Serehnia K.Duyên • Sometimes you win, sometimes you learn

Laissez-moi-vous raconter l’histoire de ma vie... En bref, hein. Il était une fois… Non, je plaisante ! Alors, tout a commencé lorsque mes parents se sont rencontrés, deux humains lambda sur une île mystérieuse du nom d’Haima. Ils s’aimèrent comme des fous, firent du tchic à tchic à boom boom et pouf ! Me voilà vingt-quatre ans plus tard ! Bon, assez plaisanté pas vrai ?

Xuan, mon père, est né sur l’île, ainsi que son père et le père de son père. En fait, nous ne savons plus réellement jusqu’où nous devons remonter dans la famille pour trouver la source.  Mon arrière-arrière-arrière grand-père est vietnamien, ce qui fait de mon père et moi les héritiers de cette culture. C’était un enfant sage, aimant ces parents et se montrant poli avec les autres habitants. En somme, mon papa est d’un ennui mortel mais qu’est-ce que je l’aime ! De plus, aussi loin que je me souvienne, je ne l’ai jamais entendu se plaindre sur la vie qu’il avait menée à Haima. Doooonc, je tiens ça de ma mère.  Je ne comprends pas comment elle peut avoir ce gène et me l’avoir transmis, de surcroît.  Je m’explique : ma mère est russe et, de ce que j’imagine de la Russie grâce à ses histoires quand j’étais petite, c’est un pays fier voire dictatorial qui n’a pas peur de rentrer dans le tas. Y a-t-il de la place pour des râleurs dans un pays comme celui-ci ? Je me le demande. Enfin, ma mère s’appelle Alyona. Même si c’est une râleuse, vous l’auriez compris,  c’est aussi une femme dévouée, intelligente et aimante. La quasi perfection quoi.

Ma mère est la miraculeuse rescapée d’un crash d’avion. Elle a été retrouvée sur une plage de l’île par la garde. Dans son ancienne vie, elle était infirmière. Ses compétences jugées utiles pour la communauté, elle a repris un poste similaire dans l’hôpital d’Haima et s’est vu offrir un logement de fonction pour débuter une nouvelle vie sur l’île. Je pense qu’elle était quand même nostalgique de sa vie précédente jusqu’à que, par hasard ou magie, elle rencontre mon père. Il était venu se faire recoudre aux urgences car il s’était ouvert en travaillant la terre devant la maison familiale des Duyên.  Le cliché : ils m’ont raconté que, dès que leurs yeux se sont croisés, ils sont tombés fous amoureux l’un de l’autre. Depuis cet instant, ma mère n’a plus jamais pensé à son passé. Ils ont passé des moments magiques puis, un beau jour de printemps, ma mère a appris qu’elle était enceinte.

Cependant, vous m’imaginez, moi, l’unique fruit expérimental d’une union improbable entre un vietnamien et une russe ? Eh bien, contre toute attente, mes parents n’ont pas fais n’importe quoi ! Je suis franchement canon ! (et un poil narcissique, vaniteuse et chi… casse –pompon). Jusqu'au début de mon adolescence, j'étais une petite fille tout ce qu'il y a de plus banale, aimant aider avec le bétail que l'on élève pour vivre. Mais après ça, je me suis découverte telle que je suis réellement et je n'ai plus peur de laisser ma vraie personnalité s'exprimer. Pour tout vous dire, je vogue dans la sphère modeste de la populace en quête  d’aventures épineuses qui me feront frétiller les sens. Par exemple, à l’âge de 16 ans, je me suis introduite en douce au Heaven pour découvrir le monde ! Je me suis retrouvée en porte-jarretelle et bas résille à danser pour les riches. J’ai gagné masse de pièces. Si ce n’est pas une preuve suffisante pour vous prouver que je suis une bombe atomique, je sais plus quoi faire ! Je m’assume sans culpabiliser et ça, c’est vraiment un très de caractère dont j’ignore l’origine. Mais maintenant, j’ai vingt-quatre ans, et j’espère bien m’assumer, avoir mon appartement (pour faire ce que je veux, comprendra qui voudra), un boulot qui me fait vibrer et pour lequel personne ne me supplantera.  J’ai donc décidé de postuler pour le poste de barmaid au Crépuscule, ce nouveau bar ouvert par Julian de Saxe. Il voulait un mec, mes atouts l’ont rapidement fais changer d’avis.

J'y ai fait ma place, vécu des aventures, bonnes comme mauvaises, dont une que j'aurais préféré ne vraiment pas me souvenir. Néanmoins, la vie a continué, j'ai fait des rencontres et lorsque des problèmes ont forcé Julian a quitté le navire, j'ai rassemblé mes économies et repris le bar. Ce n'est pas comme si les majeures absences de l'ancien propriétaire ne m'avait pas permis de me mettre dans la peau d'une dirigeante d'établissement. Puis, faut se l'avouer, je suis plutôt douée dans ce que je fais.