A flower, a question ~ Orion & Serehnia

Perdue dans les fleurs sauvages...

Les rêves avaient commencé depuis quelques jours, quelques semaines peut-être. Je commençais à perdre le fil de la réalité. J'avais besoin d'un peu de temps pour me retrouver, me ressourcer. C'était la seule chose dont j'avais besoin, l'unique solution logique, du repos. Et pour cela, j'avais mon jardin secret. Littéralement. J'avais découvert le champ de fleurs par hasard il y avait de cela quelques années. A l'époque aussi j'avais eu besoin d'un refuge, suite au décès de ma grand-mère. Elle avait été le centre de mon monde et, dorénavant, mon cœur était marqué par un vide qui semblait impossible à combler. Mon unique souvenir d'elle, c'était le pendentif qu'elle m'avait légué et que je portais tous les jours.

Alors, ce jour-là, j'avais bien évidemment repris le chemin du champ pour me vider l'esprit et mettre au clair ce qu'il y avait à clarifier, là-haut. C'était avec joie que je retrouvais mon vieil ami, laissant les fleurs caresser les paumes de mes mains. En plus d'en prendre pleins les yeux, l'odeur que les diverses fleurs sauvages diffusaient était incroyable. Je me fis la promesse d'y revenir plus souvent pour profiter de la splendeur et du calme du lieu. Je m'enfonçais de quelques dizaines de mètres dans les herbes hautes avant de m'arrêter et de m'allonger sur place. Je soupirais d'aise et fermais les yeux. J'étais enveloppée par la flore, invisible pour une personne extérieure, m'imprégnant de l'humidité de l'herbe contre moi.

Je me sentais rassérénée, en sécurité, le soleil chauffant avec douceur la peau laissée nue par ma robe champêtre. Au moins, j'étais raccord avec le lieu. Petit à petit, je sombrais dans un semi-sommeil. Il fallait dire que ce n'était pas étonnant vu le peu d'heures de repos accumulées ces derniers temps. Je somnolais quand ma conscience se mit en alerte. J'ouvris les yeux et essayais de comprendre pourquoi une sensation d'insécurité avait empli chaque pore de ma peau. Je n'étais plus seule. Sans m'en rendre compte, je me mis à retenir ma respiration, guettant le moindre son qui pourrait m'indiquer la position de l'envahisseur.  

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, la peur me tordait l'estomac. Je ne pouvais rester ainsi allongée sans rien faire où j'allais finir par faire une crise de panique. Dans quelle merde m'étais-je encore fourrée ? Putain, je ne pouvais pas réfléchir avant de m'aventurer aussi loin de tout sans escorte. Je commençais à m'imaginer que j'allais mourir ici, sans que personne ne le sût, sans même agir. Ce n'était pas possible, ce n'était pas mon genre de me replier ainsi sur moi-même. J'étais une tête brûlée et c'était d'ailleurs pour cette raison que j'étais en ce lieu. "Allo ?" me risquais-je tandis que je me relevais, m'appuyant sur mes mains pour me redresser et risquer un regard au-dessus des fleurs sauvages.

A Astrée, les jours défilaient tous les uns après les autres et se ressemblaient tous. Depuis qu'Orion se trouvait dans les lieux, à la suite du crash de son avion, il passait son temps à apprendre comment se battre. Les chasseurs étant tous contre les Vampires, ils se devaient d'élaborer des stratégies afin de les éradiquer de cet endroit. Alors, Orion cherchait ce qui pourrait devenir son arme de chasse. Et avouons le, il aimait beaucoup tirer à l'arc depuis qu'il prenait des cours avec l'un des autres chasseurs. Alors, il y mettait toute son âme, afin de pouvoir réussir à bien se défendre si jamais une attaque avait lieu dans les prochains jours ou prochaines semaines. Mais ce jour là, le jeune homme était victime de violents maux de tête. Il avait donc décidé de chercher un peu de calme et c'était pour cela qu'il se trouvait donc à parcourir les champs de fleurs sauvages de l'endroit. C'était un endroit qu'il trouvait vraiment très beau et qu'il appréciait pour son calme ambiant. Mais ce jour là, il avait l'impression que toute la Terre entière avait décidé de se liguer contre lui. Parce qu'il avait cette impression vibrante qu'il n'était pas seul dans cet endroit. Il ne saurait pas mettre de mot lui-même sur ce qu'il ressentait à ce moment là. Mais en tout cas, si son mal de tête avait finit par se calmer un peu, en marchant dans l'endroit, les maux s'étaient un peu ravivés. Il s'était donc un peu arrêté, pour reprendre un peu de force, avant de continuer son exploration, bien décidé à trouver ce qui lui provoquait cette douleur intense. Et ce n'est que lorsqu'il entendit une voix très indistincte qu'il se redressa, à l’affût du moindre bruit ou mouvement. Il remarqua alors du mouvement un peu plus loin et se dirigea vers la personne qui venait de se relever. C'était une très jolie demoiselle brune qui lui faisait face et Orion lui sourit alors, un peu méfiant. Peut-être était-ce un Vampire après tout ? Quoique ces derniers ne venaient que très rarement ici, puisqu'ils étaient sensibles aux fleurs qui peuplaient l'endroit. « Vous êtes perdue ? » Après tout, peut-être pouvait-il l'aider ?

Perdue dans les fleurs sauvages...

Je m'étais réfugiée au milieu des fleurs sauvages, à la recherche de tranquillité pour remettre mes idées en place. Et cela avait fonctionné, je m'étais même assoupie. Le repos fut néanmoins de courte durée alors qu'une sensation d'inconfort m'étreignait. J''étais persuadée que je n'étais plus seule. Téméraire comme toujours, je finis par me dresser au-dessus des herbes pour demander au potentiel intrus de s'identifier. Et il ne me fallut que peu de temps pour trouver la source de ma gêne. Il y avait bien quelqu'un, un homme qui semblait à peine plus jeune que moi et plutôt beau garçon. Seulement, je n'avais plus la tête à cela. Peut-être ne l'aurais-je plus jamais, ne pus-je m'empêcher de penser. Non, je ne pouvais pas me laisser guider ainsi par la négativité, ce n'était pas mon genre.

Je remarquais son sourire gauche tandis qu'il s'avançait vers moi, maintenant que j'étais debout. Je n'étais vraiment pas rassurée même s'il ne semblait pas menaçant. Je haussais un sourcil à sa question. Il sous-entendait que je n'étais pas à ma place, contrairement à lui. Pourquoi ? "Cela dépend du sens de votre question." répondis-je rapidement, trop rapidement certainement, n'ayant pas pris la peine de réfléchir que les mots avaient déjà traversé mes lèvres. Je me mordis l'intérieur de la joue, prise au dépourvu par ma propre franchise. "Pourquoi pensez-vous que je suis perdue ?" repris-je rapidement afin de détourner l'attention du jeune homme sur mon commentaire précédent.

Je croisais les bras sur ma poitrine, geste défensif bien involontaire reflétant pourtant mon manque de confiance envers le jeune homme. "Serehnia." finis-je néanmoins par me présenter, en tendant une main devant moi. Ma grand-mère m'avait appris qu'une poignée de main pouvait en révéler plus qu'une grande discussion sur une personne et, en ce moment, je n'avais pas grand chose de plus pour m'aider à cerner l'homme devant moi. 

Orion était bel et bien concentré sur la jeune femme qui se trouvait face à lui. Le jeune télépathe laissa le flot de pensées de la jeune fille venir à lui, sans même les repousser. De toute manière, il ne pouvait pas réellement lutter contre son don. Ce qui était étrange en réalité, c'était de voir un personne dans cet endroit, alors que normalement, personne ne se trouvait dans les lieux. Ou du moins peu de personnes. Et pas couché dans un tapis de fleurs, pour ne pas se faire voir. Il était donc presque sûr pour le jeune homme que la demoiselle était perdue. Ou bien peut-être se cachait-elle de quelqu'un ? Il arqua donc les sourcils face à la question de la jeune femme, en répondant alors, un peu sur ses gardes : « Peu de personnes viennent se coucher dans ses lieux généralement. Donc soit vous vous êtes perdue et vous avez abandonné tout espoir de retrouver un jour votre chemin, soit vous voulez vous cacher de quelqu'un ? » Après tout, tout était possible dans cet endroit. Surtout lorsque l'on était un chasseur aguerri comme Orion et que l'on connaissait donc l'existence des Vampires. Lorsque la jeune femme face à lui tendit sa main pour la lui serrer, Orion, toujours sur ses gardes, la serra avec force.« Enchanté. Moi c'est Orion. » Il lâcha alors la main de la demoiselle avant de planter son regard dans le sien, attendant tout de même des explications. Devait-il la ramener vers le camp des chasseurs ou bien cachait-elle quelque chose ?

Perdue dans les fleurs sauvages...

Où que j'allasse, je ne pouvais décidément pas être tranquille avec mes pensées. L'homme devant moi me paraissait suspicieux. De toute manière, on devait avoir à peu près la même tête, à se demander ce que l'autre foutait là. Je tiquais à ses suppositions, un sourcil se relevant pour montrer mon scepticisme. Il avait les idées bien arrêtées, dites donc. Néanmoins, je décidais de calmer le jeu, en commençant par répondre à ses interrogations. "Ni l'un ni l'autre, je trouve que le lieu est idéal pour réfléchir au calme. Se poser les bonnes questions." Je déclarais cela sans sourciller, mon regard ancré dans le sien. J'avais autant le droit que lui d'être ici, rien à cacher. Même s'il y avait bien des choses dont je ne préférais pas parler avec un parfait inconnu.

Poursuivant mon but d'apaiser la situation, je me présentais, lui tendant une main volontaire. Il l'empoigna avec force et je me forçais à ne pas montrer de réaction. Merde, il était fort... Bien plus que ce que son apparence pouvait laisser envisager. "De même." répondis-je sur le même ton. N'empêche que la question qu'il m'avait posée tournait également dans mon esprit à son intention et comptait bien le lui faire savoir. "Et vous alors, Orion, perdu ou en fuite ?" demandais-je innocemment même si, au vu de ses propos, cela m'étonnerait qu'il fut perdu. Cependant, pour ceux qui ne m'étaient pas proches, j'étais la fille naïve, superficielle, narcissique et un peu cruche. Pas de raison pour ne pas servir ce rôle à l'homme devant moi.

"Je devrais peut-être y aller" laissais-je couler, de plus en plus mal à l'aise. Je me sentais étonnamment mise à nue sous son regard perçant, comme s'il pouvait lire en moi. Mais ce n'était que mon imagination troublée par un enchaînement de nuits merdiques, voilà tout. Je ne pouvais, néanmoins, m'empêcher de le regarder en plissant les yeux, cherchant sur son visage un indice qui pourrait me permettre de mieux cerner l'inconnu devant moi. Possible allié ou danger ambulant ?

Il semblait que la jeune fille face à lui ne fasse pas confiance au jeune homme. Ou du moins, tout dans son apparence faisait penser à Orion que la jeune femme ne semblait pas en confiance, même si elle lui révélait qu'elle trouvait le lieux propice au calme. A vrai dire, même s'il ne le montrait pas, lui aussi n'était pas très à l'aise face à la demoiselle. Simplement parce qu'il ne l'avait jamais vu sur le camp des chasseurs. « C'est vrai qu'ici personne ne risque de vous trouver. » Et puis, elle était en quelques sortes en sécurité dans cette endroit, puisque les Vampires ne se sentaient pas réellement bien en présence de toutes ces fleurs. Dons s'il avait s'agit de l'un des leurs, elle ne serait pas encore là à se prélasser comme elle le faisait auparavant. Ils se présentèrent alors l'un à l'autre, et pour lui faire comprendre qu'il aurait l'avantage quoiqu'il arrive, il y mit de la force. Après tout, de part son entraînement de chasseur, il savait se battre. Bien sûr, il ne lui ferait pas de mal si la jeune femme ne faisait pas preuve de violence envers lui. Lorsqu'elle lui retourna la question, le blond leva un moment les yeux au ciel, cherchant la réponse approprié. Il n'était en rien perdu, puisqu'il connaissait plus ou moins bien les lieux, mais il ne cherchait pas vraiment non plus à fuir la compagnie de ses camarades chasseurs. « Disons que moi aussi j'avais besoin d'un peu de calme. Pour être honnête, je ne pensais pas tomber sur quelqu'un... » Il se décontracta un peu, en voyant la jeune femme face à lui lui dire qu'elle devait certainement y aller. Il lui offrit alors un léger sourire en coin, avant de questionner : « C'est la première fois que vous venez par là, n'est ce pas ? » Après tout, peut-être qu'il pourrait lui faire visiter les lieux un peu plus et pourquoi pas tenter de la faite intégrer le groupe des chasseurs. Ça valait peut-être un peu la peine, non ? « Je pourrait peut-être vous faire visiter un peu les lieux. Enfin, si vous le souhaitez, bien évidemment ? » Après tout, il n'allait jamais forcer qui que ce soit à faire quelque chose qu'il ne voulait pas...