Et si c'était un ennemi ? Un allié ? ~ Ace & Serehnia

Une fin d’après-midi au Crépuscule...

Le bar allait bientôt ouvrir pour une nouvelle nuit de folie… Pour les autres. Cela faisait des heures que j’avais la tête plongée dans le livre de compte. J’en étais persuadée : quelque chose clochait. Et je finirais par découvrir quoi. Mais probablement pas ce jour-ci. Pourquoi ? Parce que j’avais l’esprit ailleurs. Cela faisait quelques temps dorénavant que j’avais la sensation dérangeante d’être épiée. Peut-être que j’étais paranoïaque. En effet, il était possible que ma récente (re)découverte de l’existence des vampires sur notre île pas si tranquille que ça m’eût complétement maraboutée. Pourtant, j’avais beau essayé de me raisonner, l’impression persistait lorsque j’étais en extérieur ou dans un lieu public.

Les conditions firent donc que je fus surprise lorsqu’on toqua à ma porte. Enfin, surprise est un faible mot. J’étais plutôt au bord de la crise d’angoisse, un retour de bâton pour m’être également souvenue de tous les événements s’étant déroulés durant mon « amnésie involontaire et incomplète ». C’était l’expression, un peu longue certes, que j’utilisais pour décrire l’effacement de la mémoire effectué par Gabriel. Heureusement -ou pas-, son manque de volonté à triturer mes méninges m’a permis de me rappeler de tout. Bref, j’avais dû mécaniquement répondre d’entrer, ou l’individu n’en avait cure, mais l’image de la personne se tenant devant moi se forma finalement de manière nette dans mon esprit. Je soupirais de soulagement en découvrant Ace et remis une mèche de mon chignon fou derrière l’oreille pour reprendre contenance.

Une fois remise de mes émotions, je me levais rapidement pour le prendre dans mes bras. « Ace, bordel, ça fait longtemps. Je suis contente de te voir. » C’était presque trop chaleureux pour être naturel, même pour moi et ce, malgré notre passé commun plutôt olé olé. J’essayais de paraître normale, la Serehnia d’avant tout ça, mais les dernières semaines étaient en train de me rattraper. Je n’étais pas certaine de réussir à duper Ace aussi… On se connaissait bien et depuis un certain temps dorénavant… Enfin, c’est ce que croyais avant d’apprendre la vérité sur les vampires et de tout remettre en question, même, voire surtout, les personnes qui m’étaient le plus proches. Comme Ace. Et j’en étais vite arrivée à la conclusion qu’il faisait parti du clan des immortels. Cette pensée traversa mon esprit et je desserrais prestement mon étreinte pour faire quelques pas en arrière.

Et s’il me voulait du mal maintenant que je savais pour eux ? Il était dans l’armée, il pouvait très bien être là pour finir ce à quoi Gabriel avait échoué. Ces remarques fusaient dans mon esprit alors que je me dirigeais vers le mini-bar, toujours sans le quitter des yeux. « Tu veux boire quelque chose ? » demandais-je, en essayant de sourire innocemment. Je n’aurais pas dû, j’aurais dû garder l’esprit clair, mais je ne pus m’empêcher de boire cul sec le martini que je venais de me faire. Enfin, verres remplis en main, je me dirigeais vers le sofa dans l’angle de la pièce. « Qu’est-ce qui amène ton petit cul ici, Ace ? » interrogeais-je, le plus candidement possible, voulant trouver la véritable raison de sa présence ici.

Comme il travaille tard dans la nuit, au lieu de tourner en rond, Ace décide de prendre ce temps pour voir une vieille amie. Qui n’fut pas que ça à une époque, mais au vu d’son statut d’humaine libre, il était impossible de concevoir une relation plus sérieuse entre les deux. Ace a trop de secrets, même envers ses collègues vampires, alors il ne faut pas trop lui en demander. Le soleil n’est pas trop présent en ce nuageux après-midi, mais il prend garde de porter une longue cape qui lui tombe sous les mains, la capuche cachant une partit d’son visage avant d’prendre la route – majoritairement sous les arbres, afin d’profiter du plus d’ombre possible.

La route jusqu’au Crépuscule se fait tranquille, l’jeune vampire reçoit quelques regards curieux mais sans plus. Les humains s’affèrent à leur vie, qu’il prend tout de même la peine de regarder tout en marchant d’un bon pas. Majoritairement, il s’promène parmi eux une fois le soleil endormi pour la nuit, comme c’est le plus sûr pour lui – et il ne doit pas prétendre avoir une quelconque maladie au soleil. Lors d’ces moments, il peut en profiter pour discuter avec eux et en apprendre davantage, tout en les aidant dans des tâches quotidiennes. Le jour, tout est plus compliqué, et si son statut de sang-pur lui permet de passer du temps sous les rayons sans finir brûler avant un moment, il préfère éviter. N’pas faire exprès.

Une fois sur place, on te laisse entrer même si c’est fermé. C’pas la première fois qu’il vient voir Serehnia, même si ça fait un moment qu’il n’est pas passé. On l’informe qu’elle est dans son bureau, alors il s’y dirige tranquillement, maintenant qu’il n’a plus besoin de fuir le soleil. Le capuche rabattue sur ses épaules, il cogne contre le bois. Entre, quand elle l’invite. Sourit, quand elle lève la tête pour le regarder. « Ace, bordel, ça fait longtemps. Je suis contente de te voir. » dit-elle tout en se levant pour l’rejoindre et l’serrer dans ses bras. Il lui rend l’étreinte bien qu’il en reste surpris, mais n’dit rien à ce sujet. « Sentiment partagé. » dit-il doucement, n’bougeant que quand elle se recule de quelques pas.

Quelque chose dans ses yeux… Elle ne lui semble pas comme à l’accoutumée, mais avant qu’il ne puisse dire quoi que se soit, la brune se tourne vers le mini-bar. « Tu veux boire quelque chose ? » Tout en lui demandant, elle attrape un martini entre ses doigts fins et l’boit cul-sec. Il lève les sourcils, d’plus en plus alarmé par l’attitude de la jeune femme. « J’vais prendre la même chose que toi, s’il-te-plait. » qu’il demande en faisant quelques pas dans la pièce, observant curieusement la propriétaire.
« Qu’est-ce qui amène ton petit cul ici, Ace ? » demande-t-elle ensuite. « J’voulais passer un peu d’temps avec toi, comme j’t’ai délaissée dernièrement. L’boulet prend beaucoup d’mon temps. » Il croise les bras sur son torse alors, toisant plus sérieusement Serehnia. « J’dirais que c’un beau hasard parce qu’tu n’as pas l’air dans ton assiette. Qu’est-ce qui se passe avec toi? »

Une fin d’après-midi au Crépuscule...

J'avais l'esprit ailleurs, le cerveau embrumé. C'était avec surprise que j'accueillais Ace. Malgré la situation dans laquelle j'étais, je n'avais pu m'empêcher de ressentir une pointe de soulagement en le voyant. Pourtant, bien vite, je revins à la raison. Je le pris dans mes bras, découvrant avec regret que je ne m'étais pas trompée. Son cœur ne battait pas contre ma poitrine. Comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte lors de notre relation passée ? Il ne devait pas savoir que j'étais au courant. J'allais réellement devenir folle si ces satanés vampires jouaient de nouveau avec mes neurones. J'étais terrorisée à l'idée même qu'il pensât à faire une chose pareille.

Pourtant... je n'étais pas certaine de pouvoir lui cacher ce que je savais. Deux parties de mon être se battait afin de déterminer si la confiance que je lui portais était méritée, ou même juste suffisante. Afin de donner le change pendant que je prenais un semblant de décision, je décidais de nous servir des martinis avant de rejoindre le sofa. Je le scrutais tandis que je lui demandais pour quelle raison il était venu. Il était vrai qu'auparavant il avait l'habitude de venir de temps en temps, et on passait de francs moments de camaraderie. Dorénavant, j'étais devenue si paranoïaque qu'une partie de mon cerveau ne pouvait s'empêcher de tirer la sonnette d'alarme: et s'il me surveillait ? Notre relation remontait à avant, mais allez savoir, peut-être que ses supérieurs lui avaient confié cette mission en apprenant notre lien. Cela rendait les choses plus... pratiques.

« J’voulais passer un peu d’temps avec toi, comme j’t’ai délaissée dernièrement. L’boulet prend beaucoup d’mon temps. » "C'est vrai" dis-je, laconiquement, sans plus m'étendre. Cette réponse était si ambiguë que je me sentais presque frustrée. Et alors que ses bras se croisaient sur sa poitrine, je ne pus empêcher mon corps de se tendre. J'étais sur une corde raide. « J’dirais que c’un beau hasard parce qu’tu n’as pas l’air dans ton assiette. Qu’est-ce qui se passe avec toi? » Mon cœur loupait un battement. Quiconque me connaissait un minimum savait quand je jouais la comédie. Et c'était le cas pour Ace. "Je... C'est juste que... j'ai un soucis avec les comptes du bar et ça me prend la tête." bredouillais-je, même pas certaine de me convaincre moi-même. Je repris plus assurément: "Rien de bien grave, ne t'inquiète pas."

J'avais presque envie de me foutre des claques tellement j'étais pathétique. Ma vie pouvait en dépendre et je n'étais pas foutu de mentir avec conviction. Pas à lui, pas quand il me scrutait ainsi. Mes doigts s'entortillèrent, signe d'une nervosité croissante. Je n'allais jamais tenir. A ce rythme, il valait peut-être mieux que je fasse confiance à quelqu'un. Je risquais tout autant la folie à rester ainsi sur des charbons ardents. Je me sentais sur le point de craquer. Je me dis que boire mon martini pouvait être une bonne diversion mais sans que je ne m'en rendît compte, des larmes silencieuses commencèrent à couler sur mes joues. "Je suis en train de devenir folle, Ace..." murmurais-je, en me prenant la tête dans les mains, laissant mon potentiel ennemi échapper à mon contrôle, ne serait-ce que visuel.

En tant que soldat, Ace n’a pas eu le choix de mettre tous ses atouts en place. Ce qui implique bien des détails que certaines personnes, de prime abord, ne penseraient pas. Ce n’est pas qu’une question d’arme et de combat, car en vérité, la guerre n’est qu’une infime partit d’ce qui attend les soldats. C’est ce que l’on se souvient le plus, certes, mais il y les postes à pourvoir partout sur l’île – donc d’avoir un sens de l’analyse et de l’observation, ce n’est pas de trop. Encore moins quand cela concerne un être proche. Outre ses frères d’armes, Ace n’a pas une multitude de proches, étant donné qu’il a grandi dans le secret de ses origines. S’il connait, de loin, toute sa famille et leur entourage (ou presque), il n’en est rien d’eux. Alors il prend soin d’ceux qu’ils apprécient et qui le lui rendent bien. Notamment Serehnia, qui reste une bonne amie malgré votre passé.

La vérité, c’est qu’il a été plus facile pour Ace de mettre un terme à ce qui aurait pu se développer entre eux, plutôt que de bâtir une histoire sur un mensonge. Peut-être, au fond, que c’est la principale raison du pourquoi il n’a jamais eu de relations sérieuses. En plus d’être un soldat, il y a cette épée de Damoclès pendouillant très près d’sa nuque. Quoi qu’il en soit, les sentiments de la brune sont importants à ses yeux, ainsi qu’sa joie – qu’importe comment elle la trouvera. En ce moment, elle semble être tout, sauf bien et heureuse. « Je... C'est juste que... j'ai un soucis avec les comptes du bar et ça me prend la tête. Rien de bien grave, ne t'inquiète pas. » Une part d’lui ne croit aucune d’ses paroles, mais il décide néanmoins de jouer le jouer. Il ne peut pas, après tout, lui arracher de force la vérité. « Ça semble pourtant plutôt sérieux, au vue d’ton inconfort. Je suis loin d’être un comptable, mais en parler aide parfois à mettre le tout en perspective. » Il choisit des mots qui peut autant sous-entendre les comptes du bar, qu’un problème plus sérieux.

Acceptant le martini, le soldat en prend une lente gorgée sans quitter la femme des yeux. Cette dernière semble couver un secret, il en est de plus en plus convaincu. Étant un grand mystérieux lui-même, c’est plus facile pour lui d’apercevoir quand on lui ment. Mais il attend, jusqu’à ce que Serehnia, d’un coup, voie son visage inondé d’eau. Ace fige, alors qu’elle cache son visage trop tard entre ses mains. « Je suis en train de devenir folle, Ace... » Trop vite il dépose son verre contre la table basse, avant de s’approcher pour poser ses mains par-dessus les siennes, penchant son visage de façon à être vis-à-vis du sien malgré qu’il soit encore caché de ses doigts. « Alors cesse de me mentir, dis-moi ce qui se passe, Sere. Tu sais que je vais toujours être là pour toi, pour t’aider, sans jugement. » Son ton est à la fois doux et ferme, pour qu’elle le voit sérieux, sans précipitation. Qu’elle prenne le temps qu’il faut pour parler, tant qu’elle sache qu’elle peut le faire avec lui en toute sécurité.

Une fin d’après-midi au Crépuscule...

Il était là, dans mon bureau, debout dans toute sa prestance vampirique. Cela sautait aux yeux maintenant que je le savais... Maintenant que j'étais au courant de leur existence. Tout me paraissait plus clair, plus logique. Sauf... Sauf ce qui s'était passé il y avait de ça plusieurs semaines et cette récente impression de plus en plus oppressante. Je n'étais pas bonne actrice, je parvenais à berner ceux qui ne me connaissaient pas, jouant les idiotes narcissiques à la perfection mais dès lors que la personne en face de moi n'était pas un inconnu... Ça se compliquait. Et c'était bien pour cette raison que je ne pouvais duper Ace. Je l'avais déjà senti lorsque je l'accueillais avec une joie feinte mais sa suspicion était d'autant plus claire tandis que je prétextais un problème financier.

Il m'avait tendu une perche, je le connaissais bien assez également pour le remarquer. Étais-je réellement prête à lui faire confiance ? Pas sûre. "Cela peut venir d'un problème d'inventaire, d'une erreur dans les bons de commande, d'un trou dans la caisse, etc. ... Ou tout ça à la fois." prétextais-je, sans grande conviction. Il y avait vraiment un soucis dans les comptes mais si je ne parvenais pas à en éclaircir la source, c'était bien parce qu'autre chose m'occupait l'esprit. Je ne pouvais continuer à me tracasser ainsi, seule dans mon coin. J'avais besoin de soutien, de savoir que quelqu'un veillait sur moi. Mais était-il le bon "être" à qui demander ça ? Si je ne me trompais pas sur la situation, il valait mieux un vampire pour répondre à un vampire.

Avant même que je ne m'en rendisse compte, mes larmes s'échappaient en flot inconstant de mes paupières fébriles, laissant des sillons salés sur mes joues. Incapable de regarder en face le vampire que j'avais si apprécié par le passé, mais aussi honteuse de me laisser ainsi aller devant lui, je me couvrais le visage de mes mains tremblantes avant de lui avouer l'état mental dans lequel je me trouvais dorénavant. Le froid m'envahit lorsque ses doigts se posèrent sur ma peau. Instinctivement, je m'étais reculé à son contact, apeurée. Maintenir une distance de sécurité semblait dérisoire vu qu'il s'agissait d'un vampire, mais au point où j'en étais psychologiquement parlant, il ne fallait pas chercher une raison logique à mon comportement.  

"Comment veux-tu que je te crois Ace ? Tu m'as menti tout ce temps toi aussi ! Je sais ce que tu es !" l'accusais-je en le pointant du doigt, acculée contre le dossier du divan. Je n'avais jamais été aussi peu confiante envers moi-même mais surtout envers toutes les personnes que je pouvais rencontrer ou connaître. Je le jaugeais du regard, essayant de lire en lui, de découvrir ses intentions cachées, s'il en avait. "Je sais que tu es un vampire, clarifiais-je avant d'ajouter, et ne t'avises pas de t'approcher de moi pour effacer ma mémoire comme ton collègue la dernière fois."

J'étais sur la défensive, sur le qui-vive, prête à bondir à toutes menaces bien que, inconsciemment, je savais que je n'y pourrais rien s'il décidait de m'attaquer. En conséquence, mon palpitant dansait la samba dans ma poitrine et mes mains étaient de plus en plus moites. Merde, j'allais finir par faire une crise cardiaque à ce rythme-là. C'était Ace devant moi, l'évidence était devant mes propres yeux mais j'étais incapable de voir l'homme gentil que je comptais parmi mes plus proches amis il n'y avait pas si longtemps de cela. "Comment pourrais-je encore te faire confiance alors que c'est à cause de ton... "espèce" que je suis en train de devenir folle, Ace ?" demandais-je tout de même, révélant partiellement le fond du problème.

Jouer le jeu, laisser la belle vivre ses émotions. Elle n’est qu’à moitié complète, son visage trahissant un inconfort constant. À aucun moment le jeune vampire ne pense que c’est causé à cause de lui, bien qu’il se doute que la raison qu’elle lui donne n’est pas la réelle cause de son trouble. « Cela peut venir d'un problème d'inventaire, d'une erreur dans les bons de commande, d'un trou dans la caisse, etc. ... Ou tout ça à la fois. » Ace hoche doucement la tête, lui offrant un sourire qu’il souhaite rassurant. « Ça te fait plusieurs choses à analyser. Je peux m’offrir pour que cela soit plus rapide, si tu le souhaites. » dit-il, en sachant pertinemment qu’ils ne prendraient pas place sur un divan pour se pencher sur ce problème. Ou bien, si ce problème est également réel, il ne sera pas la priorité.

Son instinct ne lui mentait pas, ni sur le fait qu’il connait suffisamment son ex-amante pour savoir qu’un souci plus grand lui pèse lourdement sur les épaules. Il n’veut que la rassurer, mais alors qu’il s’avance pour la toucher dans un geste délicat, elle se recule comme s’il l’avait brûlé. Surpris, il garde ses paumes levées dans sa direction, ne voulant pas l’effrayée davantage… sans comprendre le brusque changement. Après tout, elle l’a accueilli avec une étreinte. « Comment veux-tu que je te crois Ace ? Tu m'as menti tout ce temps toi aussi ! Je sais ce que tu es ! » Voilà une situation, une révélation, à laquelle il n’est pas préparé. Le monde tangue un instant autour de lui, alors qu’il peine à voir l’doigt tendu dans sa direction. « Je sais que tu es un vampire, et ne t'avises pas de t'approcher de moi pour effacer ma mémoire comme ton collègue la dernière fois. » Ajoute-t-elle, et avec cette nouvelle phrase, il est impossible pour lui de faire comme si de rien n’était. « Nous n’avons pas la possibilité d’être franc avec les humains à ce sujet, Sere. » qu’il répond finalement, d’une voix qu’il veut douce et apaisante.

Il voudrait lui dire tant de choses, afin de la rassurer, de lui faire comprendre qu’il n’avait pas d’autre choix. Comme il n’a jamais pu révéler à qui que ce soit qu’il n’est pas un vampire comme les autres. Il est l’héritier des Lightwood, titre qui, à la longue, l’a rendu excellent menteur. Mais pour l’heure, surtout face à cette humaine à qui il est attaché plus que de raison, il ne peut pas mentir. « Comment pourrais-je encore te faire confiance alors que c'est à cause de ton... "espèce" que je suis en train de devenir folle, Ace ? » Il lui brûle la langue l’envie de lui demander exactement ce qui lui est arrivé, de quel autre gardien elle parle, mais avant tout, il souhaite lui prouver qu’elle peut lui faire confiance. « Parce que ce mensonge est la principale raison du pourquoi je ne me suis pas permis d’aller plus loin avec toi. Mentir sur ce que l’on est à une amie, une amante, c’est une chose, déjà pas facile, mentir à la personne aimée, alors qu'on se doit honnêteté… je te jure que je n’aurais pas pu. » Et l’aimer, il l’a fait, préférant se détourner d’elle, la laisser se détourner de lui, plutôt que de se battre pour la garder à ses côtés. Pour lui, c'est important d'être franc, vrai, sur toutes les facettes et comme il ne peut pas, il préfère ne pas s'attacher - jamais complètement, ou juste pour un temps. « Je sais que ce n’est pas la meilleure explication ou raison, mais c’est la vérité. Je comprends que tu te sentes trahie, je prendrais le temps qu’il faut pour regagner ta confiance. Mais crois-moi, je ne veux pas te faire du mal. Je veux t’aider, comprendre ce qui t’es arrivé. » Il espère qu’elle lui ouvrira la porte, juste un peu, juste assez pour qu’il puisse s’y glisser – et être là pour elle plus que jamais.

Une fin d’après-midi au Crépuscule...

Une fausse raison, une fausse explication. Il le savait, j'en aurais mis ma main à couper. Si lui pouvait reconnaître que je trouvais une excuse, j'étais de mon côté en mesure de savoir que je ne le dupais pas le moins du monde. J'allais craquer, tout lui avouer alors que je m'étais promise de ne pas faire une chose stupide après tout ce qu'il m'était arrivée à proximité des vampires. Néanmoins, je ne pouvais pas me tromper. Une épée de Damoclès était au-dessus de ma tête et menaçait de tomber à chaque instant. Je n'étais rien face à elle si elle décidait de s'en prendre à moi. J'avais besoin d'aide. Je n'avais tout simplement pas le choix. Notamment parce que, en toute honnêteté, mon esprit était sur le point de vriller.

Alors sans même faire attention à la façon dont mes mots sortaient de ma bouche, je m'épanchais, lui balançant ses quatre vérités. Et franchement, j'en avais rien à foutre de leur foutue règle. "Ça ne vous gène pas de vous servir de nous à votre guise, notamment comme garde-manger ambulant, par contre" lâchais-je vindicativement, la mâchoire serrée. Certes, Ace n'avait jamais eu un seul geste déplacé envers moi, bien au contraire, mais devais-je être moins prudente pour autant ? Continuer à lui faire confiance ? J'avais des doutes à ce sujet et lui en fit part. C'était une belle déclaration, peut-être trop même. Je fis un geste vague de la main, comme si cela n'avait pas d'importance. Cela en avait, j'avais toujours tenu Ace en haute estime mais... Je n'étais pas disposée à accepter ses explications.

De toute manière, cela avait toujours été clair entre nous. Une relation sexuelle, sans rien de plus. C'était tout ce qu'on avait à s'offrir. Chacun pour des raisons différentes... Et quelles raisons pour lui, apparemment. Un reniflement de dédain m'échappa à la suite de sa tirade. "Du temps ? Bordel, Ace, j'suis même pas sûre d'en avoir. laissais-je tomber nerveusement, en me levant pour faire les cent pas dans mon bureau. Elle m'espionne, je le sens, je le sais." ajoutais-je lourdement, sans pour autant en dire plus.

Je commençais à me sentir oppressée, l'impression que les murs se rapprochaient de moi, menaçants, s'amplifiait. Mettre des mots sur la situation, en parler, ne m'aidait pas. Vraiment pas. Comme si je précipitais ma chute en dévoilant mes pensées à Ace. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Il ne se contenterait pas de si peu, maintenant que j'avais ouvert les vannes. Je n'étais pas certaine non plus de pouvoir arrêter le flot discontinu de paroles qui sortait de ma bouche. "Elle me surveille, celle qui m'a droguée. Puis violée avant de m'abandonner à une mort certaine. Je sens son ombre au-dessus de moi, prête à s'abattre sur moi. A se demander pourquoi j'ai été sauvé si c'était pour ne même pas effacer correctement mes souvenirs, bordel."

Pas un regard pour Ace durant mon monologue et ce n'était qu'à la fin que je m'étais permise de respirer, à bout de souffle. Au fond de moi, je préférais me souvenir de tout, ça m'énervait même que ces foutus vampires se permettent de jouer avec nos tête. Mais tout de même... Je continuais encore quelques instants mes allers-retours, triturant mon pendentif sans m'en rendre compte. J'essuyais rageusement une larme qui perlait sur ma joue, première d'une lignée. J'étais sur le point de m'effondrer, de montrer une partie de moi qui n'avait jamais eu lieu d'être dans notre relation passée. Je me laissais glisser contre le mur, sans plus parvenir à respirer. Merde, j'étais en train de faire une crise d'angoisse.

Devant Ace, un vampire, qui plus était. Cela faisait quelques semaines dorénavant qu'elles étaient revenues, se déclenchant toujours de manière inattendue, implacable. Mes mains tremblantes s'accrochèrent à mes cheveux, tentant de retrouver un semblant de calme. "Elle va me tuer." murmurais-je en relevant les yeux pour les planter dans ceux du gardien.