Le nouveau dans la cour ♦ Nevhan

Te contorsionnant devant ton miroir pour pouvoir observer chaque parcelle de ton dos, tu constates sans grande surprise qu'en plus d'avoir mal tu as un bleu ou deux qui sont apparus depuis la nuit dernière et des griffures peu profondes mais vraiment pas élégantes. Ton client n'y est pas allée de main morte, semble-t-il, et à présent ton dos il est loin d'avoir la couleur de ta peau laiteuse de manière uniforme – fait chier. Ça a toujours le don de t'agacer parce que c'est mauvais pour le business, de ne pas avoir le corps en parfait état à chaque rendez-vous. Il faut dire que ça a tendance à déplaire aux clients de découvrir de telles traces sur son corps, voire ça en rend certains plus violents – complexe d'infériorité ou possessivité idiote, sans doute. Qui plus est tu n'aimes pas voir ton corps marqué par un autre que Milo, surtout qu'il est le seul à être vraiment doué dans ce rôle – bien que tu n'aies aucune objectivité à ce sujet. Tu n'en as jamais lorsque cela concerne ton sauveur, en réalité, mais qu'importe. Pour l'instant tout ce que tu vois c'est que ton dos a une sale tronche, ce qui est une bonne raison pour aller faire un coucou à Siobhan qui joue les médecins pour le Seven depuis son arrivée et avec qui tu n'as jamais vraiment pris le temps de discuter. T'as cru comprendre qu'il ne faisait pas que de la médecine ici, mais jouait aussi aux courbettes et à la réalisation des exigences de vos clients parfois. Persuadée que ce n'est pas un petit nouveau de son genre qui peut te faire de l'ombre ici, tu n'en aurais sans doute rien à faire si tu ne savais pas que cela impliquait un essayage par Milo. Tu pourrais bien le détester pour cela, le nouveau venu, mais comme il fait bien son travail et se montre utile pour la maison close, t'as décidé de passer outre. Après tout, Milo les essaie tous et toutes – le plus important c'est qu'il ne retienne que toi.

Tee-shirt remis par-dessus ton soutien-gorge, tu réajustes par habitude ta jupe avant de sortir de ta chambre. Couloirs traversés, tu ne mets pas longtemps à rejoindre la pièce où travaille Siobhan lorsqu'il ne partage pas les draps de clients. La porte est entrouverte, si bien que tu ne penses pas à toquer et entres directement. Sourire satisfait aux lèvres en constatant qu'il est seul et donc qu'il peut tout à fait t'aider sans te faire attendre. « Salut Siobhan. » Tu t'embêtes rarement à être formelle avec tes collègues, voire jamais – il n'y a que tes clients qui ont droit à ce privilège, ou les possibles vampires importants dont Milo te donne le nom pour que tu veilles à ne pas déraper en leur présence. « J'suis Nevae, j'suppose que tu l'sais déjà. » Mais tu te rpésentes quand même au cas où, même si tu serais vexée qu'il ne sache pas déjà qui tu es. Par contre le vouvoiement c'est niet, t'y trouves pas d'intérêt dans tes relations avec les autres humains qui travaillent ici, même ceux arrivés le plus récemment. Siobhan en fait partie, si bien qu'aujourd'hui c'est la première fois qu'il te soigne – jusque là vous vous croisiez seulement dans les couloirs, et tu souriais quand tu y pensais. « J'ai besoin de toi. J'ai le dos de toutes les couleurs à cause d'un client, t'as pas des crèmes ou des baumes pour que ça disparaisse plus vite ? Et un truc contre la douleur aussi. » Parce que les vampires et leur force surnaturelle c'est sympa en théorie, mais en pratique ça finit souvent par mettre à mal tous les muscles de ton corps. Et même si tu t'y es habituée avec le temps, t'es jamais contre un cacheton qui t'évite de grogner de douleur quand tu t'tournes dans ton lit pendant ton sommeil. Plus t'y penses et plus tu te dis que ton dos il ressemble à un tableau : petits hématomes bleus ou verts, griffures rougeâtres, suçons entre l'écarlate et le brun. « Ah et j'crois que j'ai un bleu à la cuisse aussi, » ajoutes-tu en relevant ta jupe assez haut pour qu'la tâche oscillant entre le jaune et le vert soit visible par le pseudo-médecin – ou médecin dans une autre vie, peut-être, tu t'es pas encore renseignée. T'as pas de mal à montrer ton corps blessé, de toute façon t'es pas pudique comme nana – faut dire que vu ton boulot. Et puis à dire vrai, tu trouverais un peu con que Siobhan le soit sachant qu'il n'est pas gardé ici que pour ses talents de médecin. M'enfin, au pire il râlera, c'est pas si grave. « Ça va toi ? Tu t'plais au Seven ? » qu'tu demandes avec un sourire tandis qu'il s'met au travail, parce que discuter ça fait passer le temps et que ça ne vous ait jamais arrivé depuis qu'il est là.