureuse comme ça, tu veux pas d'parents de toute façon. C'trop d'contraintes, et toi tu veux juste être vivante. A faire des conneries, parfois – souvent, qu'on t'dirait. A taguer des murs, balancer des pierres sur des vitres, voler. Voler surtout, un peu d'tout, un peu trop. Voler pour t'payer ces nouvelles baskets maintenant qu'les vieilles sont plus utilisables, usées parce qu't'as trop couru aux quatre coins d'l'île pour faire les quatre cents coups. Libre, tu l'es trop peut-être, mais plus personne n'peut t'en empêcher à présent.
Erreur ♛ Elle n'a Aucune chanceTu cours, tu cours pour sauver tes fesses des gardiens qui sont plus très loin. Tu les as entendus, mais t'as bien l'intention de les semer – c'est pas aujourd'hui qu'tu vas te faire piégée. Jusqu'à c'qu'il ait cette clôture comme obstacle face à toi, et qu'tu réalises que ne peux pas reculer. Alors tu prends pas la peine de réfléchir, balançant ta veste pour t'protéger des pics comme tu l'peux avant d'escalader. C'est pas la première fois que tu le fais, mais d'habitude tu es moins pressée, parce que t'as personne à tes trousses. C'sûrement pour ça qu't'as mal placé ta veste, et qu'en sautant en bas tu sens une vive douleur t'saisir. Ton bras – tu jurerais qu'on vient de t'en arracher un bout.
« Merde, » qu'tu grognes en constatant qu'tu t'es sévèrement entaillée. Et l'carmin s'met vite à couler d'la plaie, tandis qu'tu t'tires sans demander ton reste, y laissant ta veste.
Ils t'ont pas attrapée, mais maintenant t'es assise par terre, dans une rue paumée où tu sais pas c'que tu fous. T'as froid sans ta veste, surtout que t'as déchiré un bout d'ton tee-shirt pour l'enrouler autour d'ta plaie pour pas qu'ça saigne plus. L'côté droit, un peu, on y voit ton ventre mais tu t'en fiches. T'as les jambes pliées, les cuisses contre ta poitrine, et c'que t'as volé dans ta main droite. Entre le trophée et la statue, tu doutes pas que cela peut valoir beaucoup. Sauf si tu te fais prendre, et maintenant que t'as laissé ta veste tu t'dis que ça peut arriver. Et si c'est l'cas tu s'ras plus libre, enfermée pour un temps. Quinze ans seulement, mais l'vol c'est un délit qu'on prend rarement à la légère. Alors tu rentres pas chez toi. Tu connais l'chemin, pourtant, mais t'as peur qu'on t'y attende. Qu'on t'prenne tout ce que tu as, c'est-à-dire bien peu de choses.
Elle n'a Aucun échappatoire ♛ Capture
T'sais pas combien d'heures t'es restée là à t'morfondre, peut-être que ça n'fait que quelques minutes. Ton bras te lance autant que le froid te mord lorsque tu te décides à te lever. Tu peux pas rester dans l'incertitude, t'en es pas capable plus longtemps. Alors tu fais d'mi-tour, te dirigeant vers l'endroit où t'as perdu ta veste dans l'espoir qu'elle y soit encore. Si tu peux la récupérer, alors peut-être qu'ils ne te retrouveront pas. Espoir brisé lorsque tu arrives devant la clôture où tu t'es coupée. La veste n'y est pas, et tu réalises soudainement qu'ils peuvent te retrouver à l'aide de ton sang.
« C'est à toi ? » Tu t'tournes brusquement, t'apprêtant à lâcher une insulte avant d'le voir. Ta veste dans ses mains, tu t'figes sans vouloir répondre. Si tu nies, est-ce qu'il te croira ? Ou alors il sait déjà, et tu es déjà fichue. Piégée – la perspective d'plus être libre t'fait soudainement plus flipper que jamais tant elle est réelle. Elle t'fait face, t'menace, et toi t'as aucune croc à montrer.
Tu veux pas tout perdre, surtout qu't'as rien – c'd'autant plus horrible d'réaliser qu'on a si peu qu'tout peut disparaître d'un simple revers de la main.
« Et ça ? » L'objet du délit, de ton délit dans les mains, tu comprends que tu es faite. C'était la fois de trop, peut-être, mais tu te l'es dit trop tard. Mais tu veux pas te laisser faire – tu peux pas laisser les choses s'faire ainsi.
« Rendez-le moi ! » qu'tu feules dans ta folie de rebelle, bondissant sur ta richesse volée. Ça dure une seconde – l'espoir qu'tu puisses arranger les choses, lutter contre. Une seconde, puis il te ramène sur terre d'une seule main, t'forçant à t'laisser faire et t'empêchant d'bouger. Tu crois un instant qu'il est fou, ou qu'il va t'tuer. Pourtant, durant cette même soirée, c'est lui qui te sauvera. Lui qui rendra l'objet au noble à qui tu l'as dérobé, qui paiera pour que les charges contre toi soient abandonnées, qui fera en sorte que tu sois sauve. Et c'est ce qu'il est, Milo : ton sauveur.
Cage ♛ Elle n'a Aucun alternativeTon bras a arrêté de saigner, et t'es trop fière pour râler à cause de la douleur. Tu te contentes de le suivre alors qu'ton regard examine tout ce qui vous entoure sans comprendre ce que tu fais ici.
« On est où ? » Ton regard dans celui de ton sauveur, tu peux pas t'empêcher d'être suspicieuse. Tu sais que c'est lui qui t'a permis d'éviter les problèmes après cette histoire de vol, mais t'as l'impression d'être piégée ici. Tu veux être libre toi, t'es pas d'celles qu'on peut enfermer.
« Au Seven Deadly Sins, » qu'il te répond, et c'est à peu près tout ce qu'il te dira avant de t'amener t'faire soigner. Tes questions il y répond qu'à moitié, au début, par des grognements sourds qui t'font soupirer d'agacement, à tel point qu't'hésites à t'barrer en courant. Bêtement, parce qu'en réalité il aurait pas d'mal à t'rattraper, et à t'mettre par terre si vite que t'aurais même pas le temps de protester. Alors tu te laisses faire, au début, à les laisser s'occuper de ta plaie sans grogner. Jusqu'à c'que Milo revienne, et qu't'aies plus la patience de te taire.
« Qu'est-ce que j'fais ici ? » Tu veux pas rester dans l'ombre plus longtemps, tu veux savoir pourquoi il t'a sauvée et conduite jusqu'à ce fameux Seven Deadly Sins.
« Tu vas être formée. » « Formée ? » Tu comprends pas, jusqu'à ce qu'il t'amène. Jusqu'à c'qu'on t'apprenne tous les rouages de ce métier que tu vas devoir exercer, qu'on te dise quoi faire, comment, pour qui. Qu'on t'éduque, qu'on t'forme, qu'on t'prépare à ton futur.
Elle n'a Aucune appréhension ♛ Talent
Première fois. Certains ont peur d'pas être assez talentueux, mais toi tu sais qu'après tout ce qu'on t'a enseignée tu seras compétente. D'autres que ça ne leur plaise pas, alors que toi t'as pas à y réfléchir. Tu fais c'qu'il faut pour vivre – survivre. C'est c'que t'as toujours fait, alors t'angoisses pas tant que ça. T'sais que c'est seulement le début, et qu'tu devras t'y faire. T'as pas d'autres choix en réalité, et t'es trop reconnaissante d'pas avoir été entre les barreaux d'une cellule pour te plaindre maintenant. C'est trop tard, de toute façon, car tu sais qu'il arrive. T'as été formée, t'as aucune raison de t'en faire. Tu sauras plaire, tu trouveras moyen de satisfaire le client. Parce que c'est tout ce qui importe, finalement. Tu travailles à t'soumettre, à écouter, à obéir – c'pas naturel chez toi, mais ça l'deviendra. T'essaies d'le vivre comme un jeu, parce que ça n'dure qu'une nuit, parfois moins. Ça dure l'temps qu'il faut, et ensuite c'est terminé. Jusqu'au prochain, mais ça tu y penseras plus tard. Tu t'donnes l'illusion d'être libre, et t'y crois finalement, à t'plaire à c'travail qui t'offre c'qu'il te faut, et t'coûte rien d'plus qu'un temps où t'oublies qui t'es pour satisfaire. Tu ne joues pas, tu travailles – ou alors c'est l'inverse.
Amour ♛ Elle n'imagine Aucun sentimentTu pensais pas qu'il viendrait, à dire vrai t'avais pas compris comme cela le terme « essayer ». C'est ce qu'il va faire pourtant, puisque visiblement il le fait toujours. Avec tous ceux qui viennent travailler ici, semble-t-il, et si au début tu t'en moquais, après quelques minutes il t'prend l'envie folle d'vouloir être la seule. La seule qu'il essaye, la seule qui lui convient, la seule qui puisse profiter de cela. Syndrome de Stockholm qui se développe bien vite, s'accentuant à chaque coup de rein. Il est beau Milo, plus que de cette beauté vampirique commune à tous tes clients – il a la beauté d'ton sauveur, de celui que tu te lasserais jamais de satisfaire. La première fois t'fout des papillons dans l'ventre, les mêmes qui s'frayent un chemin dans ton corps la fois suivante, et celle d'après. C'jour-là, l'appréhension et tout c'qui l'accompagne s'évapore face à tout ce que tu ressens. Des sensations qui reviennent à chaque fois, parce que tu pourras jamais t'ennuyer de lui. D'tout c'qu'il est et représente pour toi, d'sa force, d'son charme – c'tout qui t'fait planer à chaque fois.
Elle n'a Aucun ami ♛ Roi
C'pas la première fois qu'tu l'masses pour qu'il aille mieux, ni la dernière. C'qu'une parmi d'autres, parce qu'pour lui tu pourrais l'faire autant d'fois qu'il souhaite sans rechigner. C'toi qui t'proposes en général, pour qu'ses mots s'envolent et qu'il te parle un peu, comme tu l'fais lorsqu'il s'occupe d'toi.
« T'as t'jours l'dos en vrac, » qu'tu constates, soupir amusé qui s'échappe de tes lèvres étirées. T'fais c'qu'il faut pour qu'les nœuds disparaissent, et comme d'habitude vous parlez. D'tout, d'rien, parce qu'votre vie elle s'passe ici, au Seven. Parce que votre vie c'est l'Seven, en réalité. Lui il y est même né, et toi t'y as tout appris. A être soi-disant libre alors qu'vous êtes piégés ici, mais à pas vraiment vous plaindre parce que c'est tout c'que vous avez. Qu'lui il a jamais connu qu'ça, et toi t'as jamais connu mieux. T'songes à partir, pourtant, parfois. Quelques instants rebelles où t'hésites à claquer la porte, t'disant qu'si tu dis rien au monde extérieur sur l'Seven, alors Milo t'laissera libre parce que Milo il t'aime – t'oses l'espérer, tu veux pas croire autrement. Sauf qu'ils sont deux à t'retenir ici – ton sauveur et ton roi. Deux dont t'es pas sûre d'pouvoir t'passer, même certaine d'pas pouvoir être heureuse sans. Lui non plus il veut pas s'barrer, tu saurais pas dire si c'est de la fidélité au Seven en général ou à l'un des maîtres en particulier – on s'éprend si facilement dans votre condition. Tu sais qu'il donnerait sa vie sans hésiter pour l'Seven, qu'il vous trahirait jamais, qu'il ferait tout pour rester avec vous pour toujours. Tu le sais, parce que tu ferais d'même pour Milo, bien qu'toi t'aies Oksana comme obstacle – même si tu perds pas l'espoir d'la faire tomber d'son trône. Ton roi il est juste fidèle, foutrement fidèle, parfaitement fidèle – au Seven comme à toi. Celui à qui tu parles plus facilement qu'à n'importe qui, parce qu'il est pour toi ce qui se rapproche le plus d'un meilleur ami. Si tenté est qu'vous vous donniez des titres, parce qu'en réalité il est bien plus que ça. Y'a pas d'titres à s'donner. Y'en a pas b'soin pour savoir qu'le Seven perdrait d'son intérêt s'il y était pas. Pour être sûre qu'lui c'est ton essentiel, parce qu'un roi vit pas sans chevalier, et qu'un chevalier a b'soin d'son roi.
Protection ♛ Elle ne tolère Aucune menacePoussant naturellement la porte d'un coup de hanche, tu cherches ton roi des yeux sans l'trouver. Y'a qu'la blondinette par ici, celle qui a débarqué récemment au Seven. Elle y fait pas grand chose, d'ailleurs. Elle sert pas les clients, seulement Oksana, alors tu t'dis qu'c'est pas un danger. Mais tu l'aimes pas Oksana, tu fais juste semblant. T'aimes trop Milo pour pouvoir supporter sa femme, et tu la hais parce qu'elle a tout ce que tu voudrais. Tu veux Milo, surtout, rien qu'pour toi – et tu t'sais suffisamment patiente pour la vaincre à l'usure. L'immortel finira par se lasser de celle au cœur glacé, alors qu'de ta chaleur humaine tu veux pas qu'il se détourne. Qu'il te délaisse – tu pourrais pas le supporter.
« Tu l'as vu y'a peu ? » qu'tu demandes sans vraiment prendre la peine de sourire, n'donnant pas de nom car elle sait de qui tu parles – c'est souvent lui que tu cherches, quand c'est pas Milo, et Milo tu veux pas qu'la blonde l'approche. T'es pas méchante avec elle, te contentant de la garder à l’œil parce qu'elle est toute nouvelle et que t'es méfiante. T'veux juste qu'elle reste éloignée d'ton immortel, ou alors tu deviendras à n'en douter son pire cauchemar – t'doutes pas d'être plus forte qu'elle, et d'pouvoir l'effrayer assez pour qu'elle s'en approche plus jamais.
« Non. » T'lèves les yeux au ciel, agacée une seconde. Avant d'te dire qu'il est p't'être occupé à s'amuser, et t'as un sourire en coin à c't'idée. Avant de reposer ton regard sur Fanny, t'appuyant contre le mur. Bras croisés, ta chevelure tombant sur tes épaules quand tu n'l'entortilles pas du bout d'tes doigts. Mais tu t'arrêtes pour lui parler – t'la gardes à l’œil.
« Tu travailles parfois ou tu sers juste de figurante ? » Un peu brutal peut-être, c'la dit tu t'fiches bien d'la vexer, d'la brusquer ou d'la déranger. C'est ton royaume ici, pas le sien.
T'attends pas qu'elle réponde, finalement. Tu lui en laisses pas vraiment le temps – tu t'fiches pas mal de ce qu'elle te répond, d'un seul coup. T'veux juste la prévenir, ou alors la menacer – t'saurais dire.
« Oublie, j'm'en fous. Contente-toi d'pas foutre le bordel, hm ? » qu'tu lâches en la regardant droit dans les yeux. Tu refuses que quiconque brise ce qui fait ton quotidien aujourd'hui par égoïsme. Tu dors, vis et travailles au Seven, et quand t'en as envie t'as l'droit de sortir comme t'es l'une des favorites. Ils savent que tu trahiras pas le Seven, parce que malgré la présence dérangeante d'Oksana dans le décor, ils sont tout ce que t'as, ils sont ta famille. T'as eu qu'une seule vraie famille auparavant, une famille qui se résumait à une seule personne à qui tu tenais – une personne qui n'est plus à tes côtés aujourd'hui. Une personne dont t'as plus de nouvelle, et qui t'manque un peu, parfois – quand tu penses trop, à te dire que peut-être elle te croit morte, s'inquiète, te pleure. Alors t'as ton travail pour pas penser, et ton roi qui t'fait croire qu't'es plus seule, comme Milo. Qu'tu l'seras jamais, parce qu'dans ce monde le Seven c'est tout ce que t'as, surtout, et tu permettras pas qu'on te vole ce pour quoi tu te bats depuis qu't'es ici. Ta vie est parfaite comme elle est, et t'es pas prête à accepter que ça change.