sympathy for the devil (alessandro)

Rares étaient les vampires à posséder l'accès au Seven Deadly Sins. Navire solitaire sur les eaux de l'illégalité, la maison close était faite de corps abandonnés d'esclaves humains, arrachés à la liberté par l'avarice de maîtres ne leur trouvant aucun attrait si ce n'était ce corps chaud et ce coeur battant. Abandonnés des leurs, laissés pour morts à l'extérieur, ils n'étaient plus que des corps, objets de plaisir au service des plus offrants, s'adonnant à d'immorales activités qui les rendaient ivres de plus. Tu ne pouvais pas croire un seul instant qu'ils désiraient vivre à l'extérieur, ou encore que cette liberté ne leur serait offerte à nouveau. Milo savait tenir votre bateau mieux que personne, ton rôle étant de trouver les clients pour savourer votre commerce sans risquer de le faire brûler par les gardiens d'Haima.
Au contraire de ton dégénéré de mari, amant depuis longtemps et seul homme à te posséder, tu vivais à l'extérieur plus souvent qu'entre les murs de votre paradis infernal. Tu vivais pour les Fairchild, jouant le rôle d'une noble discrète mais dure en affaires, loyale et observatrice - tu supportais assez mal la vie au palais, cependant, y préférant l'extase des nuits de fête et de débauche. Tu avais goûté aux plaisirs de chaque bar du village, mais celui que tu avais en affection se nommait Hell. Tu y avais trouvé toute l'extase que tu aimais, toutes les débauches qui te faisaient jouir. Tu t'y étais retrouvée si souvent que Milo te disait Infidèle à votre affaire, ne manquant pas te faire sourire.

Naturellement, l'idée d'offrir au directeur du Hell un passe-droit pour le Seven était née dans ton esprit. Il t'avait fallu plusieurs mois, cependant, pour te décider. Tu avais rencontré Alessandro, bien que vos échanges aient toujours été distants et courtois, comme deux prédateurs se jugeant d'un regard sévère. Tu avais pour lui - cependant - une certaine affection que tu ne t'expliquais que par vos traits communs. Tu ne doutais pas que vous pourriez devenir de bons amis, si l'un ou l'autre se décidaient à baisser la garde. Tu avais fait ce premier pas, par une lettre envoyée à son nom, à l'adresse du Hell.

Cher De Santis, Acceptez par la présente lettre, mon invitation exceptionnelle à vous rendre à (l'adresse) ce soir dés minuit. Vous y trouverez extase et plaisir. Être d'exception, il vous sera uniquement demandé de venir seul et de garder pour vous les secrets qui vous seront dévoilés. Bien à vous, OLI.

Tu attendais depuis, minuit prêt à sonner par la grande horloge se trouvant dans l'entrée du Seven. Tu étais là, habillée avec une nuisette transparente, te parant des mêmes attributs délectables que les putains que tu offrais aux clients. Tu ne t'offrais qu'à leur vue, ton corps était la seule propriété de Milo. Mais tu ne voyais pas raison à cacher tes formes ou ta féminité, la pudeur n'ayant jamais fait partie de tes qualités. Tu attendais, minuit sonna. Inspirant inutilement, te tournais vers la porte en bois, bien simple de l'extérieur, ouvrant sur le premier cercle infernal d'une vie de plaisirs. Tu souris, en la voyant s'ouvrir pour laisser entrer ton invité de marque. Bonsoir, Alessandro. J'aime un homme ponctuel. Commentas-tu, un sourire se frayant sur tes lèvres carmins. Et bienvenue au Seven Deadly Sins.

Les journées, les nuits, me semblent s'éterniser à un point que je ne croyais pas possible depuis notre arrivé en cet endroit morne et restrictif nous enchaînant à une nature que l'homme nous voudrait innée alors que ce n'est pas le cas. Cloîtrés dans leurs mensonges que sont tous ces buveurs de sang prétendant pouvoir se contenter d'une poche de sang stagnant ayant perdu tout l'intérêt de la pulsion l'engouffrant si appréciablement en nos gorges avides de plus en temps normal. La chasse n'est plus, le jeu, l'envie de voir jusqu'à quel point on arrivera à pousser la limite humaine avant qu'elle ne nous cède dans les bras parce qu'on fond nous savons tous que c'est ce qu'ils veulent. Ils ont le goût du risque, du changement, le besoin viscéral de sentir la morsure de la vie pour ne pas les forcer à noyer une misère imaginaire dans les tréfonds d'une bouteille d'alcool qui ne leur apportera comme seule libération que celle de leurs tripes qu'ils rendront dans la toilette à la fin de la soirée. Pathétiques bouts de viandes qui veulent se faire plaindre dans l'espoir d'obtenir gain de cause. Je peux comprendre la non envie de faire des nôtres la majorité d'entre eux, mais les empêcher de ressentir l'onde grisante de douleur leur perçant la chaire, l'extase de cette sensation donnant au corps l'impression de planer lorsque le sang doucement en vient à manquer... C'est les priver de plus de bonheur qu'il n'en trouveront jamais autrement, de même pour nous. Qui donc est réellement contenté dans toute cette histoire? Personne, mais le mensonge est si facile à fourcher la langue, la notion de ce qui est bien si imposée à l'esprit comme vérité absolue, que tout le monde fait mine que tout est parfait en ce monde merveilleux. Une île paradisiaque, quelques gouttes de sang, quoi demander de mieux? Il suffit de voir cette vermine grouillante et alcoolisée s'entassant dans le bar tous les soirs pour voir le vrai visage de ces être exécrables au sein desquels je dois disparaître comme le menteur que je n'ai jamais voulu être. Même si, comme tout le monde, je le suis sur la finalité à me mordre la queue comme une vipère qui se fait prendre à son propre jeu.

Puis arrive ce détail, cet infime détail, brisant le routinier des journées et attisant la curiosité d'une brise nouvelle. Une invitation à me rendre à une adresse précise que je ne semble pas connaître au contraire des initiales distinctives signant le tout. Un fin sourire arriva même à craquer ce masque de sérieux que j'aborde si aisément alors que je brûle la note au fond de ma corbeille. Ne jamais laisser de traces de quoi que ce soit est le mot d'ordre de toute chose. Laissant derrière-moi une bouteille de Rhum entamée et cette révoltante humanité donc les effluves me chatouille toujours de trop le nez, je me dirige vers l'adresse mémorisée. Un peu en avance, mais pas trop. Gardant un œil sur ma montre tandis que je m'approche de l'objectif à atteindre pour y découvrir une porte tout ce qu'il y a de plus normale me faisant froncer les sourcils. Qu'est-ce donc que cet endroit?

Minuit tapant. J'ouvre la porte afin d'entrer à l'intérieur, ne m'annonçant pas davantage puisque je ne sais réellement sur quoi ou qui je vais tomber. Au diable les bonnes manières semble-t-il et je ne le suis pas, je suis pire. Rapidement, mon regard croise celui de la rédactrice de l'invitation. Distinguant sans le moindre mal le ravisant des formes qu'elle ne cache en rien faisant contraste avec ce pantalon et cette chemise longs et noirs que j'aborde pour ma part. Ce n'est toutefois pas ce qui arriva à me soutirer un nouveau sourire. Plutôt Seven Deadly Sins. Le voici donc, ce premier pas dans la bonne direction qu'elle prend le paris de réaliser. Il semblerait que les nombreux mois passés à se jauger ait porté fruit après tout. « Bonsoir Oksana. J'aime une femme qui sait voir au-delà des apparences. » Dis-je simplement en m'approchant d'elle. « Merci de m'offrir cette chance de découvrir cet endroit de grand renom. Votre possession? »